PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 38, n° 1, pp. 103-121.
Mots clés : Psychiatrie, Santé mentale, Classification, Médicament, Prise en charge, Sociologie
À travers le prisme des critiques au DSM, cet article cherche à dégager une série de questions d'actualité, intéressant tant le public averti que le public plus large, telles que la tendance à privilégier la gestion médicalisée des populations plutôt que les soins à apporter à chaque individu malade ; et l'émergence d'une psychiatrie pour normaux, en relation non seulement avec ladite « médecine pour bien portants », mais aussi avec ce vaste mouvement qui ouvre pour l'« amélioration humaine ».
Article de Assia KHIAR ZERROUK, Jordan SIBEONI, Bernard BLANCHARD, et al.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LVII, n° 2, pp. 631-680.
Mots clés : Anorexie, Adolescent, Relation enfant-parents, Relation familiale, Alimentation, Prise en charge, Méthode qualitative, Phénoménologie, Photographie, Entretien, Conduite d'entretien
" L'objectif de cette étude était d'explorer la place de la nourriture dans les relations familiales auprès d'adolescents présentant une anorexie mentale. Onze entretiens ont été menés avec des adolescentes anorexiques âgées de 13 à 18 ans et leurs parents. Nous avons choisi une méthodologie qualitative utilisant un outil original : la photo-elicitation. Le matériel verbal a été analysé à l'aide de l'Interpretative Phenomenological Analysis (IPA). Les résultats ont été organisés selon deux axes : le premier explore la place de la nourriture dans la dynamique parents-enfants (le contrôle relationnel, la ressemblance et la différence ainsi que la fonction parentale), le second explore la dynamique groupale et familiale (la cohésion, le conflit écran et le fonctionnement familial). Notre étude a permis de montrer la pertinence de la photo-elicitation et son apport dans la recherche en psychiatrie de l'adolescent. Sur le plan thérapeutique, elle confirme la nécessité de l'abord familial dans le soin et ouvre sur l'intérêt de la prise en charge individuelle des adolescents anorexiques notamment dans la construction de leur self." [présentation de l'auteur]
Article de Christelle GOSME, Christelle VIODE BENONY, Marluce LEITGEL GILLE, et al.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LVII, n° 2, pp. 681-715.
Mots clés : Handicap visuel, Mère, Relation enfant-mère, Interaction, Attachement
" Entre septembre 2004 et juin 2011, nous avons, dans le cadre du Projet PILE (Programme International pour le Langage de l'Enfant) mené à l'Hôpital Necker Enfants Malades et en lien avec le SAPPH de l'Institut de Puériculture de Paris, réalisé une étude portant sur les liens mère-enfant dans un contexte de handicap visuel maternel. Un suivi longitudinal et prospectif de 12 dyades de mères avec une déficience visuelle et leur bébé a été réalisé de l'âge de 3 mois de l'enfant à l'âge de 4 ans. Parmi les outils utilisés pour mener cette étude, une analyse des interactions précoces a été réalisée à 3, 6, 9 et 15 mois avec la CIB (Ruth Feldman, 1997) pour évaluer, entre autres, la sensibilité maternelle ainsi que la qualité des interactions mère-bébé. Les résultats montrent que les mères présentent une sensibilité maternelle de moins bonne qualité que celle des mères d'un groupe témoin notamment parce que certains signaux du bébé leur échappent ou parce qu'elles se montrent moins rapides pour y répondre lorsqu'elles les perçoivent. Néanmoins, on peut souligner en faveur des mères avec une déficience visuelle un plus grand recours au toucher affectueux et du côté des enfants de mères avec une déficience visuelle, davantage d'initiatives dans l'échange. Dans ce contexte de handicap visuel maternel, les bébés se trouvent confrontés à des styles interactifs différents marqués principalement par une différence de rythme : celui de leur mère avec une déficience visuelle et celui du tiers voyant, ce qui n'est pas sans poser question pour l'accès à l'intersubjectivité de l'enfant. Les résultats de notre étude montrent également la nécessité d'accompagner et de soutenir ces mères dans leur maternalité." [présentation de l'auteur]
Cet article est issu d'une recherche consacrée à l'analyse de l'expérience de la formation aux métiers pénitentiaires de travailleurs handicapés. Il montre comment l'entrée de personnes handicapées dans le champ professionnel pénitentiaire français révèle un ordre social et professionnel dominant élaboré en réaction aux relégations dont souffrent cette institution et ces personnels. Il explore les gestes institutionnels qui contribuent à placer les travailleurs handicapés à la marge ou tentent de les assimiler et analyse les gestes individuels de reproduction. Il replace enfin ces gestes institutionnels et individuels dans une logique défensive face à la faiblesse des positions sociales de l'administration pénitentiaire française et de ses métiers.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 37, n° 4, pp. 463-485.
Mots clés : Génocide, Ethnie, Sociologie, HISTOIRE, Identité culturelle, Récit de vie, Témoignage, Racisme, Totalitarisme, Légitimation, RWANDA
Certes, les massacres de masse perpétrés au Rwanda par les Hutu extrémistes contre environ un million de Tutsi et de Hutu modérés ont fait l'objet de nombreux écrits depuis 1994. Toutefois, outre leur nature biographique et descriptive, certains de ces écrits surestiment la responsabilité des pouvoirs publics et de la communauté internationale. Aussi l'objet du présent article est-il de montrer qu'au-delà de ses fondements politiques, le génocide rwandais repose sur une construction historico-socioculturelle de l'ethnisme. S'appuyant sur une perspective résolument constructiviste, l'analyse concerne des récits de vie et témoignages colligés dans la littérature. Elle révèle précisément comment des schèmes racistes construits par les colons belges s'intègrent dans la culture et la société rwandaises et servent de caution à des régimes politiques totalitaires.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 37, n° 4, pp. 487-508.
Mots clés : Violence, Sécurité, Légitimation, Sociologie, Secteur privé, Norme
La violence privée peut-elle être légitime ? Apparemment tautologique, cette proposition renvoie à la conception weberienne de l'État en tant qu'« entreprise politique [...] revendiquant avec succès le monopole de la contrainte physique légitime ». Elle mérite cependant une nouvelle analyse à l'aune du développement, récent, des compagnies de sécurité privée construites comme de nouveaux acteurs légitimes sur la scène internationale. Mettant en oeuvre diverses formes de violence physique hors des frontières nationales, ces opérateurs privés sont en effet utilisés aujourd'hui légalement et de manière croissante, par des entreprises, des États ou des organisations internationales. Ces usages massifs et diversifiés indiquent la légitimité nouvelle d'une pratique jusqu'alors condamnée moralement et juridiquement : le mercenariat. Comment comprendre alors un tel processus de légitimation d'une activité vue comme fondamentalement régalienne, mais exercée aujourd'hui par des sous-traitants privés ? Loin d'être anecdotique, l'analyse des pratiques de légitimation mises en ouvre par cette « industrie » illustre, à travers le passage du mercenariat stigmatisé à une identité redéfinie, la question plus générale de la construction d'une norme professionnelle et sociale, mais aussi celle de sa réception et de ses limites alors qu'elle est élaborée en premier lieu par des acteurs privés et qu'elle revient sur les fondements supposés de l'État moderne.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 37, n° 4, pp. 509-531.
Mots clés : Violence, Armée, Institution, Organisation, Légitimation, Sociologie, TURQUIE
L'objet de ce papier est d'étudier la formation à la violence effectuée dans les casernes turques, en amont de l'expérience combattante, afin de tester l'hypothèse selon laquelle les violences exercées et subies à l'intérieur de l'institution peuvent, par la suite, permettre aux soldats d'endurer la violence des combats. Dans une première partie, nous montrerons que les conscrits de l'armée turque en situation de non-guerre sont confrontés à une violence interne à l'institution militaire qui symbolise la mort par la violence. Nous montrerons, dans une seconde partie, qu'en contexte de guerre, la confrontation réelle avec la mort impose une reconfiguration institutionnelle face à la violence. En effet, il découle de la situation de guerre, une disparition progressive du sentiment de peur, une habituation et une distanciation vis-à-vis des atrocités de la violence guerrière chez les appelés. Parallèlement, les violences internes, qu'elles soient horizontales ou verticales, s'atténuent et sont redirigées vers un ennemi commun.
Article de Dan KAMINSKI, Michael MCGUIRE, Bertrand RENARD, et al.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 37, n° 3, pp. 255-399.
Mots clés : Justice, Technologie, Droit pénal, Évolution, Interaction, Science, Biologie, Discrimination, Génétique, Vidéo, Informatisation, Contrôle judiciaire, Expertise judiciaire, Contrôle, Norme sociale, FRANCE, BELGIQUE
Ce numéro spécial est consacré à l'analyse des dynamiques de transformation qui troublent ou déstabilisent la pénalité contemporaine, en raison au moins partielle du recours accru à des dispositifs technologique. Ces derniers, présentés souvent comme nouvelles instrumentations neutres au service d'objectifs inchangés, semblent bien contribuer aussi à redéfinir les rationalités d'action et leurs modalités d'exercice. S'il peut être question d'innovations dans les pages qui suivent, leurs dimensions technologiques seront éclipsées sous leurs dimensions institutionnelles, organisationnelles, professionnelles (Monjardet, 1996) et expérientielles. Pour opérer ce déplacement de la fascination pour l'innovation sur l'analyse du social, une connaissance interne de la technologie est un préalable nécessaire, mais, comme on le lira sous peu, la technologie nous intéresse moins que ce qu'elle fait faire à la justice...
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 37, n° 2, pp. 131-153.
Mots clés : Sanction, Sociologie, Concept, Épistémologie, Méthodologie, Recherche en sciences sociales, Analyse critique, DAEMS (TOM)
Cet article traite de quelques difficultés d'ordre conceptuel, épistémologique et méthodologique de la sociologie de la punition qui ressortent d'une lecture critique d'un ouvrage marquant de Tom Daems, Making Sense of Penal Change (2008). Ces difficultés font référence (i) au concept de punition et à l'emploi du schéma « causes/effets » ; (ii) à l'absence de différenciation entre explication et prédiction ; (iii) à la question de l'observation à court et à long terme et (iv) à l'emploi de la distinction entre explications unidimensionnelles et pluridimensionnelles. En conclusion, l'auteur se demande si une « position théorique pluraliste » est épistémologiquement possible.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 37, n° 2, pp. 155-179.
Mots clés : Sanction, Sociologie, École, Collège, Différenciation sexuelle, Ordre social
Dans l'enseignement secondaire français, les retenues sont des « punitions scolaires » prévues pour répondre aux « manquements mineurs aux obligations ». Dans trois collèges représentatifs, nous comparons d'abord les quantités et les motifs de « colle », et essayons d'expliquer les différences. En second lieu, une focalisation sur le sexe et sur la classe fait émerger des résultats favorables aux filles et aux jeunes collégiens. Dans un troisième temps, se pose la question de la répartition des retenues. Loin d'être concentrées sur un petit nombre d'élèves, elles révèlent une logique de maintien de l'ordre (scolaire et statutaire), qui limite beaucoup la réflexion éducative.