PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Qu’apprend-on de l’indésirabilité lorsqu’elle est envisagée non comme objet de contrôle mais dans sa dimension productive, tant au niveau interactionnel qu‘affectif ? La question sert de fil conducteur à ce court essai, où l’indésirabilité réfère à une « impropriété situationnelle » telle qu’elle se manifeste dans une librairie de Shanghai, perturbant momentanément les conditions de la coprésence. Oscillant entre interactionnisme goffmanien et analyse des variations atmosphériques, la contribution met en évidence la socialité et les affects ordinaires que fait émerger l’indésirabilité. Celle-ci désorganise l’ordre interactionnel local autant qu’elle réorganise les possibilités d’engagements entre inconnus, orientés au-delà d’une restauration des conditions sensibles à la conduite des activités individuelles. En dialogue avec la littérature sur la socialité urbaine, l’article conclut sur le caractère heuristique des affects suscités par la situation, et décrits ici comme tempérés.
Paru dans la revue Vie sociale, n° 34-35, pp. 103-116.
Mots clés : Travail social : Formation, Protection de l'enfance, Pratique professionnelle, Formation, Recherche, Travailleur social, Émotion, Distance
Tandis que la littérature scientifique et institutionnelle pointe régulièrement l’inadéquation de la formation des professionnels de la protection de l’enfance aux exigences du secteur, tant sur le plan managérial que sur celui des pratiques, les évolutions attendues peinent à se concrétiser. Dans un contexte de transformation profonde du dispositif de protection de l’enfance, poussée par un cadre législatif renouvelé et l’apport croissant de connaissances sur l’enfant et son développement, comment repenser la formation des cadres et des travailleurs sociaux comme levier d’amélioration de l’intervention conduite auprès des familles, mais aussi des conditions d’exercice des professionnels ? Porteur d’une politique volontariste en matière d’accompagnement des acteurs de terrain, le département du Nord fait le pari d’une meilleure prise en compte des spécificités de cette mission dans l’organisation des formations, mais plus encore de réconcilier ces dernières avec la recherche et les pratiques professionnelles.
Paru dans la revue Vie sociale, n° 34-35, 2021, pp. 207-219.
Mots clés : Enfance en danger-Protection de l’enfance, Émotion, Distance, Affectivité, Protection de l'enfance, Relation travailleur social-usager, Pratique professionnelle, Vocation, Religion, Catholicisme, Judaïsme, Relation éducative, Apprentis d'Auteuil, Oeuvre de secours aux enfants
La non-implication des affects et la recherche de la « bonne distance » sont des références incontournables dans les formations de travailleurs sociaux, jusqu’à devenir des référents professionnels. En nous interrogeant dans cet article sur des établissements sociaux imprégnés par le religieux (le catholicisme pour les Apprentis d’Auteuil et le judaïsme pour l’Œuvre de secours aux enfants-OSE), nous verrons qu’il est des lieux qui accordent une attention bienveillante aux émotions dans les relations socio-éducatives, et questionnerons l’influence du religieux dans le rapport qu’ils entretiennent aux affects. Cet article interroge les tensions entre vocation et professionnalisme, mais aussi la place des émotions dans le travail socio-éducatif. Oscillant entre les dimensions affectives et la mobilisation du religieux, les deux structures construisent un regard spécifique sur les relations éducatives et sur les aspects que doit recouvrir le professionnalisme au-delà de sa dimension « fonctionnaire ».
Paru dans la revue Empan, n° 122, juin 2021, pp. 106-114.
Mots clés : Santé-Santé publique, Deuil, Aide soignant, Aide médico-psychologique, MAS, Témoignage, Tabou, Mort, Relation soignant-soigné, Attachement, Souffrance psychique, Vie privée, Implication personnelle, Distance, Émotion, Groupe de parole
Depuis une dizaine d'années, les études concernant le vécu des soignants lors du décès de patients se développent. Elle se déroulent principalement dans les services hospitaliers où les professionnels sont régulièrement confrontés à la mort : en soins palliatifs, en gérontologie, en réanimation... Mais qu'en est-il des soignants du secteur médico-social ? De ces lieux de vie où les résidents peivent rester des années, parfois toute une vie ?
Paru dans la revue Nouvelle revue de psychosociologie, n° 31, printemps 2021, pp. 65-80.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Adolescent, Analyse de la pratique, Approche clinique, Émotion, Estime de soi, Étude de cas, Exil, Groupe, Histoire familiale, Identité, Image de soi, Isolement, Lien social, Maltraitance, MECS, Médiation, Migration, Mineur non accompagné, Narcissisme, Parole, Photographie, Recherche, Réfugié, Représentation sociale, Souffrance psychique, Traumatisme, Violence
Exposés à des violences extrêmes au cours de leur parcours migratoire, les adolescents exilés ont dû affronter une position de solitude, parfois associée à un saut dans le vide, au risque de se retrouver hors du monde. Ces expériences ont engendré une effraction des contenants intrapsychique, intersubjectif et transsubjectif et une panne du travail d’historisation. Le temps psychique de l’adolescence est alors suspendu, écrasé, laissant comme un trou entre l’enfance et l’âge adulte, empêchant le sujet d’occuper des positions identificatoires dans une dialectique entre permanence et changement. Le groupe à médiation photolangage est envisagé comme un dispositif favorisant la figuration des traumatismes et la réhumanisation du lien à l’Autre humain adulte, en s’appuyant sur le groupe comme figure secourable.
Paru dans la revue Empan, n° 121, mars 2021, pp. 42-50.
Mots clés : Travail social : Métiers, Travail social, MECS, Adolescent, Théâtre, Traumatisme, Émotion, Créativité, Confiance
Quand ce petit rien qu’est le « jeu théâtral » autorise le déplacement des « je » de gamins ayant vécu des événements traumatiques graves au cours de leur très courte histoire de vie.
Article de Pierre Piré Lechalard, Delphine Van Hoorebeke
Paru dans la revue Revue internationale de psychosociologie et de gestion des comportements organisationnels, vol. XXVII, n° 68, 2021, pp. 5-30.
Mots clés : Travail-Emploi, Émotion, Management, Décision, Psychologie du travail, Groupe de travail, Leader, Influence sociale, Imitation
Des recherches ont montré qu’une décision ne peut être prise en excluant les émotions de l’équation, pendant que d’autres ont avancé que les émotions sont contagieuses. De notre côté, nous avançons qu’elles peuvent être un véhicule des décisions au sein d’un groupe de travail et que, dans ce cas, les décisions se diffusent plus rapidement que sous une diffusion cognitive de l’information. Pour aller plus loin dans la réflexion, nous pensons que la présence d’individus que nous qualifions de leaders d’émotion (agents contaminants) ainsi que d’individus récepteurs émotionnels (agents contaminés) augmentent la contagiosité d’une décision, en particulier dans les organisations. Si de nombreuses études ont porté sur la prise de décision managériale, leur diffusion sous influence émotionnelle reste peu approfondie. De même, les décisions non-programmées (non routinière) ont été peu étudiées. La présente étude se propose, ainsi, de montrer cette influence au travers d’une expérimentation couplée à une méthodologie sociographique. Cette expérience permet (1) d’isoler l’adoption d’une décision prise sous influence des émotions (2) de mettre en exergue le seuil de résistance émotionnelle (le niveau de porosité aux émotions) des individus d’un réseau social et (3) de préciser le rôle des leaders d’émotions pour l’acceptation d’une décision non-programmée dans un système social. L’étude confirme que les émotions sont des signaux d’alertes qui accélèrent la diffusion des décisions non-programmées, révèle un rôle ambivalent des leaders d’émotion et la faculté à « mimiquer » des résistants émotionnels. La discussion des résultats met en lumière les capacités et valeurs essentielles des leaders d’émotion.
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 42, n° 1, janvier 2021, pp. 9-22.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Relation d'aide, Thérapie, Confort, Pratique professionnelle, Implication personnelle, Émotion, Corps, Psychologie, Psychothérapie
En tant que thérapeute peut-on légitimement parler de notre "confort" ? Comment définir cette notion ? Sur quoi repose-t-elle ? Au-delà de ces questions qui viennent confronter nos valeurs personnelles et professionnelles ainsi que notre représentation de la relation d'aide, cet article propose une réflexion sur l'utilité de penser en ces termes dans notre travail. On abordera comment cette grille de lecture favorise un engagement authentique de l'intervenant au travers d'une attention particulière portée à ses émotions et à celles de ses patients. On découvrira également de quelle manière cette posture lui permet de s'impliquer dans le processus sans se perdre dans le dédale de la complexité de certaines problématiques, ni se retrouver prisonnier des enjeux institutionnels et de la collaboration au sein du réseau. Prendre soin de son confort devient alors une invitation pour le thérapeute à développer des interventions "au service de la thérapie" qui offrent des possibilités de changement et qui réintroduisent un mouvement vers la vie.
Article de Laura Perichon, Charlotte Cisterne, Isabelle Duret
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 42, n° 1, janvier 2021, pp. 59-77.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Deuil, Culture, Mort, Approche systémique, Thérapie, Accompagnement, Famille, Psychologie, Jeu de société, Émotion
Afin de mieux comprendre et accompagner les familles endeuillées, la combinaison de deux courants théoriques du deuil - l'un ethnopsychologique, l'autre systémique - est exposée, invitant ainsi à penser l'existence et la transformation des relations entre vivants et morts suite à un décès. L'analyse d'une situation familiale rencontrée dans le cadre d'une recherche illustrera comment l'inclusion de la représentation et du lien avec le défunt dans l'accompagnement de familles endeuillées peut avoir une portée thérapeutique significative. Dans le cas présenté, le défunt est mobilisé comme agent du dispositif thérapeutique à l'aide d'un objet flottant (Dixyst), conduisant à une transformation conjointe du statut du défunt et du système familial.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXIII, n° 2, juin-décembre 2020, pp. 119-133.
Mots clés : Accompagnement de la personne et identité, Équipe soignante, Altérité, Émotion, Pédiatrie, Soutien psychologique, Mort, Burn out, Souffrance psychique
Soigner en milieu extrême, en réanimation pédiatrique et a fortiori en soins palliatifs de l’enfant, est une expérience intense, qui nécessite de se laisser atteindre émotionnellement. Les témoignages d’infirmiers, médecins et aides-soignants illustrent l’ambivalence entre la richesse de l’expérience vécue par les soignants en réanimation pédiatrique et le caractère effractant de cette expérience, pouvant conduire à l’épuisement professionnel. Cet article propose de mettre un mot sur le vécu tout à fait spécifique des soignants de milieux extrêmes. Je nomme « fonction d’altérance »la capacité d’une interaction émotionnellement intense de nous transformer, tout d’abord de façon positive pour le soignant mais qui, poussée à l’extrême, est destructrice. Le terme d’altérance, par sa double connotation d’altération et d’altérité, exprime l’ambiguïté entre un risque de corruption par l’autre, pouvant aller jusqu’au burn-out, et la possibilité d’une ouverture à l’autre, conduisant à une transformation psychique parfois coûteuse, toujours maturative. Si elle est perçue, reconnue, nommée, la fonction d’altérance permet au soignant de reconnaître en lui cette entame par l’altérité, cette altérance venue de l’autre, et dès lors de pouvoir l’accueillir en acceptant l’exigence qu’elle suscite : celle de se ressourcer, se dés-altérer, auprès des autres soignants, dans la réflexion intellectuelle, dans la sublimation, dans le travail thérapeutique, par tous les créateurs de sens. Comment accompagner cette fonction d’altérance ? Le rôle d’un psychologue spécifiquement dédié à l’équipe soignante sera abordé.