PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Article de Didier Lauru, Jean Yves Le Fourn, Bernard Golse, Elisabeth Darchiset al.
Paru dans la revue Enfances & psy, n° 89, 2021, pp. 6-161.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Enfance en danger-Protection de l’enfance, Haine, Affectivité, Violence, Adolescent, Jeune, Nourrisson, Enfant maltraité
La haine est un des affects fondamentaux qui structurent le sujet humain dès son plus jeune âge. Dans le développement de l’enfant, elle peut se manifester sous des symptômes très divers, dans le langage et/ou dans ses agirs, comme le met en évidence la clinique des adolescents. Nous observons une montée en puissance de la haine dans les rapports entre les enfants ou chez les adolescents. L’autre est stigmatisé, raillé ou rabaissé, au nom d’une différence. À partir de ces constats, quelles élaborations peuvent nous aider à mieux penser la haine et ses figures contemporaines ?
Paru dans la revue Le Journal des psychologues, n° 387, mai 2021, pp. 54-58.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Jeunesse-Adolescence, Violence, Adolescent, Technologie numérique, Vidéo, Enfant, SESSAD, Médiation, Psychothérapie
Les écrans, le numérique et sa pléthore d’applications ont fait irruption dans notre société et, de fait, dans la vie des patients et nos consultations. Le cas clinique de Sacha, qui retrace deux années de thérapie avec un préadolescent suivi en sessad, en proie à des comportements violents à l’école et à la maison, et fasciné par les vidéos sur Internet, en est une illustration. L’occasion pour l’auteure de proposer une réflexion sur la place que vient prendre le numérique dans les psychothérapies d’enfants, et plus précisément sur l’utilisation de YouTube en tant que médiation numérique au sein de l’espace thérapeutique.
Cet article décrit le fonctionnement d’une équipe pluridisciplinaire de pédopsychiatrie dans l’accompagnement d’adolescents hospitalisés pour anorexie mentale sévère. Laissant tomber le contrat de poids au profit d’un « contrat moral », notre modèle de prise en charge invite le patient et le soignant à faire l’expérience d’une rencontre intersubjective hédoniste nécessaire pour dépasser les illusions et les dénis communs. Nous verrons comment notre positionnement, libéré de certaines « contraintes » et « privations », permet aux adolescents dits anorexiques d’accepter un retour de l’ordre naturel des choses dans la sécurité et le plaisir.
L’adolescence peut se définir de multiples façons et l’arrivée au monde adulte est complexe, d’autant plus lorsque l’on est suivi pour une maladie chronique. Ce constat, appliqué au champ de la psychiatrie, a induit un travail collaboratif entre les services infanto-juvénile et adulte sur notre territoire de santé. Au-delà de pratiques de soins réfléchies en équipe, coordonnées, voire conjointes, que nous exposerons, notre réflexion s’appuiera sur la présentation de vignettes qui résument la complexité et la nécessité d’un travail de liaison. Cette richesse clinique et la quasi-absence d’études concernant le domaine de la santé mentale nous ont conduits à proposer des modalités de travail pour un relais sécure entre les deux services infanto-juvénile et adulte, mais aussi à conduire une recherche dans le domaine de la transition en psychiatrie.
Les adolescents en souffrance psychique nous mettent au travail et nous obligent à décloisonner nos institutions. Le partenariat entre les services de pédiatrie et les centres médico-psychologiques (cmp) devient une réalité nécessaire pour le bien-être de nos patients. Il s’agit de réunir deux fonctionnements et deux temporalités. C’est une rencontre unique entre deux cultures différentes, qui se complètent et se nourrissent l’une l’autre.
Nous évoquerons les liens qui unissent la pédiatrie et les cmp à travers une unité de médecine de l’adolescent : l’Unité d’accueil et de crise de l’adolescent de l’hôpital de Neuilly-sur-Seine.
Le « centre médico-psychologique » (cmp) a une histoire. De nombreuses histoires individuelles racontant la vie de plusieurs générations d’équipes de secteur, mais également une histoire propre. Anciennement nommé dispensaire d’hygiène mentale, la circulaire du 16 mars 1972, acte de naissance de la psychiatrie infanto-juvénile de secteur, le définit comme « l’élément de base du dispositif de secteur », « un centre de diagnostic et de traitement ambulatoire pour enfants ». La période de sa naissance est aussi celle de la refondation de l’institution hospitalière, des controverses liées à la loi sur le handicap et d’un mouvement psychiatrique en plein essor.
À l’heure où certains cmp sont fermés, regroupés, fusionnés ou menacés, retracer l’histoire des centres médico-psychologiques, le contexte historique et sociologique, à travers la consultation des archives de différents ministères, prend tout son sens.
Article de Camille Monduit de Caussade, Ludovic Cacheux, Louise Emilie Dumas, Anaelle Kleinet al.
Paru dans la revue Enfances & psy, n° 88, 2020, pp. 6-141.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, CMP, Enfant, Adolescent, Prise en charge, Santé mentale, Psychiatrie infantile, Traitement statistique, Enquête, Professions statuts et catégories professionnelles, Usager
Les centres médico-psychologiques (CMP), pivot des dispositifs des secteurs de pédopsychiatrie publique en France, sont aujourd’hui très critiqués. Listes d’attente, attachement à un modèle dit dépassé, quels changements sont attendus ? Son modèle actuel semble pourtant répondre en grande partie aux recommandations des nouvelles politiques de santé mentale : d’accès gratuit, réparti uniformément sur le territoire, offrant des soins de proximité incluant « l’aller vers », généraliste, c’est-à-dire accueillant toute demande de soins psychiques de 0 à 18 ans, attaché à la continuité des parcours, ouvert aux familles et aux partenariats. Pour autant, rester sourd aux critiques risque d’aggraver sa fragilité, et la vitalité d’une institution se mesure à l’aune de sa dynamique évolutive. Innover en termes d’accueil, inventer, créer, s’enrichir de nouvelles pratiques, sera au cœur de ce numéro, qui ne manquera pas d’aborder également la question des moyens.
Article de Claire Viardot, Alice Titia Rizzi, Marie Rose Moro
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXIII, n° 1, janvier-mai 2020, pp. 73-92.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Adolescent, Trouble du comportement alimentaire, Anorexie, Groupe thérapeutique, Écriture
Cet article s’intéresse à la narrativité des adolescentes souffrant d’un trouble du comportement alimentaire de type anorexique. Les adolescentes sont hospitalisées dans le service de soins de la Maison des adolescents – Maison de Solenn pour des durées variables et leur prise en charge pluridisciplinaire propose un temps de groupe hebdomadaire centré sur l’écriture thérapeutique. Notre recherche, à travers une méthodologie qualitative, souhaite explorer les productions des patientes afin d’interroger l’évolution des processus thérapeutiques en jeu dans le groupe d’écriture.
La phobie scolaire de l’adolescent confronte régulièrement le clinicien à une singulière résistance aux thérapeutiques entreprises, qu’elles soient ambulatoires ou institutionnelles. Pour contourner cette impasse, nous proposons de considérer l’école non seulement comme le lieu des apprentissages, ou celui qui symbolise la séparation d’avec la mère, mais également comme un synchronisateur externe de rythmicités. Au travers d’une situation clinique, nous explorons le registre autistique de fonctionnement qui se déploie chez un adolescent lorsqu’il est confronté à la question scolaire. Nous émettons l’hypothèse que des défaillances répétées dans l’accordage rythmique, des microtraumatismes précoces ayant empêché qu’un rythme de sécurité s’installe dans la relation primaire, entretiennent une strate autistique de la psyché, réglée sur un rythme mécanique. Les bouleversements pubertaires, en modifiant le rapport au temps qui s’est construit dans l’entrelacs des rythmes, ravivent les traumatismes dysrythmiques précoces. Une discontinuité, une rupture dans la synchronisation externe (vacances scolaires, arrêt maladie, etc.) peut alors déclencher l’éclosion des troubles. La co-création d’une enveloppe rythmique sécurisante va alors constituer à la fois un préalable et une amorce du lien thérapeutique.
Article de Sabine Prokhoris, Jeanne Favret Saada, Fabio Landa, et al.
Paru dans la revue Le Coq-héron, n° 240, mars 2020, pp. 9-117.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Santé mentale-Souffrance psychique, Psychanalyse, Psychanalyste, Langage, Mensonge, Violence, Littérature, Poésie, Bisexualité, Épistémologie, Bientraitance, Radicalisation, Adolescent
Ivan Klima a créé une formule : « la langue simiesque où quelqu'un fait semblant de parler et quelqu'un fait semblant d'écouter ». Walter Benjamin disait que ce que nous lisons le matin est le produit du viol des mots pendant la nuit. Karl Kraus, implacable défenseur de la langue, qui a été assisté dans ses conférences par des auteurs comme Canetti, Musil, Benjamin, a fondé une revue pour défendre la langue et les mots. Chaque génération est confrontée à la possibilité de la fin des mots et au retour de la force brute sans médiation. De toute évidence, la nôtre n'échappe pas à cette perspective. Les attaques aux mots et, en fin de compte, la hargne contre la possibilité de penser sont bien présentes. Avec les nouveaux outils de communication de masse, les prétendus réseaux sociaux (ou toiles d'araignées) semblent confirmer le sombre diagnostic de Heidegger : le logos est devenu prosa et maintenant reden (blablabla). Tuer les mots par le mensonge, l'hypocrisie, la froideur, l'indifférence, les fake news, les différentes « narratives », le négationnisme, le révisionnisme, etc., c’est aujourd'hui monnaie courante. Où sommes-nous, nous psychanalystes ? En voie de perdre notre raison même d'exister ? Sommes-nous en mesure de d'évaluer l'étendue de la détresse une fois que chaque mot dit tout et son contraire ? Ce numéro aurait la vocation – en suivant très humblement Viderman, comme des naufragés dans une île perdue – de lancer une bouteille à la mer.