Le champ éducatif est le lieu de malaises divers et différenciés, que la confrontation se produise face au handicap et à la mésadaptation ou face au secteur « normal ». Il est des malaises déstabilisants voire régressants ; l’action éducative n’y résiste pas et s’y avère gravement empêchée. Il est en revanche des malaises structurants et dynamisants ; l’action éducative s’y déploie et y trouve une efficacité. Le dépassement des premiers et la performance des seconds appellent des lieux de parole, de retour et de questionnement qui tendent à cerner ce qu’il en est de l’implication de l’intervenant.

Il s’agit ici de signaler que l’écriture, qui est une mise en lettres des mots auxquels on songe, fait toujours coupure dans la routine de la parole. Cela peut servir aux éducateurs qui sont trop pris par l’urgence répétée et ne savent pas comment, à plusieurs, en réduire les excès.

À partir de la référence freudienne quant à l’impossibilité de la fonction éducative, nous développerons la thèse que nous sommes passés, par la somme de protocoles et d’aménagements techniques, à un empêchement du cœur de la relation entretenue avec les personnes que nous prenons en charge. L’orientation psychanalytique des institutions et la psychanalyse personnelle des acteurs de ce champ permettent d’envisager une issue. La dimension éthique de nos actes prend là toute son importance.

Il n’y a sans doute que de bonnes raisons pour se donner l’occasion de réfléchir à nos métiers, à leur sens, à leurs contraintes aussi. Celle des cinquante ans du DEES a cet avantage de nous amener à considérer l’écoulement du temps et ses effets sur les réalités éducatives et nos positionnements professionnels. Comment penser l’articulation de l’acte éducatif aux modalités de lien social d’aujourd’hui ?...