Livre de Marie Cosnay, édité par Ed. du Croquant, publié en 2011.
Mots clés : Expulsion, Étranger, Témoignage, Exil
En novembre 2008, une famille du Kosovo est expulsée de l'aéroport de Biarritz. Trois enfants sont portés dans l'avion par les policiers. Le père monte, la mère s'évanouit sur le seuil. On l'embarque, sous les yeux de ses amis et soutiens impuissants. Ce jour-là, je me formulais que la question des responsabilités, au milieu d'un ensemble qui vise à les émietter, était posée. Il faudrait, pour l'étudier, en passer par les mots et les représentations que l'on se fait des choses.Le tribunal est un espace de paroles. Un policier y raconte qu'il n'est plus le même après avoir assisté à l'expulsion "couchée" d'un jeune homme kurde. Le représentant de la préfecture craint qu'on ne le prenne pour "un nazi". L'exil, la frontière, l'étranger, le droit : autant de thèmes que traite, depuis son antiquité, notre civilisation. J'avais besoin que la politique contemporaine du droit (ou non-droit) des étrangers dialogue avec les grandes figures mythiques, les textes fondateurs, de Platon à Ovide, qui en dirent jadis quelque chose. J'avais besoin d'interroger différentes manières de dire, persuadée que chacune crée un espace de représentation qui fait, peut faire ou fera, même de manière infime, bouger le réel.
Livre de Marie Cosnay, édité par Cadex, publié en 2011.
Mots clés : Étranger, Expulsion, Tribunal, Témoignage
Durant ces audiences, le juge décide de prolonger la rétention de ces étrangers qu'on appelle "sans papiers" dans les Centres de Rétention Administrative. Etrangers venus de pays où ils sont menacés, d'une manière ou d'une autre, et parfois installés en France et en Europe depuis de longues années. Pendant les comparutions, Marie Cosnay note ce qui se passe, ce qui se dit, les faits, les gestes, les paroles. D'assister ainsi à la mise en place d'un système et d'une politique qui brisent les individus la submerge de chagrin et du sentiment du néant. C'est pour quitter l'espace du chagrin et du néant qu'elle décide d'écrire les récits de ces audiences, de ces moments si particuliers où une personne, saisie dans son rapport avec l'administration et la loi française ou européenne du moment, n'est plus qu'un cas. Marie Cosnay s'efforce, dans son texte, de rendre à cette personne son statut de personne. Et de témoigner, de sa place de témoin chagriné, de sa place d'habitante frontalière, de ce qui, en son nom, en notre nom, se poursuit, en Europe et en France.