Vous êtes étudiant, professionnel, enseignant, documentaliste, chercheur en travail social ?
Accédez ici à tous les outils de PRISME vous permettant de chercher de la documentation et de suivre une veille documentaire spécialisées dans le secteur des sciences sociales et de l'action sociale.
Cet article porte sur l’élaboration et la mise en œuvre de la réforme de la police au Liban depuis le retrait des troupes syriennes du pays en 2005. Il met en évidence la manière dont cette réforme ainsi que le transfert du community policing ont produit plusieurs concurrences entre différents types d’acteurs, aussi bien entre les bailleurs de fonds internationaux qu’entre les acteurs libanais. Inscrit dans les débats relatifs aux transferts de modèles et de référentiels policiers, il établit un lien entre la traduction de ces modèles et la concurrence : différents acteurs policiers se sont en effet alignés sur des modèles divergents de policing prônés par les bailleurs de fonds internationaux, les uns défendant un hard policing, les autres une police désarmée. Ces traductions/ concurrences ne sauraient pourtant cacher l’existence de convergences autour du community policing comme moyen de lutter contre la « radicalisation » islamiste, lui-même porteur de nouvelles traductions.
Moins nombreuses que les hommes sans domicile, moins souvent évoquées dans la littérature académique portant sur l’exclusion ou sur le genre, moins repérables dans les représentations sociales et très peu souvent sans-abri, les femmes sans domicile sont relativement invisibles. Cet article combine des analyses qualitatives et quantitatives pour comprendre, dans une perspective de genre, les trajectoires de ces femmes et leur prise en charge institutionnelle. Les femmes sans domicile sont exposées à des formes spécifiques de violences, structurantes dans leurs trajectoires de vie, mais bénéficient également de formes de protection particulières via une prise en charge institutionnelle différente de celle des hommes. Ces violences et ces formes de protection sont fondées sur le genre, qui constitue donc à la fois un facteur de vulnérabilité et de protection pour les femmes sans domicile.
Article de Yves CARTUYVELS, Gaëtan CLIQUENNOIS, Sonia SNACKEN, et al.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 38, n° 4, pp. 395-521.
Mots clés : Droits de l'homme, Prison, Contrôle, Administration pénitentiaire, Institution, Union européenne, Jurisprudence, Santé, Accès aux soins, Démographie, Sévice corporel, Dignité, Détention provisoire, Intimité, Relation familiale, Maintien du lien, Éducation, Formation, Discipline, Magistrat, Sanction pénale, Association, Recours, Contentieux, CONSEIL DE L'EUROPE, COUR EUROPENNE DES DROITS DE L'HOMME, COMITE EUROPEEN DE PREVENTION DE LA TORTURE, FRANCE, BELGIQUE
L'ambition de ce numéro spécial est de s'intéresser au développement du contrôle institutionnel et judiciaire européen et national, ainsi qu'aux articulations actuelles entre les structures européennes et nationales de contrôle. On portera également le regard sur la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme et des tribunaux et cours administratives, sur l'activité contentieuse des associations protectrices des droits de l'homme, de même que dans la mesure du possible, sur les réponses données à celles-ci par les ministères de la Justice et les administrations pénitentiaires.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 38, n° 3, pp. 259-284.
Mots clés : Placement, Adolescent, Stigmatisation, Foyer de l'enfance, Institution, Discrimination, Établissement social et médicosocial, Violence institutionnelle, GOFFMAN (ERVING)
Pour une société, la prise en charge d'individus qui ne rentrent pas dans le cadre de ses schèmes normatifs est d'une intense et perpétuelle complexité : nombre de personnes sont ainsi orientées dans des espaces clos n'ayant qu'une porosité réduite avec le monde extérieur. Le placement en institution médico-sociale (qui représente un de ces espaces clos) est une profonde source de stigmatisation qui implique des logiques de production pour ceux qui en sont les acteurs volontaires ou pas, et des logiques de gestion pour ceux qui la subissent. À partir d'une observation incognito dans un IMPro (Institut Médico-Professionnel), cet article tente de montrer comment la stigmatisation prend forme dans la vie sociale d'adolescents placés. Il mettra également l'accent sur les ressources dont ils disposent pour contrecarrer les effets du stigmate et protéger leur identité sociale.
Cet article est issu d'une recherche consacrée à l'analyse de l'expérience de la formation aux métiers pénitentiaires de travailleurs handicapés. Il montre comment l'entrée de personnes handicapées dans le champ professionnel pénitentiaire français révèle un ordre social et professionnel dominant élaboré en réaction aux relégations dont souffrent cette institution et ces personnels. Il explore les gestes institutionnels qui contribuent à placer les travailleurs handicapés à la marge ou tentent de les assimiler et analyse les gestes individuels de reproduction. Il replace enfin ces gestes institutionnels et individuels dans une logique défensive face à la faiblesse des positions sociales de l'administration pénitentiaire française et de ses métiers.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 37, n° 4, pp. 509-531.
Mots clés : Violence, Armée, Institution, Organisation, Légitimation, Sociologie, TURQUIE
L'objet de ce papier est d'étudier la formation à la violence effectuée dans les casernes turques, en amont de l'expérience combattante, afin de tester l'hypothèse selon laquelle les violences exercées et subies à l'intérieur de l'institution peuvent, par la suite, permettre aux soldats d'endurer la violence des combats. Dans une première partie, nous montrerons que les conscrits de l'armée turque en situation de non-guerre sont confrontés à une violence interne à l'institution militaire qui symbolise la mort par la violence. Nous montrerons, dans une seconde partie, qu'en contexte de guerre, la confrontation réelle avec la mort impose une reconfiguration institutionnelle face à la violence. En effet, il découle de la situation de guerre, une disparition progressive du sentiment de peur, une habituation et une distanciation vis-à-vis des atrocités de la violence guerrière chez les appelés. Parallèlement, les violences internes, qu'elles soient horizontales ou verticales, s'atténuent et sont redirigées vers un ennemi commun.
Article de Isabelle JOING, Jacques MIKULOVIC, Gilles BUI XUAN
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 36, n° 1.
Mots clés : École, Violence, Établissement scolaire, Vie institutionnelle, Organisation, Institution, Pratique professionnelle, Oralité, Écrit, Évaluation, Différence, Stigmatisation, Questionnaire, Sociologie, PARADOXE, FRANCE, NORD
L'objet de la présente étude est d'identifier le fonctionnement des institutions scolaires françaises (leurs modes de penser et d'agir) afin de mieux comprendre les problématiques qui touchent profondément l'école et notamment celle de la violence. 26 collèges publics du Nord ont participé à l'étude. Les résultats mettent en évidence quatre paradoxes de fonctionnement qui semblent empêcher les institutions scolaires d'avancer dans leur lutte quotidienne contre la violence.
Ce dossier participe d'une réflexion sur l'entité « Etat » comme instance de régulation des déviances, et plus particulièrement sur les mécanismes qui font que certaines personnes ou groupes de personnes en viennent à se considérer et/ou à être considérés comme « déviants », et sur le large spectre des médiations qui s'opèrent entre « étiqueteurs » et « étiquetés » (du service à la coercition en passant par la discipline) : il s'agit ici d'ethnographier l'Etat dans sa dimension de contrôle, et donc par là également d'ethnographier le pouvoir. L'observation directe des interactions entre agents de contrôle et acteurs civils confère d'emblée au pouvoir une dimension dynamique et relationnelle. Sans définition a priori, celui-ci est appréhendé à travers ses modalités routinières d'exercice - et notamment à travers les processus d'étiquetage de catégories « déviantes ». C'est en effet dans les manières de faire (Certeau et al., 1990) d'agents étatiques mandatés pour exercer des actions contraignantes ou coercitives, mais aussi dans les manières de (dé)faire que mettent en ouvre les populations visées par le contrôle, que l'Etat prend corps, existe et se donne à voir.
Cette contribution interroge, à partir d'enquêtes conduites dans les lieux d'enfermement pour demandeurs d'asile et migrants en situation irrégulière en Autriche et en République tchèque, le rôle de ces espaces dans la production des catégories du « réfugié » et du « clandestin ». L'observation ethnographique de la situation d'entretien entre agents de l'Etat et migrants détenus est envisagée ici comme un moment particulier permettant d'appréhender les processus de catégorisation, par l'institution, des migrants détenus, mais aussi les modes de contournement ou de réappropriation par les migrants des catégories normatives qui fondent l'ordre institutionnel en détention.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 34, n° 3, pp. 299-324.
Mots clés : Prison, Travail, Sociologie, Détenu, Loi, Droits de l'homme, Droit du travail, Pouvoir, Institution, Administration pénitentiaire, Protection sociale, Vie institutionnelle, Discipline, Précarité, Droit social, NORMALISATION, BELGIQUE
En considérant l'univers carcéral comme un microcosme reflétant, de manière exacerbée, les rapports de force présents au sein de la société, nous nous poserons la question des raisons de l'absence de législation relative au travail des détenus alors qu'il existe, en Belgique, une loi conférant droits et devoirs aux reclus depuis 2005 - loi qui, dans ses travaux préparatoires, prévoyait l'octroi d'une sécurité sociale pour les personnes incarcérées. Dans une approche foucaldienne, nous envisagerons le travail comme enjeu de pouvoir et tenterons, d'une part, d'éclairer ce qu'il apporte aux personnes incarcérées et à l'institution pénitentiaire et nous essaierons, d'autre part, de comprendre le sens de l'absence de législation en la matière et les analogies possibles entre travail intra-et extra-muros.