PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Il arrive que l’imprévisible fasse violemment irruption en se manifestant physiquement, paralysant la capacité même de pensée du clinicien qui se trouve anéantie par l’inintelligible : par ce qui ne peut être entendu.
Devant l’irreprésentable d’un vécu hors humanité – hors loi fondamentale régissant les liens entre les humains –, c’est le corps qui prend le relais de la pensée. Ce contretransfert comme incorporé avertit le clinicien d’une irréfragable transgression, d’un hors pensée ne pouvant, à l’instar de la mort, s’inscrire dans la psyché. Le concept de registre originaire élaboré par Piera Aulagier (1975) permet de rendre compte de ce qui, non représenté, ne peut être métabolisé. Dans le récit qu’on va lire, c’est d’abord le corps de la clinicienne qui métabolisera ce qui ne peut l’être par la jeune personne reçue en consultation.
La surprise est par essence déstabilisante et on peut penser que le thérapeute a besoin de s’en prémunir. Pourtant, il existe de bonnes surprises. Celles-ci peuvent alors ouvrir au changement. Parfois elles se manifestent dans le processus thérapeutique, sans avoir été cherchées par le thérapeute. Mais plus intéressantes sont les surprises qui s’inscrivent dans un travail spécifique. C’est ce qui est présenté dans ce texte dans une optique systémique. L’auteur rappelle d’abord la finalité et les principes des thérapies stratégiques, qui ont visé la suppression des symptômes par l’attaque de leur fonction en utilisant des interventions paradoxales. Mais il est surtout question ici de l’utilisation thérapeutique de la surprise dans une approche constructive qui se veut une ouverture à la vie émotionnelle. Celle-ci est abordée à travers des exemples cliniques, aussi bien sous l’angle de l’intersubjectivité dans la famille que sous l’angle des résonances qui peuvent s’établir entre le thérapeute et l’ensemble familial.
Paru dans la revue Dialogue, n° 221, septembre 2018, pp. 75-88.
Mots clés : Justice-Délinquance, Terrorisme, Violence, Société, Psychanalyse, Contre-transfert, Écoute
Comment le clinicien peut-il penser et accueillir l’actuel lorsque, sur fond de malaise terroriste, l’après-coup tarde encore à se manifester ? Comment peut-il communiquer sur l’impensable de la violence lorsque celle-ci frappe encore à nos portes et résonne en nous ? À travers l’écriture « clinico-fictionnelle associative », l’auteur se propose de dégager quelques pistes de réflexion sur les effets du contretransfert et de la violence sociétale afin d’en faciliter la traversée intérieure, collective et singulière, au service d’une clinique qui finira inévitablement par lier violences ordinaires et événements extraordinaires.
Article de Mathilde Laroche Joubert, Marion Feldman, Marie Rose Moro
Paru dans la revue Dialogue, n° 219, mars 2018, pp. 125-138.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Contre-transfert, Traumatisme, Relation enfant-mère, Périnatalité, Groupe
Le travail d’analyse et d’élaboration du contretransfert des soignants est au cœur de la relation de soin. Dans le cadre de la prise en charge des patients traumatisés, le thérapeute est confronté à des vécus internalisés spécifiques résultant d’expériences traumatiques subies dont la réalité doit être reconnue par les soignants afin de ne pas risquer une sidération de leur pensée. De plus en plus de dispositifs de groupe sont proposés, groupes de patients mais également groupes de soignants. Cette recherche s’intéresse aux manifestations contretransférentielles émergeant en groupe chez des thérapeutes face à une dyade mère-bébé ayant vécu des événements de vie traumatiques. Ces manifestations sont étudiées à partir de la mise place d’un dispositif de recherche dans différents lieux de soin : le focus group. Une illustration de celui-ci est proposée, il met en valeur la créativité d’un cadre groupal pour une clinique du traumatisme psychique et de la périnatalité.
Paru dans la revue Dialogue, n° 218, décembre 2017, pp. 125-140.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Violence, Adolescent, Fonction contenante, Thérapie de groupe, Subjectivité, Pluridisciplinarité, Approche clinique, Contre-transfert
Cet article présente les effets d’un dispositif de rencontre transdisciplinaire dans l’accompagnement des adolescents commettant des agirs violents. Ces adolescents ont subi une double faillite de la fonction contenante dans les liens primaires et souffrent d’une faillite de la fonction de la groupalité psychique. À travers l’agir violent, produit et producteur de leur errance subjective, ces adolescents expulsent des fragments de subjectivité brute. La méthodologie transdisciplinaire, adossée à la pensée complexe du sociologue Edgar Morin, permet de constituer un maillage contenant pour et surtout avec ces adolescents. La situation de Dorothée illustre l’effet subjectivant des rencontres transdisciplinaires en tout petit groupe. L’article montre comment l’approche clinique reposant sur une telle posture instaure un portage psychique groupal pour ces sujets et relance le processus de subjectivation.
Article de Daniel Derivois, Emilie Charpillat Richard
Paru dans la revue Dialogue, n° 218, décembre 2017, pp. 111-123.
Mots clés : Enfance en danger-Protection de l’enfance, Filiation, Traumatisme, Placement, Enfant placé, Protection de l'enfance, Fantasme, Violence conjugale, Affectivité, MECS, Contre-transfert, Relation enfant-mère, Psychothérapie
L’élaboration de la filiation traumatique vers une filiation affective nécessite la mise en place de dispositifs adaptés permettant le travail de retissage des liens intrapsychiques et intersubjectifs chez l’enfant et sa famille. L’étude rapportée par cet article est réalisée en mecs (maison d’enfants à caractère social) à partir du cas d’un enfant issu d’un viol. Trois entretiens mère-enfant répartis en trois temps ont été mis en place pour permettre à la mère, victime de violences conjugales, de renouer le contact avec son fils en perte de repères. Les résultats montrent que l’enfant a beaucoup investi le dispositif en faisant appel à son imaginaire de la scène originaire et en mobilisant les professionnels dans les mouvements contretransférentiels. La souplesse du dispositif et la capacité des professionnels à se laisser utiliser ont servi de garant à la reconstruction de l’origine.
Cette réflexion vise à ouvrir une possible réponse à l’interrogation : « Limite ou échec thérapeutique ? ». À travers la vignette clinique d’un patient reçu deux fois en consultation, cet article se propose d’interroger les éprouvés contretransférentiels d’effroi et de sidération en regard avec son histoire. Des traces internes traumatiques de son histoire familiale entraveraient la subjectivation, amoindriraient son insight. Comment, dans de telles conditions psychiques, un travail d’élaboration serait-il envisageable si le sujet n’a pas une reconnaissance, une acceptation, même partielle, de sa propre souffrance ?
L’article propose une réflexion clinique à partir de l’expérience de la consultation thérapeutique auprès de parents adoptifs et de leur enfant. Se fondant sur deux récits de ces rencontres, l’auteur remet en question le sens de la rupture de chacun de ces suivis en s’interrogeant sur ce qui a pu dans son positionnement participer à leur échec. L’analyse du contretransfert montre ici que plusieurs enjeux fantasmatiques liés non seulement à l’adoption mais aussi à la stérilité des parents ont pu contribuer à provoquer ces effets et à fragiliser l’alliance thérapeutique : il apparaît dès lors que le clinicien doit se méfier des projections et fantasmes qui peuvent le traverser, ces derniers pouvant avoir trait à sa propre curiosité sexuelle vis-à-vis de la sexualité de ces parents, à la tentation d’évaluer de façon toute-puissante leurs compétences en termes de parentalité, voire de leur prêter des intentions latentes malveillantes au cœur de la procédure d’adoption...
L’objet de la recherche présentée dans cet article est l’analyse des situations d’échec ou d’impasse en institution de soins éducatifs et de soins psychiques avec les enfants de la Protection de l’enfance présentant des troubles sévères de l’attachement. La méthode utilisée repose sur l’analyse qualitative d’observations cliniques, réalisées en contexte de soins psychiques individuels et institutionnels. Fondé sur une approche psychodynamique référée à la métapsychologie psychanalytique, cet article présente quelques-unes des sources intersubjectives de ces échecs, en mettant en exergue les logiques propres à la relation transféro-contretransférentielle qui s’engage entre ces enfants, les professionnels et le groupe-institution. Il présente comment l’élaboration individuelle et groupale des éléments fantasmatiques des enfants et des professionnels peut permettre la relance du soin.
Cet article tente d’approcher l’échec et le sentiment d’échec qui peuvent étreindre un praticien lorsqu’un processus thérapeutique bien engagé vient à s’interrompre brutalement et définitivement. À partir d’une métaphore permettant de souligner divers enjeux métapsychologiques à l’œuvre, l’auteur centre sa réflexion théorico-clinique sur la notion psychanalytique de tache aveugle illustrée à travers deux situations familiales. Elle conclut au risque réel d’échec et de sentiment avéré de ratage, à travers la motion organisatrice de la tache aveugle d’un cadre préformé, mais non contenant.