Les lieux d'accueil du jeune enfant (crèche, maison d'assistantes maternelles, domicile d'une assistante familiale) ne sont pas préservés du contexte actuel particulièrement anxiogène. Pour les tout-petits pris en charge, les conséquences sont réelles. Cet article propose une réflexion à ce sujet ainsi que des perspectives pour accompagner au mieux les enfants dans un climat insécurisant

Mais que se passe-t-il dans l’univers de la petite enfance ? Pourquoi un tel désinvestissement de ces métiers ? Pourquoi autant de démotivation ? Au-delà du manque de valorisation salariale, comment est-il possible d’expliquer la pénurie actuelle de professionnelles de la petite enfance, domaine pourtant tellement vecteur de sens ?

Dans un contexte de pression budgétaire, les tensions sont nombreuses au sein des établissements d’accueil du jeune enfant. Depuis le mois de septembre 2021, l’analyse de pratiques professionnelles est devenue obligatoire pour les équipes qui y travaillent. L’étude des conditions de la mise en place de cette pratique en crèche montre qu’elle peut améliorer le sens au travail et créer une dynamique propice à la cohésion d’équipe si elle remplit certaines conditions qui sont liées non seulement à la taille, au rythme et à la durée des sessions, mais aussi à la qualité de leur animation.

Proposer à l’enfant une seule professionnelle référente durant toute sa durée d’accueil en crèche est une pratique répondant particulièrement à son besoin de sécurité affective, mais qu’il est difficile de mettre en place eu égard aux aléas du quotidien. Une étude s’est consacrée à l’analyse des changements de référentes au sein d’un établissement d’accueil du jeune enfant privé. Ses résultats montrent que près de 50 % des tout-petits sont confrontés à cette situation, cela faisant souvent suite au départ temporaire ou définitif de leur référente. Comment limiter les bouleversements et garantir à l’enfant la stabilité dont il a besoin ?

Les métiers de la petite enfance sont traversés par des modes, des pratiques et des coutumes éducatives [...]. L'éducation des jeunes enfants n'est en rien dépendante des modes qui passent et qui repassent. [...] Certaines d'entre elles vont révolutionner des pratiques devenues obsolètes et perdurer durablement, alors que d'autres seront décriées quelques années plus tard. Comment savoir ? A qui se fier ? Sans doute à son propre instinct professionnel, à ce qui est observé, travaillé en équipe, partagé et discuté, et surtout remis en question. Car, lorsque la pratique devient un dogme, soi-disant applicable par tous et en tout lieu en étant validée uniquement par la rumeur, il est fort possible qu'elle ne s'appuie sur aucun argument scientifique et qu'elle ne soit qu'un effet de mode.

Depuis peu, les temps d’analyse de pratiques professionnelles sont rendus obligatoires dans tous les établissements d’accueil du jeune enfant. De la microcrèche à la très grande structure, ces moments sont désormais légiférés. Même si nombre de gestionnaires et de directrices les mettaient déjà en place, il est nécessaire de bien en saisir l’importance, et ce, d’autant plus que le milieu de la petite enfance est en pleine crise.

L'individualisation de l'accueil proposé au tout-petit à la crèche est nécessaire pour lui permettre de construire sa propre identité. De la même manière, l'individualisation du suivi des professionnelles constitue u levier du manager, qui atteste de l'attention qu'il porte à chacun des membres de son équipe. Il soutient ainsi la qualité de leur travail auprès des enfants, repère les points de difficulté et accompagne leur montée en compétences, au plus près de leurs besoins spécifiques. Il y a fort à parier que la professionnelle, éprouvant pour elle-même les bienfaits d'un suivi individualisé, saura d'autant mieux offrir ce type de soutien aux tout-petits.

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Les professionnels connaissent l'importance d'offrir aux enfants des possibilités de découvertes et d'expérimentations au sein d'environnements riches et variés, mais aussi leur besoin de repères, de régularité pour se construire en toute confiance. […] Réfléchir à la place du tout-petit dans son environnement, la rendre visible en occupant l'espace public par ces sorties qui participent à son développement citoyen, ceci engage notre responsabilité à tous, et particulièrement celle des professionnels de la petite enfance

Lorsque l’équipe du jardin maternel Italie, situé à Paris, a choisi de mettre en place une organisation pédagogique en Itinérance Ludique, son objectif était de permettre aux trente enfants âgés de 2 à 3 ans fréquentant l’établissement – et qui, pour la plupart, n’ont jamais connu la collectivité – de vivre leur propre chemin d’expérimentation et de construire leurs apprentissages en confiance, tout au long de leur séjour. Le restaurant a immédiatement fait partie de la nouvelle organisation proposée aux enfants.