Article de Annick Anchisi
Paru dans la revue Gérontologie et société, vol. 44, n° 169, décembre 2022, pp. 25-34.
Mots clés : Grand âge-Vieillissement, Personne âgée, Entretien, Sociologie, Soins à domicile, Maltraitance, Organisation du travail, Équipe soignante, Équipe pluridisciplinaire
Cet article reprend l’histoire de Marguerite Amman, 86 ans, cliente d’un service de soins et d’aide à domicile. Il montre comment l’organisation de soins va se jouer contre elle, parce que, d’une part, les tâches et les responsabilités sont fractionnées et que, d’autre part, il y a une disjonction entre les problèmes évoqués par Marguerite et ceux repérés par le système d’analyse informatisé.
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Livre de Annick Anchisi, Marie Jeanne Boisson, Thomas Bonnet, Dominique Memmi, et al., édité par Presses universitaires de Rennes, publié en 2018.
Mots clés : Santé-Santé publique, Corps, Représentation sociale, Soin, Relation soignant-soigné, Image du corps, Rejet, Travail social, Travailleur social, Profession médicale, Profession paramédicale, Hygiène, Mort, Toucher
"Corps du malade, du mourant, du mort, du pauvre : au cur de nos sociétés contemporaines, des agents administrent pour le monde social et à sa place les marges de la vie biologique et sociale. Comment les pompiers, les travailleurs sociaux, les employés des pompes funèbres, les aides-soignantes, les infirmières et médecins se débrouillent-ils avec le « sale boulot » ? Parmi les émotions dont ils peuvent être affectés, il en est une, particulièrement archaïque, apparemment spontanée et difficile à réprimer : le dégoût. Il renvoie aux sensations du corps, mais recèle aussi une dimension sociale : pas seulement dégoût du goût des autres, mais peur de devenir comme eux, surtout sils sont jugés socialement inférieurs. Le dégoût traduit une urgence à se « séparer ». Réaction somatique à la crainte du rapprochement physique et social, émotion « mixophobe », le dégoût trace une frontière avec lAutre, révélant les inavouables sociaux de nos sociétés.
Cet ouvrage interroge ce que le dégoût « fait » aux interactions. On y découvre lopposition radicale entre coulisses et scène, régie par lautocensure professionnelle, et les mille stratagèmes permettant daffronter ce qui révulse. Limitation du toucher, port de gants, lavage obsessionnel, embellissement du cadavre et toilettage des mots eux-mêmes, autant de techniques visant à mettre à distance la vie organique... des autres. Révélatrices dune souffrance spécifique au travail, ces stratégies professionnelles avouent une ambivalence
dautant plus menaçante quelle semble de plus en plus indicible. Car secrété par le processus de civilisation, le dégoût est pris dans des interdits sociétaux incitant à le taire. Cela en fait un instrument dautant plus précieux de lecture du monde social. Cet ouvrage apporte ainsi une contribution importante à lhistoire, à la sociologie et à lanthropologie des sensibilités. [présentation de l'éditeur]