Vous êtes étudiant, professionnel, enseignant, documentaliste, chercheur en travail social ?
Accédez ici à tous les outils de PRISME vous permettant de chercher de la documentation et de suivre une veille documentaire spécialisées dans le secteur des sciences sociales et de l'action sociale.
L’acte de transmettre ne se résume pas au seul processus de transmission. Il y a un au-delà à l’explicite des savoirs transmis, qui vient faire sens pour la personne qui les reçoit dès lors qu’elle est en capacité de se les approprier afin d’orienter sa trajectoire de vie. Transmettre ce n’est pas seulement instruire (donner des connaissances, former l’esprit et informer)… Transmettre c’est aussi éduquer (aider à développer des aptitudes, à s’inscrire dans une culture, à acquérir des usages). Dès lors, et parce que l’acte de transmettre participe de façon essentielle à la dynamique de construction du sujet, les sociétés contemporaines sont violemment confrontées aux « trous » générés par un travail de sape long et continu de la posture de l’adulte éducateur et de sa responsabilité. Les éruptions de violence, souvent commises par des individus fragilisés et abandonnés aux seuls discours des extrémismes, sont sans doute le symptôme d’un manque de figure d’autorité susceptible de produire l’étayage nécessaire au grandir ou se grandir. Reste alors à formuler les éléments de réponse pratiques à cette question : qu’est-ce que, au travers de l’acte de transmettre, l’adulte référent donne à saisir de lui-même qui permet à l’autre de se construire ? Et ce indépendamment du fait d’être d’accord ou non avec le contenu de la transmission…
Article de Dori LAUB, Béatrice FORTIN, Françoise DAVOINE, et al.
Paru dans la revue Le Coq-héron, n° 220, mars 2015, pp. 9-124.
Mots clés : HISTOIRE, Guerre, Traumatisme, Récit de vie, Mémoire, Cure analytique, Psychanalyse, Contre-transfert, Transmission, Victime, Génocide, Pulsion de mort
L'enjeu est politique, car il y va de la vérité historique face à des événements effacés. Bien sûr, tout le monde est au courant des viols et des génocides. Mais à l'échelle micro-historique, la collision de l'histoire de chacun avec la grande histoire est souvent passée sous silence dans la psychanalyse même, qui ne peut faire écho à ce que Dori Laub appelle "le cercle vide". La survie psychique à partir de ce vide doit alors être considérée elle-même comme un art, auquel l'analyste est appelé pour créer la possibilité d'une altérité contre l'impossibilité de dire.