PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Article de Maïté Juan, Elisabeth Bucolo, Léa Billen
Paru dans la revue L'Homme et la société, n° 218, janvier-juin 2023, pp. 243-274.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Écologie, Urgence, Association, Militantisme, Approche systémique, Citoyenneté, Implication personnelle, Bénévolat, Norme, Culture
L’urgence écologique transforme les modes de militantisme, de gouvernement et d’intermédiation de l’agir écologique. À partir d’une enquête au sein de l’association Astérya, cet article entend apporter une contribution, d’une part, à la compréhension des verrous empêchant la concrétisation et la pérennisation des engagements écologiques et, d’autre part, à l’analyse des démarches d’accompagnement associatif susceptibles de déverrouiller ces blocages pluriels à différentes échelles : individuelle, organisationnelle et territoriale. Nous avançons que l’accompagnement opère comme un vecteur de requalification des engagements écologiques, suscitant des recompositions dans la manière dont les acteurs, individuels et collectifs, interprètent, négocient et (re)construisent leur militantisme écologique. Toutefois, nous soulignons la dimension partielle et en « demi-teinte » de ces processus de requalification, renvoyant aux limites des démarches d’accompagnement, qui restent pourtant déterminantes pour ancrer dans la durée les dynamiques de transition écologique citoyenne.
Paru dans la revue L'Homme et la société, n° 218, janvier-juin 2023, pp. 217-242.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Agriculture, Écologie, Économie, Approche historique, Contrainte, Environnement, Consommation, Influence sociale, Évolution, Changement, Société
Nous étudions comment l’adaptation aux enjeux environnementaux des petits et moyens agriculteurs, cœur de la profession agricole, participe de manière décisive aux transformations agricoles actuelles. À partir d’une enquête menée en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, nous montrons que cette adaptation a pour fondement une évolution de l’ethos d’une partie des membres de cette fraction de classe. Nous observons notamment chez les agriculteurs rencontrés une importance croissante accordée aux activités gestionnaires et commerciales, ainsi qu’une plus grande collaboration entre pairs. Ces composantes s’inscrivent dans le sillage d’une aspiration toujours très forte à l’autonomie. Nous formulons l’hypothèse que s’ouvre dans la décennie 2010 une nouvelle période dans le processus d’évolution environnementale de l’agriculture marquée par une recomposition de la contradiction économie/environnement, contradiction apparue avec le développement des premières mesures agro-environnementales de la politique agricole commune (PAC) au début des années 1990.
Paru dans la revue L'Homme et la société, n° 218, janvier-juin 2023, pp. 193-216.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Milieu naturel, Évolution, Danger, Biodiversité, Développement durable, Agriculture, Justice, Politique, Mouvement social, Etats Unis d'Amérique, France
Cette contribution analyse, pour les États-Unis et la France, ce qu’implique la stratégie judiciaire comme instrument d’action et la posture du juge lorsqu’il est confronté à la désobéissance civile en matière climatique. Aux États-Unis, les discordances d’interprétation quant aux conditions du recours à la défense de nécessité climatique témoignent des tensions entre justice et politique. Si la question de la séparation des pouvoirs demeure prégnante, admettre la défense de nécessité climatique, puis la reconnaître applicable, permet d’acter au prétoire les réticences politiques à légiférer en matière de lutte contre le changement climatique, voire d’en dénoncer les défaillances. Néanmoins, lorsque le juge admet que l’action de désobéissance civile a comme motif légitime l’urgence climatique, sort-on du cadre de l’exigence de neutralité de la justice ? La « victoire » obtenue devant le juge, confortée par celui-ci, sert-elle alors à légitimer les actions de désobéissance civile ? La justice devient-elle un élément d’évaluation des politiques publiques ? En France, l’interprétation plus restrictive de l’état de nécessité pose également la question de savoir s’il est possible d’agir par nécessité lorsque l’action incriminée est par essence politique.
Paru dans la revue L'Homme et la société, n° 218, janvier-juin 2023, pp. 111-131.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Écologie, Danger, Politique, Pollution, Déchet, Technologie, Évolution, Changement, Milieu naturel, Énergie, Développement durable, Anthropologie
Quoique la technologie joue un rôle prépondérant dans les désastres écologiques en cours, son rôle a souvent été minoré au profit de déterminants sociaux, idéologiques voire biologiques supposément plus primordiaux. Au contraire, il s’agit de montrer que la technologie est porteuse d’une tendance propre, d’un effet émergent qui empêcherait de la réorienter complètement pour produire une technologie (appuyée sur la science et l’ingénierie et optimisée rationnellement) compatible avec l’écologie. En particulier, la voie des « technologies vertes » telles qu’illustrée par le domaine des énergies renouvelables apparaît comme une impasse contreproductive, tandis que l’emprise de sciences naturelles gestionnaires sur la définition des enjeux de l’écologie produit une puissante dépolitisation et naturalisation de ces questions. Ajouter aux critiques du capitalisme ou de l’anthropocentrisme une approche technocritique est donc une nécessité.
Paru dans la revue L'Homme et la société, n° 218, janvier-juin 2023, pp. 87-110.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Écologie, Politique, Environnement, Philosophie, Milieu naturel, Capitalisme, Besoin, Population, Autonomie, Mondialisation, Croissance économique, Conscience collective, Marxisme, Gorz (André)
L’écologie politique peut-elle être anthropocentrée sur le plan pratique, c’est-à-dire ne reconnaître de valeur qu’au sujet humain et non à tout être vivant ? C’est la position d’André Gorz, qu’il justifie par son existentialisme matérialiste marxiste, qui se déploie sur le plan anthropologique et métaéthique. Le sujet humain évolue dans un monde antinaturel, culturel de part en part, et fonde les normes qu’il attribue ensuite à ce qui l’entoure. Il ne valorise pas alors une « nature » mais son « milieu de vie », situation matérielle toujours singulière, qu’il défend, dans une perspective d’émancipation, face aux forces capitalistes et technocratiques qui tentent de se l’approprier.
Paru dans la revue L'Homme et la société, n° 218, janvier-juin 2023, pp. 45-68.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Milieu naturel, Environnement, Écologie, Politique sociale, Philosophie, Anthropologie, Théorie, Activité, Population, Latour (Bruno)
L’objet de cet article est de « dénaturaliser l’écologie », que l’on comprendra ici comme une tentative de saisir l’écologisme avec les moyens de la raison. Nous procédons en deux parties. La première cherche à clarifier ce concept de nature qui est mobilisé par ce mouvement que les institutions considèrent notamment comme des « usagers de la nature » (Conseil économique, social et environnemental), avec les chasseurs et les pêcheurs. Nous distinguons cinq sens possibles. La seconde partie focalise sur le changement de modes de vie auquel l’écologisme s’emploie depuis ses origines officielles, dans les années 1960 et 1970. En suivant les distinctions proposées par des sociologues s'appuyant sur cette ontologie sartrienne dans laquelle André Gorz allait puiser son inspiration, nous distinguons les modes de vie, styles de vie, genres de vie et système, les séries, les groupes et nous soulignons l’importance du quasi-souverain.
Paru dans la revue L'Homme et la société, n° 218, janvier-juin 2023, pp. 13-15.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Sociologue, Sociologie, Science politique, Mouvement social, Acteur social, Conflit, Recherche-action, Reproduction sociale, Émancipation, Touraine (Alain)
Alain Touraine vient de disparaître, à presque 98 ans, une longévité comparable à certains de ses collègues et amis tels que Georges Balandier ou Edgar Morin. Il a profondément influencé la sociologie française et mondiale, surtout de langue française ou espagnole. Il a également pesé sur le mouvement syndical, notamment la Confédération française démocratique du travail (CFDT). Il a formé des générations de sociologues en leur enseignant la portée de sa « sociologie de l’action » et l’importance des mouvements sociaux, non seulement pour la démocratie, mais aussi pour une meilleure compréhension du changement social.
Paru dans la revue Revue française de pédagogie, n° 219, 2023/2, pp. 129-178.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Formation, Enquête, Éducation, Expérience, Recherche, Sciences de l'éducation, Dewey (John)
La Théorie de l’enquête de John Dewey fait, depuis plus d’une vingtaine d’années, l’objet d’un regain d’intérêt en sciences humaines et sociales (SHS) et notamment dans le domaine des sciences de l’éducation et de la formation (SEF). Les travaux qui la convoquent ne se contentent pas d’une simple relecture ou redécouverte de ce concept central et emblématique de la théorie de l’expérience de Dewey. Ils réinterrogent ses origines, sa nature et ses potentialités pour aborder les problématiques, les enjeux et les défis contemporains qui traversent le monde de l’éducation et de la formation. Ce phénomène de « retour à l’enquête » s’inscrit, plus fondamentalement, dans une démarche analysant les processus d’apprentissages, d’enseignement, d’éducation, de formation ou d’accompagnement sous un jour renouvelé en s’appuyant sur une théorie suffisamment robuste et universelle de l’expérience.
C’est en partant de ces constats et des enjeux scientifiques qui leur sont liés que cette note de synthèse étudie les fondements de la Théorie de l’enquête, son originalité, sa réception et les différents types d’usages contemporains qui en sont faits.
Paru dans la revue La Revue française de service social, n° 289, juin 2023, pp. 12-20.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Bientraitance, Philosophie, Care, Travail social
De la révélation d’une situation de maltraitance à l’intervention censée être réparatrice du travail social, la vulnérabilité humaine est mise à nu. La souffrance sociale montre la difficulté de conformer la vie humaine aux apparences réglées de l’existence en société. La norme de la bientraitance sociale se mesure-t-elle à l’aune de ses effets sur ses bénéficiaires, ou constitue-t-elle la simple prescription d’un objectif à atteindre ? La définition de l’homme par la vulnérabilité réhabilite la sensibilité au détriment de la raison, met en lumière les affects aux dépens de la volonté, et substitue l’éthique à la morale.
Paru dans la revue Empan, n° 130, juin 2023, pp. 130-133.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Prison, Prise en charge, Psychothérapie, Pédophilie, Psychologie, Pulsion, Sexualité, Passage à l'acte, Relation soignant-soigné, Mineur
Le travail en prison confronte le psychologue- thérapeute à une clinique du déchaînement pulsionnel. Le terme « pédophilies » ne peut être énoncé au singulier. Certains passent à l’acte suite à une dimension traumatique qui a été sexualisée, d’autres à cause d’une problématique incestueuse majeure non résolue ; pour d’autres, la jouissance destructive est tout simplement recherchée. Face à cette clinique multiple qui peut nous donner parfois le sentiment d’être impuissant, il nous faut être capable de dépasser des affects qui viendront se loger dans la prise en charge : rejet, dégoût et colère.