Article de Marie Cartier, Anaïs Collet, Estelle Czerny, et al.
Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 2, avril-juin 2017, pp. 247-264.
Mots clés : Enfance-Famille, Garde des enfants, Travail, Parents, Mode de garde, Crèche, Assistant maternel, Classe sociale, Éveil
Dans un contexte de montée de la bi-activité des conjoints, la question du choix du mode de garde se pose de façon aiguë pour les parents de jeunes enfants. Or, bien que l’offre de garde en crèche soit moins répandue que celle par les assistantes maternelles, les parents manifestent un rejet assez net de ces dernières et leur accordent moins spontanément leur confiance. À partir d’une enquête par entretiens auprès de 32 couples, l’article interroge les raisons de cette disqualification persistante des assistantes maternelles, en soulignant les différenciations sociales de ce jugement selon la position des parents et la pente de leur trajectoire, et également selon le genre. Si les parents des classes supérieures tendent à écarter le recours aux assistantes maternelles dans le cadre de ce qui s’apparente à une présomption d’incompétence de classe, les parents des classes moyennes et populaires expriment quant à eux des attentes éducatives et socialisatrices différenciées, inspirées de la « culture psy », d’une réinterprétation scolaire de l’éveil de l’enfant et d’un attachement à la crèche comme préparation à l’école maternelle exigeant des enfants discipline et autonomie. Ces attentes se doublent, dans les couples de classes populaires interviewés, de la crainte de confier leurs enfants à des femmes incontrôlables, soupçonnées d’échapper aux contraintes de l’emploi salarié.
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Article de Myriam Chatot
Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 2, avril-juin 2017, pp. 229-246.
Mots clés : Enfance-Famille, Congé parental d'éducation, Travail, Père, Décision, Mode de garde, Classe sociale
La récente réforme du congé parental (2014) a instauré un partage entre les parents de l’allocation pouvant être associée au congé parental d’éducation afin d’encourager les pères à avoir davantage recours au congé. La faible proportion de pères bénéficiaires du congé serait-elle donc due à la méconnaissance des pères de ce dispositif, ou à leur peur que sa souscription n’entrave leur carrière professionnelle, comme l’ont affirmé certains défenseurs de la réforme ? D’après 37 entretiens réalisés auprès des hommes ayant pris un congé parental, si les conditions d’emploi de chacun des conjoints ont un rôle à jouer dans la décision de la prise du congé au masculin (stabilité de l’emploi de la mère, hypogamie [1]), les conditions que l’homme se fixe pour s’autoriser à prendre le congé semblent également décisives. En effet, les pères ne semblent se projeter dans le congé qu’à condition de ne pas s’occuper seulement des enfants pendant cette période, signe d’un investissement possible du congé différent entre les hommes et les femmes.
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Article de Karine Briard
Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 2, avril-juin 2017, pp. 149-168.
Mots clés : Enfance-Famille, Emploi, Travail des femmes, Mère, Travail à temps partiel, Garde des enfants, Mode de garde, Jeune enfant
Quels sont les ressorts et les freins à la décision des mères de réduire, d’arrêter ou de poursuivre leur activité professionnelle dans les premières années de l’enfant ? Les motifs donnés par les mères d’un enfant de moins de trois ans témoignent du dilemme auquel elles sont confrontées entre le souhait de s’en occuper et préserver leur vie professionnelle, économiser des frais de garde et conserver un salaire. La stabilité de l’emploi, le statut, la catégorie socioprofessionnelle, le niveau d’études apparaissent déterminants dans le maintien en activité, mais ni des horaires contraignants ni la situation de couple ne distinguent les femmes ayant choisi de s’arrêter des femmes en activité. La question de la garde des enfants se pose pourtant différemment pour ces dernières selon qu’elles sont seules ou en couple : le recours à un mode de garde, formel ou non, est l’unique alternative qu’ont les femmes seules pour disposer de souplesse horaire sans réduire leur temps de travail, alors que le conjoint peut assurer le relais dans la garde pour les femmes en couple. En particulier, des horaires décalés ou irréguliers de la mère favorisent la garde parentale et la participation des pères.
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Article de Quentin Francou, Lidia Panico, Anne Solaz
Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 2, avril-juin 2017, pp. 123-147.
Mots clés : Enfance-Famille, Jeune enfant, Politique familiale, Mode de garde, Emploi, Etablissement d'accueil du jeune enfant, Enquête
En France, la politique de la petite enfance affiche l’objectif de laisser aux familles un large choix, afin que les parents puissent trouver un mode d’accueil adéquat et continuer ainsi leur activité professionnelle s’ils le souhaitent. Toutefois, certains modes d’accueil, comme les crèches, continuent d’être difficiles d’accès. Ces difficultés ont déjà été mises en avant avec des données en coupe. Les données de l’enquête Modes de garde et d’accueil des jeunes enfants réalisée en 2013 permettent de compléter cette approche grâce à un calendrier mensuel rétrospectif des modes d’accueil depuis la naissance. Nous utilisons des analyses de séquences pour décrire ces parcours jusqu’à l’entrée à l’école, ainsi que les caractéristiques des familles. Nous trouvons une grande stabilité dans les parcours d’accueil des jeunes enfants en France ayant accès à des modes d’accueil formels, qu’ils soient individuels ou collectifs. Néanmoins, 15 % des enfants connaissent des parcours avec plusieurs changements de modes d’accueil ou connaissent des modes d’accueil informels ; ce dernier recours, notamment aux grands-parents, est plus fréquent de la part des ménages des catégories socioprofessionnelles les moins favorisées.
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Article de Elisa Herman
Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 2, avril-juin 2017, pp. 41-61.
Mots clés : Enfance-Famille, Etablissement d'accueil du jeune enfant, Mixité sociale, Mode de garde, Politique familiale, Besoin, Demande, Administration
L’accès aux établissements d’accueil du jeune enfant (EAJE) dépend fortement des dynamiques locales : les territoires sont inégalement pourvus en crèches, les familles concernées ont des besoins hétérogènes et les services en charge de la petite enfance mettent en œuvre des politiques d’attribution des places différentes selon les territoires. Cet article s’appuie sur une enquête qualitative menée auprès de familles et de professionnel•le•s pour analyser les enjeux de la demande de place en EAJE. Il permet de comprendre les arbitrages générés par un travail de qualification des demandes, dans lequel se déploient les registres du travail social d’écoute, de l’activité administrative et de la prévention, ajustés aux contextes locaux. Les acteurs mettent donc principalement en avant deux enjeux : celui d’assurer la mixité sociale dans les lieux d’accueil et celui d’apporter une réponse publique à des demandes singulières.
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