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Paru dans la revue Revue française de sociologie, tome 56, n° 4, octobre-décembre 2015, pp. 697-733.
Mots clés : Justice-Délinquance, Procès, Justice, Juridiction pénale, Décision de justice, Maladie, Soin, Santé, Individualisation
Cet article interroge l’intégration d’une approche sanitaire dans les décisions judiciaires à travers l’analyse des procédés par lesquels justiciables, magistrats et avocats mobilisent des événements de santé au cours de procès pénaux. À partir d’observations conduites pendant un an dans les trois sections d’une chambre de comparution immédiate et de la constitution d’une base de données issue de ces observations (n = 290), nous montrons que la maladie est un registre d’exploration pour les magistrats qui, poursuivant une logique d’individualisation de la peine, incitent les justiciables à révéler un « problème de santé ». Ceux qui révèlent être malades sont ensuite systématiquement questionnés sur leur engagement dans une prise en charge médicale. Les analyses de régression font apparaître que cette dernière détermine fortement la sanction pénale. Les justiciables engagés dans une démarche de soins sont « protégés » de la prison tandis que ceux qui ne se soignent pas y sont plus souvent directement conduits à l’issue de leur procès. Ces résultats et l’analyse des procédés argumentatifs par lesquels ces « problèmes de santé » sont mobilisés au cours des débats d’audience mettent en évidence les attentes à partir desquelles les juges construisent leurs décisions, qui prennent la forme de trois impératifs normatifs pesant sur l’ensemble des justiciables et conduisant à une surincarcération des plus désaffiliés d’entre eux, parmi lesquels les malades qui ne se soignent pas.
Cet article a pour objet les relations de travail à l'hôpital et pour thèse que la mobilisation collective n'est pas que contestataire mais peut être aussi consensuelle. Pour étayer ce propos, les formes de mobilisation contestataire sont d'abord recensées dans l'univers soignant et différents facteurs sont examinés pour expliquer leur rareté empirique. La soumission (de classe, de genre, etc.) ne peut à elle seule rendre compte de la modération des conflits à l'hôpital. La dimension symbolique du service public et la dimension pratique du care, pertinentes dans ce cadre, jouent un rôle ambivalent. L'examen des contextes organisationnels permet alors de développer une argumentation pour expliquer le « silence » des infirmières, en identifiant des modalités et des conditions d'une dynamique de mobilisation que nous appelons consensuelle : la coopération intense dans certains services, les campagnes participatives pour la qualité des soins, la coordination interprofessionnelle autour de projets ad hoc et l'effet d'entraînement de représentations pratiques nées de mobilisations (consensuelles) antérieures. Autant d'éléments au coeur du travail soignant qui participent à créer une adhésion à une activité professionnelle pénible et utile, même si ces responsabilités locales ne font que reposer au plan général la question du périmètre d'action des soignantes à l'hôpital.
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 51, n° 1, pp. 39-60.
Mots clés : Relation d'aide, Concept, Travail social, Émotion, Soin, Altérité, Empathie, Distance, Subjectivité, Sociologie, Enquête, Entretien, Théorie, Recherche en sciences sociales, Différence, Attitude, Chercheur, Relation travailleur social-usager, Assistant de service social, Service social, CARE
Dans le contexte actuel de restrictions budgétaires qui affectent le travail social, la mise en visibilité des compétences émotionnelles et relationnelles des assistantes et assistants sociaux (AS) à fin de reconnaissance sociale constitue un enjeu central aux plans politique, économique et, ce qui est l'objet de cet article, méthodologique. Notre méthode pour mettre au jour leurs compétences invisibles, sous le terme de care, repose sur la mise en confrontation de deux types de cadrage dans la gestion des émotions que suscitent les bénéficiaires du social. En utilisant comme boussole la charge émotionnelle à laquelle nous étions exposées lors de l'observation d'interactions entre professionnel(le)s et bénéficiaires, nous avons fait apparaître, lors d'entretiens de co-interprétation, des pratiques invisibles du travail social. Nous montrerons que c'est l'écart entre les émotions de profanes et l'action des professionnel(le)s qui permet d'explorer le care institutionnel et, ainsi, de construire une sociologie du care.
Article de Geoffrey PEARSON, Patrick BOUHNIK, Caroline JEANMART, et al.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 32, n° 3, pp. 235-390.
Mots clés : Drogue, Toxicomanie, EUROPE, Sociologie, Consommation, Cannabis, Héroïne, Politique sanitaire, Soin, Évolution, Contrôle, Criminalité, Délit, Violence, Trafic de drogue, Sanction pénale, Répression, Réduction des risques, Prévention sanitaire, Statistiques, ROYAUME UNI DE GRANDE BRETAGNE ET D'IRLANDE DU NORD, BELGIQUE, FRANCE, ALLEMAGNE, ITALIE, BRESIL, CANADA, AMERIQUE LATINE, EUROPE