Lorsque nous interrogeons les pratiques d'accueil et d'éducation des jeunes enfants mises en œuvre dans les crèches ou chez une assistante maternelle, cela revient toujours à se demander pourquoi les choses sont faites ainsi. Et force est de constater que souvent, nous avons perdu le sens de certaines de ces pratiques qui, malgré tout, continuent d'exister. C'est le cas pour les transmissions, celles que nous faisons chaque soir aux parents et celle que nous attendons d'eux chaque matin. Devenue routinière, obligatoire et ritualisée, cette façon de procéder semble rassurer certains professionnels, et sans doute aussi quelques parents. Mais qu'apporte-t-elle réellement, quelle est sa valeur ajoutée au bien-être de l'enfant ? C'est le sens de ce dossier, qui propose de réinterroger la pratique en la mettant en rapport avec la réalité vécue par le tout-petit.

Bébé, qui es-tu ? / Laurence Rameau
L'échelle de Brazelton est un outil au service de la relation parents-bébé / Amandine Deschamps
L'observation du bébé dans son milieu familial, selon Ether Bick / Virginie Carlier
L'analyse de pratiques, un outil pour mieux comprendre les bébés / Marie-Paule Thollon-Behar
Accompagner les pleurs de protestation d'un bébé dans un système de référence / Margot Violon, Magalie Auclair

À la suite de recherches sur les capacités interactives des bébés, le pédiatre américain Thomas Berry Brazelton a développé dans les années 1970 une échelle d’évaluation des compétences du nourrisson appelée Neonatal Behavioural Assessment Scale. Composée de plusieurs items, elle met en lumière les compétences du nourrisson dès les premiers jours de vie et donne des indications au sujet de ses vulnérabilités éventuelles, ce qui encourage ses parents à réajuster leur accompagnement. Pendant la passation, tous les participants sont observateurs et acteurs. Cette échelle peut contribuer également à la prévention précoce des troubles de l’attachement et des possibles difficultés développementales du bébé. Séverine Fajnkuchen, infirmière puéricultrice dans un service de soins en périnatalité, présente cet outil, qu’elle utilise dans la prise en charge qu’elle propose aux familles. [Présentation de l'éditeur]

L'enfant a besoin, pour grandir et se projeter vers l'avenir, de comprendre le monde qui l'entoure. Tant qu'il vit en huis clos avec son parent, par exemple lorsqu'il est gardé à la maison, il ne perçoit pas de différence puisqu'il n'a pas d'autres modèles. Mais il peut être marqué par l'incidence des troubles parentaux de l'un de ses parents.

Façonner un enfant roi ou accompagner un enfant prince ?
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Les professionnels connaissent l'importance d'offrir aux enfants des possibilités de découvertes et d'expérimentations au sein d'environnements riches et variés, mais aussi leur besoin de repères, de régularité pour se construire en toute confiance. […] Réfléchir à la place du tout-petit dans son environnement, la rendre visible en occupant l'espace public par ces sorties qui participent à son développement citoyen, ceci engage notre responsabilité à tous, et particulièrement celle des professionnels de la petite enfance

La place des familles au sein des établissements d'accueil du jeune enfant est une question récurrente dans le domaine de la petite enfance, quel que soit le type de structures. Aujourd'hui, il s'agit même de l'un des enjeux majeurs pour les équipes éducatives. la mise en place de différents outils, méthodes, savoir être et savoir-faire, tels que l'écoute, la disponibilité, le soutien à la parentalité, y participe au quotidien et se trouve à la base d'une relation de confiance, de séparations sereines, de l'épanouissement et du bien-être de l'enfant, des familles et des professionnels.

Travailler en collectivité d'accueil de la petite enfance confronte les professionnels à toutes sortes de particularités et étrangetés parentales qui permettent d'arborer le champ de la différence perceptive, sociale et éducative. Dérangeant, insolite ou mésestimée, cette diversité comportementale mérite toute notre attention professionnelle pour nous mener à adopter une démarche encline à la compréhension et non à la discrimination.

L’enjeu de la coparentalité pose la question de la prévention dans le domaine de l’éducation, qui est au cœur de la problématique des violences éducatives ordinaires. Par une approche environnementale et psychoéducative, cette mission mobilise en premier lieu chaque professionnelle dans une dynamique d’ouverture et de compréhension pour accompagner les familles concernées.

Depuis les années 2000, la mission parentale a évolué et la parentalité n’est plus réduite au simple fait d’être parent. En effet, il est dorénavant de la responsabilité des parents d’éduquer, mais également de stimuler les capacités motrices et cognitives de leur enfant. Un rôle qui fait écho au fait qu’“on ne naît pas parent, on le devient”, phrase soulignant, à juste titre, la complexité de cette mission. Dans ce contexte, les professionnels des structures collectives ont, en plus de la place qu’ils occupent dans l’accompagnement des jeunes enfants, un rôle tout aussi essentiel auprès des parents.