Article de Jean Philippe Tonneau
Paru dans la revue L'Homme et la société, n° 218, janvier-juin 2023, pp. 163-192.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Environnement, Droit, Loi, Élaboration de la loi, Rôle, Avocat, Compétence professionnelle, Association, Mouvement social, Développement durable
Ces dernières années, l’environnement, sous ses différents aspects, a particulièrement retenu l’attention des chercheurs en sciences sociales. Si ces recherches relèvent de théories, de méthodes et d’enjeux pluriels, elles ont pour point commun d’évincer en grande partie le droit, son rôle et sa place, notamment pour défendre la cause environnementale. À partir des premiers résultats d’une recherche consacrée aux dynamiques du contentieux climatique, l’article s’intéresse dans un premier temps aux acteurs de la cause climatique, particulièrement aux avocats et aux juristes d’associations environnementales. L’objectif est notamment de proposer un cadre en termes d’espace de production et de mobilisation du droit de l’environnement composé du champ juridique, du champ militant, du champ parlementaire et du champ de l’expertise. Ensuite, dans un second temps, l’article étudie les raisons de mobiliser le droit, en se demandant notamment si ces recours ne trahissent pas d’autres enjeux, et ses effets.
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Article de Lucie Bruis Gervasone
Paru dans la revue L'Homme et la société, n° 218, janvier-juin 2023, pp. 217-242.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Agriculture, Écologie, Économie, Approche historique, Contrainte, Environnement, Consommation, Influence sociale, Évolution, Changement, Société
Nous étudions comment l’adaptation aux enjeux environnementaux des petits et moyens agriculteurs, cœur de la profession agricole, participe de manière décisive aux transformations agricoles actuelles. À partir d’une enquête menée en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, nous montrons que cette adaptation a pour fondement une évolution de l’ethos d’une partie des membres de cette fraction de classe. Nous observons notamment chez les agriculteurs rencontrés une importance croissante accordée aux activités gestionnaires et commerciales, ainsi qu’une plus grande collaboration entre pairs. Ces composantes s’inscrivent dans le sillage d’une aspiration toujours très forte à l’autonomie. Nous formulons l’hypothèse que s’ouvre dans la décennie 2010 une nouvelle période dans le processus d’évolution environnementale de l’agriculture marquée par une recomposition de la contradiction économie/environnement, contradiction apparue avec le développement des premières mesures agro-environnementales de la politique agricole commune (PAC) au début des années 1990.
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Article de Jean Autard
Paru dans la revue L'Homme et la société, n° 218, janvier-juin 2023, pp. 111-131.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Écologie, Danger, Politique, Pollution, Déchet, Technologie, Évolution, Changement, Milieu naturel, Énergie, Développement durable, Anthropologie
Quoique la technologie joue un rôle prépondérant dans les désastres écologiques en cours, son rôle a souvent été minoré au profit de déterminants sociaux, idéologiques voire biologiques supposément plus primordiaux. Au contraire, il s’agit de montrer que la technologie est porteuse d’une tendance propre, d’un effet émergent qui empêcherait de la réorienter complètement pour produire une technologie (appuyée sur la science et l’ingénierie et optimisée rationnellement) compatible avec l’écologie. En particulier, la voie des « technologies vertes » telles qu’illustrée par le domaine des énergies renouvelables apparaît comme une impasse contreproductive, tandis que l’emprise de sciences naturelles gestionnaires sur la définition des enjeux de l’écologie produit une puissante dépolitisation et naturalisation de ces questions. Ajouter aux critiques du capitalisme ou de l’anthropocentrisme une approche technocritique est donc une nécessité.
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Article de Fabrice Flipo
Paru dans la revue L'Homme et la société, n° 218, janvier-juin 2023, pp. 45-68.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Milieu naturel, Environnement, Écologie, Politique sociale, Philosophie, Anthropologie, Théorie, Activité, Population, Latour (Bruno)
L’objet de cet article est de « dénaturaliser l’écologie », que l’on comprendra ici comme une tentative de saisir l’écologisme avec les moyens de la raison. Nous procédons en deux parties. La première cherche à clarifier ce concept de nature qui est mobilisé par ce mouvement que les institutions considèrent notamment comme des « usagers de la nature » (Conseil économique, social et environnemental), avec les chasseurs et les pêcheurs. Nous distinguons cinq sens possibles. La seconde partie focalise sur le changement de modes de vie auquel l’écologisme s’emploie depuis ses origines officielles, dans les années 1960 et 1970. En suivant les distinctions proposées par des sociologues s'appuyant sur cette ontologie sartrienne dans laquelle André Gorz allait puiser son inspiration, nous distinguons les modes de vie, styles de vie, genres de vie et système, les séries, les groupes et nous soulignons l’importance du quasi-souverain.
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