Article de Clément Bosqué
Paru dans la revue Forum, n° 169, octobre 2023, pp. 34-41.
Mots clés : Travail social : Établissements, Pratique professionnelle, Éthique, Théorie, Management, Philosophie, Établissement social et médicosocial
Il est des activités auxquelles la pensée se refuse. Il est des Boèce que Dame philosophie ne daigne visiter. Il en est ainsi, puisqu’il faut le nommer, du « management ». De ce mal-aimé, on peut dire au moins ce que Hegel disait des paysages de montagne : « es ist ». Il y en a. Et il y en a dans les organisations de soin et sociales. La mission de ces structures devrait suffire à faire de « l’éthique » managériale une évidence ; elle n’y est souvent qu’un slogan : les situations de malaise, de souffrance voire de maladie sont là pour le rappeler. Mais le paradoxe est plus profond. Qu’est-ce que le management, sinon une modalité de relation entre êtres humains ? Ne fût-ce qu’à ce titre, ne devrait-on pas s’attendre au développement de l’éthique appliquée, à des rapprochements multiples et fructueux de la théorie et de la pratique – à l’image des liens qui se tissent, ici et là, entre « soin » et « philosophie », soignants et penseurs du soin, ici et là ? Tout indique, au contraire, entre la pensée et l’action, une mutuelle défiance. En résumé, alors que le management, particulièrement dans les structures accueillant les plus fragiles, devrait être un « haut lieu éthique », il brille par son obscurité ; il apparaît comme un angle mort, un lieu bien davantage investi par les mots d’ordre que saisi et habité par la pensée.
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Article de Marie France Callu
Paru dans la revue Forum, n° 169, octobre 2023, pp. 20-28.
Mots clés : Travail social : Métiers, Éthique, Droit, Épistémologie, Coopération, Philosophie, Morale, Bioéthique, Déontologie
Le droit et l’éthique semblent, a priori, antinomiques et relever de champs disciplinaires éloignés l’un de l’autre. Ce serait oublier combien ces deux sciences ont de points communs et, surtout, comment elles s’enrichissent l’une l’autre en permanence.
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Article de Khalid Boudarse
Paru dans la revue Dialogue, n° 241, septembre 2023, pp. 79-94.
Mots clés : Enfance en danger-Protection de l’enfance, Éthique, Morale, Valeur, Norme sociale, Vulnérabilité, Estime de soi, Protection de l'enfance, Responsabilité, Culpabilité, AEMO, Travailleur social, AED, MJIE, Posture professionnelle, Philosophie, Ricoeur (Paul)
En visant une modélisation conceptuelle, cet écrit théorique aborde la vulnérabilité du professionnel de la protection de l’enfance à travers le prisme de son éthique. Dans une dynamique socioculturelle parfois trouble, ce professionnel fait face à la vulnérabilité des familles mais aussi à la sienne propre. Nous soutenons qu’il est fragilisé par un contexte qui altère fortement le déploiement du triptyque qui forme la base de ses actions socio-psycho-éducatives – orientation scolaire spécialisée/soins psychiques/placement. Comment alors s’estimer soi-même comme personne et comme professionnel en évaluant ses actions à l’aune d’une visée éthique pour le moins contrariée par des normes porteuses de nouveaux idéaux ? L’auteur conclut l’article en soulignant le risque de culpabilité que le professionnel peut endosser, à tort. Il plaide enfin pour une éthique à la fois prescriptive, armée de concepts philosophiques, et réflexive, enrichie par les rugosités du terrain, afin d’aborder de front les nouveaux antagonismes qui s’emparent du champ de la protection de l’enfance.
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Article de Noëlle Portets, Jean François Dupeyron
Paru dans la revue Empan, n° 111, septembre 2018, pp. 37-43.
Mots clés : Enfance-Famille, Vulnérabilité, Féminisme, Éthique, Care, Philosophie, Enfant, Film
Une approche féministe nous amènera à questionner le concept de vulnérabilité dans son lien à celui d'autonomie et d'autosuffisance, en le situant dans un contexte social, économique et politique contemporain. De la lecture de plusieurs auteurs sur cette thématique, nous ferons émerger notre hypothèse : elle sera de considérer que la vie tient d'une tension constante entre d'agir et vulnérabilité, exposition à la blessure et normativité. Afin d'expliciter cette approche, nous suivrons une histoire : celle d'une "toute petite fille" (La Pivellina), de Patti, qui va accueillir cette enfant en situation de vulnérabilité, et de son entourage. Dans cette situation se trouvent mis en pratique un accueil, une éthique du care, à l'écoute d'une l'enfant, dans un moment donné de son histoire. Puis nous conclurons par des propos du philosophe Jean-François Dupeyron s'attachant à penser les liens entre enfant "tendre" et vulnérabilisation.
Article de Edmond Marc, Christophe Pacific, Walter Hesbeen, et al.
Paru dans la revue Santé mentale, n° 224, janvier 2018, pp. 19-79.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Soin, Psychiatrie, Affectivité, Émotion, Relation soignant-soigné, Psychanalyse, Amour, Cadre thérapeutique, Philosophie, Empathie, Altérité, Écoute, Carence affective, Attachement, Traumatisme, Posture professionnelle, Démence sénile, Éthique
N'est-il pas paradoxal, voire provocateur d'accoler tendresse et psychiatrie ? Pourtant, comment envisager de soigner sans s'engager émotionnellement ? Alors que le soin se construit essentiellement via la relation soignant-soigné, la tendresse s'inscrit comme tonalité au lien thérapeutique. Pour le soignant, oser puis parvenir à se montrer "tendre" requiert un travail sur soi et constitue en quelque sorte une éthique de la sollicitude.