PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Article de Philippe COULANGEON, Geneviève PRUVOST, Ionela ROHARIK
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 53, n° 3, juillet-septembre 2012, pp. 493-527.
Mots clés : Identité professionnelle, Police, Comportement politique, Idéologie, Enquête, Questionnaire, Sociologie, Profession, Représentation sociale, Opinion, Rôle, Sécurité, Partenariat, Délinquance, Prévention de la délinquance, Répression
En l'absence d'enquête sur le vote policier, l'étude des idéologies professionnelles, qui traduisent une forme de politisation des policiers ordinaires, partie intégrante de la socialisation professionnelle, permet d'approcher les orientations politiques du monde des policiers. A partir d'une enquête par questionnaire auprès de 5 221 policiers de tous grades, on a procédé au relevé des dissensions idéologiques sur la conception du métier policier. L'analyse est fondée sur la méthode des classes latentes, dont l'application fait ressortir trois classes d'opinion que l'on a qualifiées de répressive, médiane et préventive. Ces trois profils permettent de distinguer les policiers sur la question des missions prioritaires de la police, des populations à surveiller, des partenaires avec qui collaborer et des causes de la délinquance. L'analyse des propriétés sociales et professionnelles des policiers relevant de chacune des trois classes d'opinion montre ensuite la prépondérance des caractéristiques professionnelles sur les variables sociodémographiques dans la distribution au sein des trois classes.
Cet article porte sur les carrières d'usagers de cocaïne inconnus des institutions socio-sanitaires et répressives. Il présente les résultats d'une enquête conduite par entretiens semi-directifs auprès de 50 usagers appartenant à cette population cachée. Les auteurs retracent les différentes étapes des carrières en portant une attention particulière aux fréquences d'usage mais aussi aux contextes de consommation, aux significations de l'usage ainsi qu'aux dynamiques de groupe façonnant les parcours individuels.
Paru dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales, n° 184, septembre 2010, pp. 72-89.
Mots clés : Enseignant, Individualisme, Autonomie, Évolution, Enquête
Evoquer la « montée de l'individualisme » ou l'existence d'un nouveau système normatif, fondé sur l'appel à l'autonomie et le travail en réseau, n'est guère convaincant pour comprendre les transformations de l'univers professionnel enseignant, où existent de longue date des formes spécifiques d'individualisme et des traditions pédagogiques centrées sur la valorisation de l'autonomie personnelle. Pour rendre compte des spécificités de cet univers et des transformations qui l'affectent actuellement, on analyse ici ce qui se joue au moment où de nouveaux venus entrent dans la profession, à partir des résultats d'une enquête par questionnaire croisant des éléments relatifs aux trajectoires des néo-enseignants, à leurs premières expériences du métier et aux représentations qu'ils se forment de leur avenir personnel et professionnel. On met ainsi à jour une forme spécifique d'individualisme qui relève davantage d'un certain relativisme politico-institutionnel et d'une sorte de primat accordé à la sphère professionnelle immédiate ou à la sphère privée, plutôt que d'une conception proprement utilitariste. Ce rapport à soi-même et aux autres peut tout aussi bien jouer comme forme de résistance aux injonctions institutionnelles que comme entrave à l'organisation collective.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 34, n° 2, pp. 149-162.
Mots clés : Assistant de service social, Contrôle social, Protection de l'enfance, Famille en difficulté, Mandat judiciaire, Signalement d'enfant, Légitimation, Enquête, Service social, Perception, Identité professionnelle, Pratique professionnelle, Modèle, Sociologie
Dans le cadre de leur mission de protection de l'enfance, les assistantes sociales doivent signaler à la justice les enfants qu'elles estiment être « en danger ». Cet article fondé sur une enquête ethnographique dans des services sociaux montre comment elles perçoivent et exercent différemment ce mandat de surveillance des familles. Les variations observées dépendent soit des familles rencontrées, soit des trajectoires et socialisations singulières des professionnelles (selon notamment leur appartenance générationnelle). Quand leur conception du travail entre en tension avec le rôle d'encadrement qui leur est assigné, elles gèrent cette contradiction en essayant de se convertir aux exigences de leur poste.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 34, n° 2, pp. 217-227.
Mots clés : CEF, Enfermement, Enquête, Délinquance juvénile, Éducation spécialisée, Vie quotidienne, Biographie, Vie institutionnelle, Temps, Discipline, Observation, Humour, Placement, TRAVAIL DE TERRAIN, BELGIQUE
L'article analyse le quotidien de l'enfermement de jeunes garçons délinquants dans trois institutions francophones de Belgique. Il s'attache à dégager deux dénominateurs communs : l'utilisation du temps comme moyen de discipline, l'observation et l'humour comme mécanismes symétriques. A un autre niveau, la question du sens ou du non-sens du placement au vu des trajectoires des jeunes reclus et des missions officielles assignées à ces centres sera posée. Ces résultats, partiels, sont le fruit d'une longue immersion menée sur les trois terrains.
Cette contribution interroge, à partir d'enquêtes conduites dans les lieux d'enfermement pour demandeurs d'asile et migrants en situation irrégulière en Autriche et en République tchèque, le rôle de ces espaces dans la production des catégories du « réfugié » et du « clandestin ». L'observation ethnographique de la situation d'entretien entre agents de l'Etat et migrants détenus est envisagée ici comme un moment particulier permettant d'appréhender les processus de catégorisation, par l'institution, des migrants détenus, mais aussi les modes de contournement ou de réappropriation par les migrants des catégories normatives qui fondent l'ordre institutionnel en détention.
Quelle que soit la source utilisée, à la fin des années 1990, les musulmans de France sont curieusement peu nombreux dans les enquêtes sur échantillon - et de manière peu compatible avec les évaluations nationales alors proposées. En revanche, à partir du tournant du siècle, leur poids augmente régulièrement, et à un rythme rapide. On peut voir la superposition de deux effets : la progression rapide de l'islam en France, essentiellement dans la population issue de l'immigration, mais aussi le recul de la sous-déclaration auparavant caractéristique de cette religion. Ce constat pose néanmoins la question de la signification de cette référence à l'islam, dont on doit se demander si elle n'est pas essentiellement culturelle plutôt que religieuse. La fréquentation de la mosquée et l'affirmation explicite d'une croyance que mesurent les enquêtes de l'Observatoire interrégional du politique démentent cette vision. Plus généralement, après d'autres, ces données contredisent certaines théories de la sécularisation qui semblent décidément devoir être reformulées.