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Article de Alexandra Hottat, Zoé Mallien, Anne Catherine Dubois, et al.
Paru dans la revue Neuropsychiatrie de l'enfance et de l'adolescence, vol. 71, n° 8, décembre 2023, pp. 437-445.
Mots clés : Deuil, Enfant, Fratrie, Accompagnement, Relation adulte-enfant, Non-dit
La recherche vise à établir un état des lieux du soutien social apporté par l’entourage adulte à un enfant endeuillé. Pour un enfant, le décès d’un membre de sa fratrie est une terrible épreuve. Le soutien social constitue un facteur de protection efficace face au risque élevé de détresse psychologique. Pourtant, les adultes hésitent à s’impliquer car beaucoup ne savent pas comment accompagner un enfant endeuillé. À ce jour, peu d’études se sont penchées sur la manière de donner aux proches les moyens de s’engager auprès de l’enfant.
La dynamique suicidaire est approchée abondamment chez l’adolescent (Arrfa, 1982 ; Jeammet et Birot, 1994 ; Diwo, 1998 ; Diwo et al., 2004 ; Silberg et Armstrong, 2010 ; de Kernier, 2009, 2012, 2015). Son étude chez l’enfant l’est beaucoup moins (Pfeffer et al., 1979 ; Guillon et al., 1987 ; Petot, 2012). Nous présenterons le cas de Marguerite, 12 ans non pubère, dont le père s’est suicidé 6 ans auparavant et qui a elle-même tenté à plusieurs reprises de mettre fin à ses jours.
Comment traiter philosophiquement à la question de savoir si un enfant peut faire son deuil ? Si l’on considère comme Spinoza que la mort n’est pas inscrite dans l’essence même d’un individu, l’enfant ne peut avoir conscience de sa mortalité et du caractère nécessaire de la mort. Par conséquent, l’enfant qui n’a jamais été confronté à la mort de l’autre se trouve dans l’incapacité d’accepter celle-ci et de faire son deuil. Il importe donc que son entourage lui donne la parole et lui parle avec courage et vérité. C’est grâce à cette vérité qui lui sera adressée qu’il pourra faire advenir la sienne et apprendre à sortir de l’enfance pour assumer la finitude de l’existence humaine