Article de Jeanne Ganault
Paru dans la revue Revue des politiques sociales et familiales, n° 149, 2023/4, pp. 15-35.
Mots clés : Lien social-Précarité, Genre, Inégalité, Homme, Femme, Salarié, Organisation du travail, Autonomie, Conditions de travail, Temps, Aménagement du temps
De nombreux travaux rendent compte d’inégalités persistantes entre hommes et femmes salariés sur le marché du travail. Les inégalités d’autonomie temporelle, c’est-à-dire de libertés dans l’agencement de leur temps de travail rémunéré, restent en revanche méconnues. À partir des enquêtes Conditions de travail de 2013, 2016 et 2019 et de 38 entretiens réalisés entre 2019 et 2021 auprès de salariés, cet article examine les écarts d’autonomie temporelle entre femmes et hommes et leurs déterminants. Toutes choses égales par ailleurs, une femme salariée a moins de chances qu’un homme de pouvoir modifier ses horaires de travail, s’absenter librement et ne pas subir de contrôle de présence, ce qui peut venir d’un traitement différencié sur le marché du travail ou des préférences genrées antérieures à la vie professionnelle. Toutefois, même lorsque ces différences sont contrôlées, l’autonomie des hommes et des femmes salariés évolue différemment au fil des changements familiaux et professionnels. Ces derniers tendent à encourager les mères plus que les pères à prendre en charge l’articulation famille-travail, ce qui rattache à nouveau les femmes à la sphère domestique et les hommes à la sphère professionnelle.
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