"...Si le travail fait souffrir...que peut-on en dire ? Est-ce une manière de signifier la mise à mal de l'institution, qui vient elle-même davantage faire décompenser certaines fragilités ? Et, lorsque le travail fait particulièrement souffrir, ne vient-il pas aussi actualiser des conflits psychiques préexistants ? Et que se joue-t-il lorsqu'il est le lieu d'un évènement potentiellement traumatique ? A l'inverse, que permet-il de restaurer, voire de réparer, de sublimer ? Enfin, au-delà de ces états de faits, quel sens a la plainte pour chacun ? Que vient-on chercher en travaillant dans telle ou telle institution, en exerçant tel ou tel métier ? Comment amener le sujet à dépasser cette plainte et à l'accompagner vers une élaboration possible, lui permettant de trouver sa place de sujet responsable de ses actes ? C'est ce à quoi s'attachent les psychologues cliniciens du personnel des hôpitaux qui ont collaboré à ce dossier."

"A travers le cas de Solal, deux professionnelles, une psychologue et une éducatrice, rendent compte ici d'une pratique conjointe menée dans un centre d'action médico-sociale précoce spécialisé (CAMSPS). Elles assistent ensemble à l'accès d'un sujet autiste au lien social."

Prise entre le désir de s'individuer et l'angoisse terrifiante d'être engloutie par sa mère, Lou, adolescente de 15 ans, suit un cheminement entre anorexie et boulimie, avant de se voir devenir "sujet"

" Une maladie grave chez l'enfant affecte l'ensemble de la famille et l'inscrit dans une temporalité qu'elle détermine. Vont être alors en interdépendance, le vécu, les mécanismes intrapsychiques de défense et d'adaptation et les résistances de chacun de ses membres. C'est dans cette dynamique de fonctionnement individuelle et contextuelle que va se situer l'intervention du psychologue. "

Si la normalité est du côté de la pleine santé, qui est-on pour soi-même et pour les autres quand le cancer a creusé un sillage ? [...] Avoir le sentiment d'être entouré, étayé par les autres, les proches, les soignants, et si cela ne suffit pas ou n'est pas possible, la rencontre d'un psychologue est un recours qui devrait presque être un réflexe, une fuite vers un lieu sécure. Aux psychologues alors de garantir pour chacun l'existence d'un espace hors du temps et des traitements, un espace pour retrouver le fil de sa pensée, le fil de son histoire et des liens qui comptent quoiqu'il advienne. Il s'agira bien d'accueillir la personne en demande de soutien dans le respect de sa propre manière d'interpréter la maladie, tant psychiquement, bien sûr, que dans une temporalité, plutôt que dans le désir qu'elle s'en saisisse pour remettre en chantier ses traumas antérieurs ou qu'elle s'approprie des comportements opérants.

Considéré à la fois comme malade et délinquant par la loi de 1970, le toxicomane, avant d'être jugé, après ou pendant son passage en milieu carcéral, est soumis à une obligation de soin par décision des juges, qu'il soit atteint on non de trouble psychiatrique grave. Problème éthique, problème de légitimité, peut-on trouver une voie acceptable pour contourner l'ambiguïté et le conflit entre justice et soin.

Commençons dans ce dossier un travail de réflexion avec les psychologues, les psychiatres et les infirmières qui vont déjà à la rencontre des personnes précaires et qui leur apportent un soutien [...] Laissons leur exprimer comment se tisse le lien avec ces sujets et comment s'organise également le lien entre les professionnels-psychologues, travailleurs sociaux, infirmier, et médecins- pour faire équipe et lutter contre les difficultés institutionnelles maintes fois évoquées. Car continuer à s'occuper des plus démunis, assurer la pérennité des dispositifs et la survie des équipes, reposent peut-être ici plus qu'ailleurs sur l'engagement combatif-on pourrait presque écrire" militant- et la ténacité des volontés individuelles.

"Ce dossier se propose d'explorer les effets que l'exercice de la psychothérapie produit sur celui qui la pratique, le principe actif qui l'alimente dans la durée, les dispositifs qui l'accompagnent dans ses déploiements clinique et déontologique. Il présente également les données inédites d'une enquête internationale qui analyse de l'intérieur, ce qui, subjectivement, aide le psychothérapeute à travailler dans la solitude de sa rencontre avec le patient singulier"[

"Le dossier de ce mois, centré sur l'évaluation telle qu'elle se généralise, est une réflexion, mais aussi une forme de mise en garde-parmi d'autres-devant la relégation au second plan de la pensée, si nécessaire dans nos secteurs d'activité pour rendre compte, justement, de la complexité de l'être humain, pour tout simplement travailler entre professionnels et avec les "usagers". Les contributions des différents auteurs appellent aussi à un renouvellement des pratiques et à faire de la réflexion de chacun l'outil de travail princeps plutôt que de s'en remettre à la normalisation. Céder à cette tendance serait en quelque sorte se démettre de son travail, privilégier la forme sur le fond et rendre tellement transparentes nos pratiques qu'elles en seraient vidées de leur sens"

"Se rendre en tant que psychologue au domicile des personnes en fin de vie confronte à une expérience professionnelle difficile à double titre : à la fois par l'inéluctable du pronostic létal, mais aussi dans l'obligation de créer et recréer le cadre des entretiens. Quelle place maintenir quand l'insititution ne fait pas cadre ? Comment ne pas se laisser assaillir par les émotions? Que penser de la distance à installer pour se protéger et soulager la famille en souffrance?