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Les enseignements d’une approche longitudinale de la pauvreté : le cas de la France au cours des deux premières décennies du XXIe siècle

Article de Pierre Blavier

Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 64, n° 3, juillet-septembre 2023, pp. 325-355.

Mots clés : Lien social-Précarité, Approche historique, Précarité, Pauvreté, Sociologie, Traitement statistique, Recherche

Cet article étudie les trajectoires de pauvreté dans la France des deux premières décennies du XXIe siècle, afin d’élargir l’analyse de la pauvreté au-delà de la disqualification sociale et de l’assistance. En exploitant le volet longitudinal à neuf années de l’enquête Insee « Statistique sur les ressources et les conditions de vie » (« SRCV », 2004-2019), il montre la pertinence d’une appréhension de la pauvreté sous l’angle des trajectoires, soit un prisme d’analyse jusqu’ici peu utilisé, en particulier pour le cas français. Or, cette perspective permet d’abord de relever que de l’ordre de 30 % de la population connait au moins un épisode de pauvreté monétaire au cours des neuf années de suivi. Elle conduit ensuite à identifier deux grands types de trajectoire : d’une part, une pauvreté transitoire marquée par un bref passage dans une situation en dessous du seuil de pauvreté monétaire et, d’autre part, une pauvreté chronique qui prend un caractère plus durable et profond. Ces deux formes de pauvreté recouvrent des déterminants différents, que l’article précise : la pauvreté chronique renvoie à des facteurs structurels, tandis que celle transitoire est liée à des évolutions conjoncturelles, en particulier à la situation sur le marché de l’emploi. L’approche dynamique est donc indispensable pour montrer comment la pauvreté recouvre des trajectoires et des profils très différents, pour en donner des ordres de grandeur quantifiés et pour mieux en comprendre la pluralité des expériences.

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Telle sœur, tel frère ? La socialisation adelphique aux pratiques ludiques à 2 ans dans l’" Étude longitudinale française depuis l’enfance " (" Elfe ")

Article de Abigail Bourguignon, Kevin Diter, Holly Hargis, et al.

Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 64, n° 3, juillet-septembre 2023, pp. 471-513.

Mots clés : Enfance-Famille, Jeune enfant, Socialisation, Genre, Fratrie, Jeu, Reproduction sociale, Culture, Sociologie, Classe sociale

La sociologie a fait peu de place aux frères et sœurs dans la sociogenèse du genre. Fondé sur l’« Étude longitudinale française depuis l’enfance » (« Elfe »), et en interrogeant d’abord les pratiques ludiques les plus liées à une position de genre (les poupées et les voitures), cet article montre que les frères et sœurs contribuent par un effet d’entrainement à la différenciation de genre. Cet effet n’est cependant pas indépendant de l’implication parentale. Cette implication reste, d’une part, déterminante pour des pratiques moins polarisées du point de vue du genre (comme le dessin ou les puzzles), qui distinguent de fait différemment les ainé·es des cadet·tes. D’autre part, pour que les effets d’entrainement entre enfants existent, il faut que les parents les laissent à leurs jeux. Cet article interprète cette implication à géométrie variable en relation avec les stratégies de reproduction des parents : la reproduction de la position de classe, notamment par des jeux « éducatifs », semble concurrencer la reproduction du genre des enfants.

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" Je te donne ça et je donne la même chose à ton frère " : (in)égalité et légitimation de l’aide parentale lors du passage des enfants à l’âge adulte

Article de Marie Clémence Le Pape, Elise Tenret

Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 64, n° 3, juillet-septembre 2023, pp. 443-470.

Mots clés : Enfance-Famille, Sociologie, Famille, Relation enfant-parents, Fratrie, Aide financière, Argent, Inégalité, Justice, Norme, Jeune, Reproduction sociale, Roman familial

Cet article explore les pratiques et les normes d’aide parentales lors du passage des enfants à l’âge adulte, au moment où les destins se singularisent au sein de la fratrie et que les aides financières et matérielles données à chacun·e se diversifient. À partir d’entretiens avec des parents de jeunes adultes, il met en évidence une tension entre, d’une part, des pratiques d’aide hétérogènes, voire inégalitaires et, d’autre part, l’attachement des parents à une norme égalitaire. Il montre comment le recours à la notion de « fiction égalitaire » permet de penser cette tension et de tenir ensemble l’analyse des pratiques (ce qui est distribué) et les règles qui organisent ces échanges, avec des variations selon les ressources économiques et le statut conjugal des parents. Plus précisément, il analyse comment la fiction égalitaire en famille se construit, se déploie et est entretenue : à la fois par une mise en scène de l’égalité lors de moments ritualisés qui renvoient en coulisse les pratiques inégalitaires, et par un travail relationnel des parents pour susciter l’adhésion autour du script et des termes de la fiction.

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L’exclusion sociale est-elle réductible à la situation d’assistance ? : quantifier les déterminants du sentiment d’exclusion sociale en France

Article de Jérémy Fouliard, Eléonore Richard

Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 64, n° 3, juillet-septembre 2023, pp. 357-397.

Mots clés : Lien social-Précarité, Exclusion sociale, Pauvreté, Aide sociale, Sociologie, Assistance, Enquête, Intégration, Conditions de vie, Prestation sociale, Chômage, Traitement statistique

Cet article propose de quantifier l’importance relative des différents déterminants du sentiment d’exclusion identifiés dans la littérature. En s’appuyant sur le volet 2018 de l’enquête « Statistiques sur les ressources et les conditions de vie » (« SRCV ») de l’Insee, il montre que l’assistance, telle que définie par la perception de transferts sociaux par les ménages, n’a pas d’effet additionnel sur le sentiment d’exclusion, une fois l’éloignement du marché du travail, le pays de naissance, la pauvreté matérielle et l’isolement géographique des individus pris en compte. En cela, ses résultats contribuent à éclairer le débat présent dans la littérature, en rejetant l’hypothèse selon laquelle l’émergence du sentiment d’exclusion serait avant tout imputable à la situation d’assistance qui unit l’individu à la société.

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Milieux d’affaires et cercles dirigeants

Article de Catherine Comet, Antoine Vion, Mohamed Oubenal, et al.

Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 64, janvier-juin 2023, pp. 7-296.

Mots clés : Travail-Emploi, Économie, Entreprise, Capitalisme, Banque, Femme, Pouvoir, Réseau, Patronat, Industrie

Après une relative désaffection de la recherche en sciences sociales dans les années 1990, les milieux d’affaires et cercles dirigeants connaissent un regain d’intérêt depuis la crise financière de 2007-2008 avec la publication d’ouvrages collectifs et de numéros spéciaux ainsi que l’organisation de nombreux séminaires, journées d’études et sessions dans les grands congrès. Cette question a fait l’objet de nombreux travaux dans la seconde moitié du XXe siècle, dont l’essor a connu une apogée dans les années 1970-1980 en particulier dans le domaine des power structure et interlocks studies. Le reflux coïncide avec le déclin des théories marxistes dans les années 1990 et un revirement théorique. Concentrées dans les business schools, ces recherches menées à l’origine dans une visée critique adoptent une orientation axée sur la performance et le leadership. Le récent renouveau survient à la suite des scandales financiers au tournant des années 2000 (avec notamment les affaires Enron et WorldCom) et surtout de la crise financière. Ce numéro thématique se propose de rendre compte de chantiers rouverts ou initiés dans différentes traditions de recherche en vue de mesurer le chemin parcouru et les défis qui se présentent encore.

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La fabrique des adolescent·es : avec ou contre l’école ? L’intégration culturelle à l’école et dans les loisirs à 13-14 ans

Article de Agnès Grimault Leprince

Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 63, tome 3-4, juillet-décembre 2022, pp. 377-416.

Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Expérience, Adolescent, École, Loisir, Culture, Technologie numérique, Socialisation

Rares jusqu’aux années 2000, les recherches portant sur la socialisation adolescente se sont multipliées depuis, en lien avec les transformations des socialisations familiales et l’avènement des usages numériques. Cet article appréhende l’expérience adolescente à l’école et dans les loisirs. Il analyse les articulations entre ces deux sphères d’activités en insistant sur leur dimension numérique, et identifie les grands axes de différenciation des expériences. Il s’agit ainsi de saisir statistiquement les grandes logiques qui structurent l’expérience adolescente de l’école et des loisirs, à l’origine d’effets socialisateurs, au-delà de la différenciation sociale et genrée. À partir d’une enquête par questionnaire portant sur 3 356 élèves scolarisé·es en classe de 4e, la recherche distingue trois profils d’expériences scolaires et de loisirs articulant culture scolaire, culture « cultivée », culture juvénile et culture numérique. L’analyse met en évidence des types d’intégration ou de marginalisation culturelle, avec des continuités fortes entre expériences scolaires et de loisirs, et représentations de l’avenir. Elle s’attache plus particulièrement à la compréhension d’un profil « en retrait », à la marge des cultures juvéniles et scolaire dominantes.

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Théoriser l’État au masculin : un réexamen de la promotion de l’idée de service public en France (1870-1940) au prisme du genre

Article de Charles Bosvieux Onyekwelu

Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 63, tome 3-4, juillet-décembre 2022, pp. 447-470.

Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Service public, Genre, Approche historique, Femme, Théorie, État, Travail des femmes

En partant d’un résultat « négatif » de recherche (la quasi-impossibilité, dans le cadre d’une enquête prosopographique sur les promoteurs de l’idée de service public en France entre 1870 et 1940, de trouver des femmes), cet article se demande comment la question du genre peut constituer l’envers d’une enquête au sens de son impensé. En mettant l’absence des femmes en relation avec leur montée en puissance au sein de l’administration et avec leur présence dans les coulisses d’un appareil d’État étroitement masculin, il documente tant l’invisibilisation inconsciente que les barrières ouvertement mises en place pour empêcher les femmes d’accéder aux sommets administratifs où se négocient les contours de l’idée de service public. Il montre ainsi ce que la « masculinité » des débats en question doit à leur juridicité et à leur publicité, ces deux éléments contribuant à dessiner un espace théorique réservé de facto aux hommes.

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Dans les coulisses du désir spontané. Sexualité hétérosexuelle, travail des femmes et ordre du genre

Article de Cécile Thomé

Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 63, tome 2, avril-juin 2022, pp. 283-309.

Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Genre, Désir, Sexualité, Contraception, Corps, Hétérosexualité, Émotion, Représentation sociale

La norme sociale consistant pour les femmes à se rendre désirables a été largement documentée. Cet article, reposant sur 71 entretiens sur la contraception et la sexualité menés en France avec des hommes et des femmes ayant entre 20 et 84 ans, montre que le travail mené principalement par les femmes sur et pour la sexualité va plus loin qu’un simple travail sur leur corps. En prenant comme point d’entrée la contraception et en s’intéressant aux variations, tant féminines que masculines, du désir sexuel (dans un cadre conjugal ou non), il montre que le maintien d’une représentation « spontanée » de l’acte sexuel nécessite un travail sur la sexualité qui peut dans certains cas être mené par les hommes, mais qui l’est principalement par les femmes. Il s’agit d’une part d’un travail matériel, qui place les femmes dans les « coulisses » de l’acte sexuel, faisant reposer sur ces dernières la possibilité de sa survenue à n’importe quel moment (travail sur leur apparence physique, prise d’une contraception médicale, préparation de moments « en amoureux », etc.). Mais il s’agit également, d’autre part, d’un travail sur leurs émotions qu’elles mènent à la fois « en surface » et « en profondeur », et qui vise en particulier à assurer la présence au bon moment d’un désir sexuel répondant à celui de leur partenaire. Cet article constitue ainsi une contribution à la description d’un ordre du genre renforcé et naturalisé par la sexualité hétérosexuelle.

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L’intime au bout du fil. Enjeux méthodologiques de l’entretien biographique à distance

Article de Rébecca Lévy Guillain, Alix Sponton, Lucie Wicky

Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 63, tome 2, avril-juin 2022, pp. 311-332.

Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Entretien, Distance, Méthodologie, Téléphone, Genre, Enquête, Sociologie, Télécommunication

La pandémie de la COVID-19 et la crise sanitaire et sociale qui en a découlé ont encouragé la conduite d’entretiens semi-directifs par téléphone ou par visioconférence. À partir de trois enquêtes réalisées par des jeunes femmes portant sur l’intime et ayant recours aux entretiens biographiques, cette note méthodologique examine les façons dont l’entretien à distance transforme la nature des matériaux collectés et recompose ce faisant le mode de production de connaissances sociologiques. Elle montre que le distanciel renouvelle les profils sociaux accessibles en ouvrant la voie à des configurations inédites. Elle donne également à voir les atouts de ce dispositif pour accéder à l’intériorité du sujet et souligne son potentiel dans les cas où des positions asymétriques entre enquêteur/rice et enquêté·e dans les rapports de pouvoir (en particulier de genre) sont susceptibles d’entraver la relation d’enquête, risquant dès lors d’appauvrir les connaissances produites.

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La fabrique du privilège du désir : l’apprentissage socialement différencié du désir sexuel au croisement du genre et de la classe

Article de Rébecca Lévy Guillain

Paru dans la revue Revue française de sociologie, n° 63-1, janvier-mars 2022, pp. 7-34.

Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Désir, Sexualité, Socialisation, Inégalité, Classe sociale, Genre, Corps, Adolescent

Les grandes enquêtes quantitatives ont constaté l’existence de différences sociales dans les manières de vivre le désir sexuel. Envisageant ces différences comme un foyer d’inégalités dans la sexualité, cet article cherche à comprendre comment se fabriquent de telles différences entre groupes sociaux, notamment en fonction du genre et de la classe sociale. S’appuyant sur une enquête par entretiens biographiques conduits auprès d’individus aux profils sociaux diversifiés, il envisage l’apprentissage du désir comme un parcours qui commence au cours de l’enfance et se poursuit tout au long de la vie, et qui met en jeu des expériences se déroulant dans plusieurs sphères sociales. Il montre alors que la socialisation au désir opère en transmettant un ensemble de dispositions corporelles – via la pratique répétée d’activités physiques – et de dispositions mentales – via l’incorporation instantanée ou conscientisée de cadres interprétatifs et de répertoires de significations. Ainsi, l’article établit, d’une part, que les hommes sont davantage socialisés au désir que les femmes. Il conclut, d’autre part, que la socialisation enfantine et juvénile que connaissent les femmes issues des classes populaires inscrit plus durablement des dispositions au désir que celle qui s’opère à l’âge adulte, chez les femmes appartenant aux classes moyennes et supérieures, et via l’appropriation de grilles d’analyses féministes ou psychologiques.

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