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Article de Sophie Fierdepied, Aurélien Ribadier, Hélène Romano
Paru dans la revue Psychotropes, vol. 29, n° 1, 2023, pp. 25-51.
Mots clés : Toxicomanie-Addictions, Automutilation, Adolescent, Addiction, Traumatisme, Violence, Corps
Peu d’études françaises contemporaines se sont intéressées aux problématiques d’auto-blessures chez les adolescents dans une perspective addictologique. Cette recherche qualitative exploratoire inspirée de la grounded theory est réalisée auprès de huit jeunes reçus dans une Maison des Adolescents (MDA). Nous tentons de comprendre les nombreuses fonctions de cette conduite, ainsi que les spécificités des jeunes qui les pratiquent mises en perspective avec les fonctions retrouvées dans les pratiques addictives. Les jeunes rencontrés ont vécu des événements traumatogènes. Ils sont fragilisés sur le plan narcissique et identitaire et bouleversés par le processus pubertaire. Les auto-blessures, comme les conduites addictives, remplissent une fonction traumatolytique, de neutralisation, d’évacuation des affects non représentés qui s’expriment via le corps.
Paru dans la revue Psychotropes, vol. 29, n° 1, 2023, pp. 75-87.
Mots clés : Toxicomanie-Addictions, Détenu, Prison, Addiction, Prise en charge, Hypnose
Les personnes incarcérées apparaissent comme présentant une situation sanitaire plus fragile que la population générale. Plusieurs événements majeurs ont permis des avancées dans la prise en charge sanitaire des détenus et plus particulièrement des problématiques addictives. Pourtant, la prise en charge des addictions en milieu carcéral reste un sujet tabou qui évolue difficilement. Alors, face à ces patients en demande de soin, comment envisager une prise en charge ? Nous exposerons le contexte sanitaire carcéral et son évolution puis les difficultés cliniques que rencontrent les psychologues dans cette clinique auprès des consommateurs de substances psychoactives en détention. Nous expliciterons la pertinence d’une prise en charge par l’hypnose pour construire une relation thérapeutique, explorer le corps enfermé dans l’addiction mais aussi dans ce milieu clos et enfin, nous ouvrirons la réflexion sur la fonction de substitution de la transe hypnotique. Nous illustrerons nos propos avec un cas clinique tiré de notre expérience en détention.
Une étude menée par un système de santé intégré californien Kaiser Permanente tente de corréler l’état de santé d’environ 18 000 adultes à dix types d’épreuves négatives subies durant l’enfance. Les résultats mettent en évidence un lien fort entre le nombre d’épreuves différentes subies et la dégradation d’indicateurs de santé, 10, 20 ou 30 ans plus tard. Une centaine de publications traitant thématiquement d’un trouble de la santé rapporté aux épreuves adverses (cancers, troubles psychiatriques, conduites addictives, IST, etc.) constitue le corpus premier de ce travail et cette méthodologie qui font désormais référence au niveau international. Le présent article en propose une introduction.
Article de Claude Marie Côté Dion, Jenny Lee Gagnon, Marie Josée Letarte, et al.
Paru dans la revue Psychotropes, vol. 28, n° 3-4, 2022, pp. 165-190.
Mots clés : Toxicomanie-Addictions, Addiction, Alcoolisme, Drogue, Parents, Compétence, Soutien à la parentalité, Québec
Cette étude vérifie si différentes caractéristiques des parents et de leur famille prédisent l’évolution de la supervision, de la discipline et de la chaleur ou affection, chez des parents ayant une addiction à l’alcool ou aux drogues, au cours de leur participation au programme d’entraînement aux habiletés parentales (PEPH) Cap sur la famille (Laventure et al., 2018). L’échantillon est composé de 29 parents ayant une addiction à l’alcool ou aux drogues ayant un enfant âgé entre 6 et 12 ans. Les résultats des régressions linéaires à rebours montrent que l’âge, l’état de santé psychologique (anxiété et irritabilité) et le problème de consommation des parents prédisent l’évolution de leurs pratiques chaleureuses au cours du PEHP. Les résultats montrent que l’anxiété prédit 15,2 % de la variance de l’évolution de la supervision lacunaire. Plus le parent présente un état psychologique anxieux avant le programme, moins il améliore sa supervision durant le programme [...].
Alors que le tabagisme est la première cause de morbi-mortalité évitable en France et qu’il tuera prématurément un fumeur régulier sur deux, il est possible de s’interroger sur le bien-fondé de respecter la liberté de fumer, surtout dans un lieu de soin comme l’hôpital, premier lieu d’accueil des dommages sanitaires et des complications du tabac.
Après le développement du projet « hôpital sans tabac », puis « lieu de santé sans tabac », après avoir facilité la substitution nicotinique dans des objectifs de réduction ou d’arrêt de consommation, la persistance ou l’opposition de certains fumeurs hospitalisés ou travaillant à l’hôpital font se demander ce qui sous-tend ces pratiques et positionnements au-delà du comportement addictif.
Paru dans la revue Psychotropes, vol. 28, n° 3-4, 2022, pp. 87-99.
Mots clés : Toxicomanie-Addictions, Traumatisme, Addiction, Émotion, Psychothérapie, Thérapie, CSAPA
Les liens qui associent les conduites addictives et les antécédents de psychotraumatismes font partie des évidences cliniques pour les praticiens qui travaillent auprès de personnes souffrant d’une conduite addictive. La fréquence et la prégnance des troubles émotionnels liés à des traumatismes psychiques est une donnée régulièrement rapportée parmi les facteurs qui favorisent, voire déterminent l’abus de drogues et les addictions (Fidelle, 2009 ; Aderhold, 2013). Si cette corrélation est à présent corroborée par de nombreuses études épidémiologiques et cliniques, elle est encore insuffisamment prise en compte sur le plan thérapeutique et constitue un enjeu majeur des accompagnements des personnes qui sollicitent nos dispositifs (CSAPA, CAARUD…).
Article de Géraldine Tapia, Béatrice Perez Dandieu
Paru dans la revue Psychotropes, vol. 28, n° 3-4, 2022, pp. 57-86.
Mots clés : Toxicomanie-Addictions, Addiction, Traumatisme, Thérapie
Le TSPT coexiste souvent avec d’autres troubles psychiatriques, notamment avec le TUS (Simpson, Rise, Browne, Lehavot, & Kaysen, 2019). Cette comorbidité complique souvent la prise en charge de ces troubles surtout que l’apparition concomitante de l’un augmente la sévérité de l’autre (Stewart, Pihl, Conrod, & Dongier, 1998). Jusque-là, les quelques études portant sur l’EMDR dans la comorbidité TUS/TSPT ont démontré son efficacité sur les symptômes post-traumatiques mais plus rarement sur les symptômes de l’addiction (Tapia, 2019). Cet article défend l’idée que la thérapie des schémas de Jeffrey Young (Young, 1994) serait être tout à fait indiquée pour traiter les patients souffrant de cette comorbidité. L’objectif de cet article est donc de démontrer l’intérêt d’utiliser un protocole thérapeutique intégratif qui combinerait la thérapie des schémas et un outillage EMDR chez des patients souffrant d’un trouble de l’usage comorbide d’un trouble de stress post-traumatique. En attendant l’émergence de recommandations thérapeutiques validées pour cette population, nous avons tenté de proposer quelques recommandations de pratiques cliniques basées sur les données scientifiques existantes.
Paru dans la revue Psychotropes, vol. 28, n° 3-4, 2022, pp. 45-56.
Mots clés : Toxicomanie-Addictions, Traumatisme, Violence, Addiction, Diagnostic
L’actualité médiatique bouleverse notre société : la dénonciation des abus sexuels subis dans l’enfance, les violences conjugales, l’errance des enfants placés, etc. Ces violences dénoncées libèrent la parole de ceux qui peuvent parler. Nous décrirons ici des modes d’usage spécifiques des patients qui utilisent les produits pour survivre à leurs traumatismes et donc les particularités cliniques des patients psychotraumatisés en addictologie. Ces symptômes du psychotraumatisme peuvent être déroutants pour les professionnels dans leurs accompagnements. Les résistances sont doubles : celle des spécialistes en addictologie dont la formation aux psychotraumatismes n’est pas établie, celle des patients qui n’ont pas identifié ou eu la possibilité de verbaliser la répercussion psychique de l’exposition à de tels événements. À partir d’une pratique de soins dans un service d’addictologie et d’une équipe mobile (EMTCA) dédiée à l’accompagnement des troubles des conduites alimentaires, nous proposons une aide au repérage des psychotraumatismes intriqués dans des conduites addictives.
Paru dans la revue Psychotropes, vol. 28, n° 3-4, 2022, pp. 29-44.
Mots clés : Toxicomanie-Addictions, Addiction, Émotion, Cerveau, Psychologie du développement, Jeune enfant, Attachement, Mémoire, Traumatisme, Psychothérapie
Les addictions peuvent être comprises comme une stratégie de régulation des émotions. Nous nous intéresserons dans le présent article à la manière dont les capacités de régulation émotionnelle se construisent au niveau du développement cérébral. Nous exposerons les grandes étapes et les grands principes du développement cérébral précoce, en nous focalisant particulièrement sur l’impact des 1000 premiers jours de vie, dont les neurosciences ont mis en lumière l’importance capitale dans la construction de la régulation émotionnelle. À partir des connaissances portant sur l’attachement et la mémoire traumatique, nous décrirons l’impact des expériences traumatiques survenant au cours des 1000 premiers jours, et en quoi ces expériences peuvent représenter un facteur de vulnérabilité aux comportements addictifs ultérieurs. Nous prendrons l’exemple du Lifespan IntegrationTM afin d’illustrer comment il est possible de traiter la mémoire traumatique très précoce et, ainsi, d’améliorer la régulation des émotions chez une personne souffrant d’un trouble de la personnalité borderline, d’une dysrégulation émotionnelle massive et de comportements addictifs importants (alcool, cannabis, boulimie).
Le trouble lié au jeu d’argent (TJA) a d’importantes répercussions dans la vie de l’individu qui en souffre, mais aussi dans celle des membres de son entourage, dont spécifiquement au niveau conjugal. En raison de leur nature complexe, les impacts vécus par les conjoints ont été le plus souvent explorés à partir d’observations cliniques tenant compte uniquement du point de vue du joueur pathologique (JP) ou uniquement du point de vue du conjoint. Des études tentant de dresser des parallèles entre les perceptions du JP et celles de son conjoint font toutefois souvent état de divergences importantes entre les perceptions des deux membres du couple. L’objectif de la présente étude était de documenter, sur le plan qualitatif, les divergences et les convergences de perceptions entre des JP et leurs conjoints quant aux impacts relationnels/conjugaux subis par ces dernières en raison du TJA. Le discours de JP (n = 22) et de leurs conjoints.es (n = 22) a été analysé. Les résultats ont révélé de nombreuses divergences entre les perceptions des deux groupes, notamment sur la nature des impacts identifiés, l’importance qui leur a été accordée, et la manière de décrire ces impacts. Les limites de l’étude et de nouvelles avenues de recherche sont aussi discutées.