PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Le colloque « Anthropologie de l'adolescence », organisé en 2012 par la revue Adolescence, le Centre d'Etudes en Psychopathologie et Psychanalyse de l'Université Paris-Diderot avec le Collège de France, nous a donnée l'opportunité de relancer le dialogue entre psychanalyse et anthropologie, et d'en rendre compte largement dans ce numéro de la Revue titré « Anthropologie ». « Rencontre de la métapsychologie des psychanalystes et de la métathéorie structurelle formelle des anthropologues » (F. Richard) autour du concept de création du Sujet adolescent se faisant, avec et parmi les autres : subjectalisation, intersubjectalisation. La métamorphose pubertaire, dans son altérité corporelle et psychique, se confronte et compose en interne avec les (re)trouvailles de l'archaïque infantile, de la question des origines, du retour au maternel, du Complexe d'Odipe, de la différence des sexes et des générations, du grand Autre, et en externe avec les représentants actuels de ce passé (notamment les figures parentales avec leurs propres histoires). Rencontre entre « processus pubertaires, leurs incitations fantasmatiques, et processus d'adultité, leurs positions mythiques » développe Philippe Gutton. François Richard travaille ces thèmes et plus précisément la question soulevée entre Odipe et archaïque, subjectivation et différenciation primaire, ce en regard des théories développées par Françoise Héritier sur « l'inceste du deuxième type ». Le débat entre le psychanalyste et l'anthropologue ouvre sur des convergences : inceste du premier type (homosexualité primaire) et du deuxième type (homosexuel indirect) ne seraient pas fondamentalement distincts, mais aussi sur des divergences quant à la notion d'identique au sens anthropologique et d'identification primaire définie par la psychanalyse. La question est posée : parlons-nous du même inconscient, du même Odipe ? Aujourd'hui ce dernier se complexifie, comment le reproblématiser ? Les expériences limites et les pathologies en extériorité signent un échec de l'organisation odipienne et du même coup les structures de parenté sont ébranlées et des formes nouvelles de parentalité se cherchent. A ce propos, Sylvie Faure-Pragier, revisitant « la valeur différentielle des sexes » de François Héritier au travers de l'évolution des modèles de procréation actuels, donne à voir l'émergence d'un nouveau fantasme originaire : le sujet accéderait à la symbolisation plus par « la certitude d'être l'enfant du désir de ses parents que par la mise en ouvre d'un fantasme de scène primitive. Les articles de ce numéro développent le travail de différenciation psychique, de subjectivation, de créativité que l'adolescent effectue avec et en présence de l'autre ; ils témoignent des paradoxes, des achoppements, des impasses qui surgissent tout au long de ce tumultueux parcours. Ces mêmes articles interrogent nécessairement, et en écho, la capacité de l'environnement social, culturel, politique, clinique à recevoir, lier, penser ces processus d'adolescence. Donnons pour exemple, le travail d'élaboration en équipe « d'une épidémie » de scarifications d'adolescents dans une institution, l'analyse de la langue des jeunes immigrés, la question du genre (affaire culturelle et politique)_ Ces instances sont-elles capables d'étayer la différenciation subjectale de la façon suffisamment bonne, de soutenir l'adolescent dans sa créativité, dans son statut émergent de sujet acteur de la collectivité ?
Entre du je, du nous et « on », anthropologues et psychanalystes ont encore beaucoup à inventer, co-créer autour de l'adolescence. [présentation de l'éditeur]
Paru dans la revue Adolescence (revue trimestrielle de psychanalyse psychopathologie et sciences humaines), tome 32, n° 87, printemps 2014, pp. 127-138.
Mots clés : Prison, Justice des mineurs, Adolescent, Psychologie, Prévention de la délinquance, Identité, Approche clinique
L'image d'une guirlande de bonshommes de papier vient en support au psychologue clinicien exerçant en établissement pénitentiaire pour mineurs pour penser des adolescents pris dans une chaîne marquée par le fraternel, l'horizontalité et la norme. L'auteur expose sa démarche dans le lieu même de la prison : déplacement du psychologue vers l'adolescent dans sa condition de détention, et césure par l'instauration d'un cadre clinique. Une ouverture pour l'adolescent vers un travail de différenciation psychique et de subjectivation est alors possible. Une illustration clinique témoigne du cheminement d'un adolescent dans la rencontre avec le psychologue, du « on » vers le « je », le jeu d'échecs s'étant révélé dans ce cas un objet important.
Article de Déborah HOFFMANN, Bruno PICCININ, Laurent SERVAIS
Paru dans la revue Thérapie familiale (revue internationale en approche systémique), vol. 35, n° 1, pp. 55-69.
Mots clés : Trouble du comportement, Adolescent, Psychopathologie, Approche systémique, Thérapie familiale, Psychiatrie infantile, Hôpital psychiatrique
Après une brève contextualisation de l'origine de notre dispositif de soins hospitaliers et une description de la population adolescente que nous accueillons, illustrée par deux vignettes cliniques, nous partagerons nos convictions sur l'utilité de travailler avec les systèmes familiaux carencés, négligents et régulièrement maltraitants de ces adolescents, dans le but de favoriser leur autonomisation. Nous tenterons également d'expliciter les moyens mis en ouvre pour « apprivoiser » et travailler avec ces systèmes familiaux blessés, méfiants, voire rejetant toute intervention à visée thérapeutique. Ces deux questions du « pourquoi » et du « comment » mener ce travail systémique seront illustrées par les deux mêmes vignettes cliniques...
Article de Assia KHIAR ZERROUK, Jordan SIBEONI, Bernard BLANCHARD, et al.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LVII, n° 2, pp. 631-680.
Mots clés : Anorexie, Adolescent, Relation enfant-parents, Relation familiale, Alimentation, Prise en charge, Méthode qualitative, Phénoménologie, Photographie, Entretien, Conduite d'entretien
" L'objectif de cette étude était d'explorer la place de la nourriture dans les relations familiales auprès d'adolescents présentant une anorexie mentale. Onze entretiens ont été menés avec des adolescentes anorexiques âgées de 13 à 18 ans et leurs parents. Nous avons choisi une méthodologie qualitative utilisant un outil original : la photo-elicitation. Le matériel verbal a été analysé à l'aide de l'Interpretative Phenomenological Analysis (IPA). Les résultats ont été organisés selon deux axes : le premier explore la place de la nourriture dans la dynamique parents-enfants (le contrôle relationnel, la ressemblance et la différence ainsi que la fonction parentale), le second explore la dynamique groupale et familiale (la cohésion, le conflit écran et le fonctionnement familial). Notre étude a permis de montrer la pertinence de la photo-elicitation et son apport dans la recherche en psychiatrie de l'adolescent. Sur le plan thérapeutique, elle confirme la nécessité de l'abord familial dans le soin et ouvre sur l'intérêt de la prise en charge individuelle des adolescents anorexiques notamment dans la construction de leur self." [présentation de l'auteur]