Il aboie, il grogne, il mord, il pue, il défèque, il porte des parasites, transmet des maladies : autant de raisons pour lesquelles il faut s’en méfier et s’en prémunir. Mais les caractéristiques du chien font de ce compagnon un allié pratique idéal pour la vie à la rue. Le chien serait-il plus humain que nous-mêmes ? Il est celui qui reconnaît l’homme en tant que tel, même lorsque les hommes eux-mêmes ne le font pas. Le chien ne pourrait-il pas être considéré comme un support à l’intervention, voire un collègue, par les travailleurs sociaux ? La place qui lui est laissée dans les institutions ne dépendrait-elle pas de celle que l’on veut bien lui donner dans nos esprits ? Il ne s’agirait alors non pas de laisser une place à l’animal, qui vient la prendre indubitablement en impactant l’accompagnement, mais d’opérer une remédiation cognitive de manière à ce que cet impact puisse représenter une opportunité de construction.

Après un retour sur une expérience professionnelle dans la fonction managériale auprès de travailleurs sociaux, l’auteure développe différents éléments contextuels dans lesquels peut s’inscrire la fonction managériale. Ces éléments contextuels et des données recueillies auprès de travailleurs sociaux lui permettent de proposer des modalités d’accompagnement dans le management des équipes en s’appuyant notamment sur la question du sens à donner aux interventions sociales. L’accompagnement des travailleurs sociaux dans la recherche du sens donné ou à donner à leurs interventions sociales étant un élément constitutif majeur de la légitimité du manager dans l’action sociale.

La question de l’obscène est interrogée dans le cadre de la protection de l’enfance. Je fais l’hypothèse que les démarches de lecture de dossier par exemple, sous-tendues par des motivations idéologiques et non cliniques, peuvent faire effraction pour un sujet qui n’est pas nécessairement demandeur ni préparé à lire un récit rédigé par un tiers. Comment les professionnels peuvent-ils composer entre ces deux notions que sont « les attentes » d’une part et « les besoins » d’autre part ? L’approche husserlienne et phénoménologique nous permettra d’éclairer ce glissement qui peut alors être qualifié d’obscène en ce sens qu’il serait un « trop », car guidé non plus par les éléments issus de l’observation clinique, mais par des présupposés s’appuyant sur des connaissances acquises devenues croyances généralisées et appliquées sans plus être interrogées.

Cet article présente le dispositif de "L'Espace des Possibles" initié par "Mon imaginarium", association lilloise, alliant outils art-thérapeutiques et systémiques pour accompagner les jeunes en difficultés d'insertion sociale et professionnelle. Avec un éclairage préalable sur la spécificité de l'art-thérapie comme méthode d'accompagnement et de l'outil du conte, un des supports d'expression dans ce protocole, est développé le parcours en cinq étapes de "L'espace des Possibles". Eprouver l'altérité, clarifier des envies et intentions, valoriser les potentiels, acquérir de nouvelles clés de compréhension pour lever des blocages, révéler les ressources de chaque participant pour avancer dans son projet de vie est l'enjeu de cet espace singulier. Il créé un pont entre les épreuves éprouvées de ces jeunes et l'épreuve symbolique traversée par laquelle chacun témoigne de cette capacité créative à transformer et re-créer en expérimentant de nouveaux savoir-faire et savoir-être.

Le carnet de Laisse ton empreinte, méthodologie particulière d’entretien, puis d’écriture du témoignage en vue de remettre à la personne une trace singulière qui porte son nom et lui appartient modifie le cadre habituel de l’accompagnement quel que soit le champ d’intervention. C’est ce que montre le récit de l’expérimentation menée par des travailleurs sociaux auprès de jeunes de la Protection de L’enfance : en quoi donner une autre place au jeune impacte la posture du professionnel, facilite le compagnonnage et la reconnaissance mutuelle.

Des notes et des observations saisies en situation d’apprentissage par une formatrice dans une école de travail social. Comment procède l’accompagnement de l’apprenant ? Qu’est-ce qui fait apprentissage ? La formation : une histoire de réciprocité dans les couloirs des lieux parfois très communs avec et au-delà d’une histoire de notes.

François, éducateur spécialisé, accepte de jouer. Pour un temps, un court instant, il sera « Papa ». Mais les règles du jeu sont mal définies. Elles s’écrivent sur le moment, au présent. Les contours en sont troubles et flous. Jeu dangereux, nécessaire, mais qui semble ancré dans l’impossible, si l’adulte peine à s’y trouver à son aise, l’enfant, lui, semble quelque peu en saisir les limites.

Dans un contexte de complexification du travail social, les « nouveaux métiers » parmi lesquels on retrouve les pairs-aidants sont souvent désignés comme responsables de la précarisation fonctionnelle du secteur du travail social. Pourtant, ces derniers sont victimes des mêmes types de difficultés dénoncées par leurs détracteurs. Ils sont ainsi à la fois vecteurs et victimes d’une précarisation tant fonctionnelle qu’identitaire, sociale et financière du travail social.

Cet article propose un point de vue sur le quotidien de la formation initiale des éducateurs de jeunes enfants (EJE) pour mettre en évidence les éléments de projet pédagogique et les conditions de l’accueil et de la rencontre des étudiants. Les apprentissages nécessitent la mise en œuvre de conceptions et de pratiques précises en formation à partir de méthodes variées principalement participatives. Ces choix pédagogiques ne sont pas inédits mais favorisent l’implication progressive des étudiants et l’exploration des savoirs et compétences socio-éducatives. En orientant la construction progressive des compétences et leur validation articulée aux terrains professionnels, l’accompagnement attentif des étudiants est un chemin à la fois balisé et aléatoire qui engage une vision sociétale et philosophique de l’action sociale et qui reste nourri des capacités d’affiliation des individus.

La pédagogie qui accompagne la professionnalisation des étudiants appelle les formateurs à transmettre des valeurs intrinsèques au métier d’éducateur spécialisé (ES) qui demande respect et considération des personnes accompagnées. Les étudiants accueillis au sein de l’institut de formation dans lequel exercent les auteurs découvrent souvent un secteur d’activité et une posture professionnelle nécessaire à la rencontre avec les personnes en situation de vulnérabilité et les terrains professionnels. En tant que « référent de parcours », les auteurs, formateurs et responsables de formation les accompagnent alors dans un travail de conceptualisation de leurs pratiques.