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La question des personnes âgées de la rue n’apparaît pas comme centrale, que ce soit dans les études ou dans le discours public, peu s’en faut : ce sont plutôt les « jeunes en errance » qui focalisent l’attention des chercheurs et des politiques. Pourtant l’absence de domicile correspond à l’une des formes les plus extrêmes de la précarité, dans un monde contemporain de plus en plus urbanisé, comme vient d’ailleurs de le révéler de façon saillante et crue la crise sanitaire inédite liée au Covid-19. Qui plus est, lorsqu’on est âgé.
Alors, comment vivent les sans-domicile vieillissants au quotidien ? Comment ce vieillissement influence-t-il, voire détermine-t-il, les possibilités d’action au jour le jour ? Et que peut vouloir dire « se réinsérer » pour des sans-abri de 60 ou 70 ans en proie à une logique d’abandon de soi ? Quelles institutions médico-sociales accueillent les personnes vieillissantes ayant un parcours de rue et comment les prennent-elles en charge ? Et puis, de fait, la question de la projection identitaire se pose différemment à 70 ans... Ainsi, la logique de « projet de vie » ne peut pas s’appliquer dans les mêmes termes qu’au début ou au mitan de la vie.
Ainsi, à travers les différentes contributions qui forment ce dossier, Retraite et société souhaite rappeler les particularités de ces sans-abri que l’âge discrimine au quotidien et exclut le plus souvent des possibilités existantes de réinsertion.
Le Housing First (HF), ou « Logement d’abord », se développe à Bruxelles depuis quelques années pour reloger et accompagner les personnes sans abri les plus vulnérables. Cependant, ce modèle est fragilisé parce que les logements ne sont accessibles qu’au travers d’une négociation avec les acteurs du logement social, permettant à ceux-ci de faire prévaloir leurs réalités et points de vue. L’article met en valeur le rôle des « responsables-logement » au sein des équipes HF, et plaide pour un véritable engagement de la part des acteurs du logement social, indispensable au développement du HF.
Cet article a pour objectif de remettre en question une partie du discours professionnel au cœur de l’accompagnement des personnes sans logement. Nous interrogeons celui qui expliquerait le non-accès au logement de droit commun, en considérant cet échec comme le résultat d’une trajectoire individuelle. Il se fonde sur une logique d’accès par paliers qui fixe le logement comme une fin de parcours. Pour justifier cette sélection, nous émettons l’hypothèse qu’un discours professionnel se fabrique au service d’une logique artificielle, éducative ou économique par exemple, et que cette logique permettrait d’expliquer une incapacité temporaire d’habiter, et de fait, de confirmer un besoin d’apprendre à se loger. Sa forme la plus dure appartient au domaine de la prévision. L’accès (in extenso le non-accès) devient par conséquent un objet construit sans fondement sociologique. Nous proposons donc de déconstruire le principe d’un accompagnement social préparant au logement, d’abord en le distinguant du rétablissement des droits à partir d’une situation de non-recours aux droits (Warin, 2010), puis en isolant son discours intrinsèque et en l’admettant comme échangeable. Autrement dit, il s’agit de l’envisager comme un partage d’expérience fondé autant sur le pouvoir d’agir des personnes que sur celui des professionnels : une forme de distribution équitable de la parole d’expérience.
Article de Christian Jetté, Jean Vincent Bergeron Gaudin
Paru dans la revue Les Politiques sociales, 77ème année, n° 3 & 4, décembre 2017, pp. 90-101.
Mots clés : Territoire-Logement, Logement social, Politique sociale, Innovation sociale, Action collective, Collectivité territoriale, Institution, Accompagnement social, Étude de cas, Québec
Cet article présente les résultats d'une étude de cas sur l'institutionnalisation de la pratique du soutien communautaire en logement social au Québec. Cette enquête s'inscrit dans un projet de recherche plus large portant sur les conditions de transfert des pratiques novatrices du tiers secteur vers le secteur public, dans le domaine de la santé et des services sociaux. Nous cherchons à comprendre ce qui intervient dans le processus d'institutionnalisation de l'innovation sociale, une fois qu'elle a été développée par les acteurs du tiers secteur. Le domaine de la santé et des services sociaux au Québec est un secteur d'activité privilégié pour réfléchir à cette question, étant donné que les organismes communautaires y contribuent à la coconstruction de l'offre de services et des politiques publiques depuis plus de quarante ans.
Alors que le niveau de bien-être n'a cessé d'augmenter dans nos sociétés, cet ouvrage s'intéresse à l'insertion de personnes n'ayant que l'espace public comme lieu de vie. Le logement n'est envisagé que depuis peu comme solution pour permettre aux personnes sans-abri de retrouver une place de citoyen à part entière. En mettant à jour les obstacles que doivent surmonter ces exclus du logement, ainsi que les travailleurs sociaux en charge de leur accompagnement, cet ouvrage interroge le prix qu'ont à payer ces différents acteurs pour concrétiser ce rêve d'insertion.
Article de Marianne Berthod Wurmser, Lucie Gonzales
Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 3, juillet-septembre 2016, pp. 6-242.
Mots clés : Territoire-Logement, Logement, Famille, Collectivité territoriale, Hébergement, Naissance, Séparation, Lieu de vie, Banlieue, Politique, Aide au logement, Prestation sociale, Logement social, Milieu urbain, Réinsertion sociale, Accompagnement social, DALO (Droit au logement opposable), FNARS, Algérie
Dans les quinze dernières années, le logement est (re)devenu un enjeu essentiel pour certaines populations, mais quelques données de cadrage montrent que les catégories les plus démunies sont loin d’être les seules concernées par des difficultés dans ce domaine. Plusieurs facteurs y ont contribué ; ces facteurs sont rappelés ou analysés pour la France dans la plupart des articles de ce dossier, qui en compte six répartis en deux thématiques (logement, familles et trajectoires ; logement, collectivités locales et territoire) et qui comprend également trois « points de vue » : sur la relation entre hébergement et logement, sur le droit au logement opposable et sur le logement dans le débat public.