PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Le harcèlement scolaire est un sujet de préoccupation grandissant depuis une dizaine d’années, aux conséquences parfois désastreuses pour la santé physique et psychologique des enfants qui en sont victimes. Il existe de nombreuses approches qui tentent de remédier à ce phénomène, toutefois, elles partent toutes du même postulat : il faut intervenir à la place de l’enfant en souffrance. La grande majorité des stratégies de lutte contre le harcèlement cherchent à intervenir en toute logique entre le harceleur et sa victime pour défendre cette dernière et demander au premier de cesser l’agression. Nous montrerons dans cet article que cette manière d’agir présente des faiblesses et peut se montrer contre-productive, en toute logique interactionnelle. Nous proposerons une lecture systémique du problème qui permettra de développer une autre stratégie d’action, celle de travailler avec l’enfant ou l’adolescent harcelé afin qu’il trouve en lui les ressources nécessaires pour faire cesser l’agression. Afin de montrer l’efficacité de cette approche, nous analyserons les 79 cas qui ont été suivis dans le cadre d’une thérapie brève et stratégique selon le modèle de Palo Alto.
La méthodologie exposée dans cet article a été élaborée voici plus de vingt ans pour et avec les enfants victimes de viols, l’ampleur des dégâts psychiques ayant été révélée par l’expertise judiciaire. La démarche théorique s’inspire de la phénoménologie des modes d’expression du sujet qui s’avèrent être à la fois révélateurs et moteurs thérapeutiques du trauma. La démarche pratique renvoie au constat de l’adéquation universelle du conte avec la mentalité infantile, tricotant un espace de fiction transitionnelle, facteur de résilience. L’expérience de création de contes avec les enfants victimes d’agressions psychocorporelles a objectivé les indicateurs de destruction et corrélativement les indicateurs de reconstruction psychique de l’identité. Cette méthode propose dix ancrages thérapeutiques à partir de balises narratives dûment décryptées. La thérapie par le conte créatif est applicable à toute autre problématique traumatique, en collectif ou en individuel.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXIV, n° 2, juillet-décembre 2021, pp. 3-36.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Enfant, État limite, Trouble de la personnalité, Traumatisme, Relation enfant-parents, Attachement, Développement, Psychologie du développement, Mécanisme de défense
Le diagnostic d’un trouble de la personnalité limite dans l’enfance s’avère controversé. Dans une perspective développementale de la psychopathologie, Pine (1974, 1986) a proposé la notion de l’enfant borderline-en-devenir. Il suggère que ce dernier soit caractérisé par la survenue de traumas dans le contexte relationnel à la figure de soins, ce qui aurait altéré sa capacité à s’engager dans un développement normal et entraîné l’utilisation de mécanismes défensifs permettant d’assurer sa survie psychique. Les propositions de Pine trouvent des résonances avec les écrits contemporains. Elles sont ainsi revisitées au travers des concepts tels que les traumatismes relationnels précoces et l’attachement. L’intégration des résultats empiriques issus des recherches scientifiques actuelles à la théorie de Pine permet de proposer un modèle explicatif de l’enfant borderline-en-devenir.
Les abus sexuels sont toujours une grande souffrance psychique pour les victimes, plus spécifiquement les enfants. Violence et sexualité sont toujours liées même quand les abus sont opérés sans violence comme pour la plupart chez des enfants. Les adultes doivent savoir écouter les enfants en fonction de leur développement psychosexuel et de leurs besoins, en se souvenant qu’ils ont été eux-mêmes des enfants. Dans les abus, la tendresse nécessaire peut se transformer en un traumatisme et faire des ravages dans le développement affectif et sexuel de leur vie d’adulte.
Article de Bernard Golse, Alex Raffy, Rémy Reyre, et al.et al.
Paru dans la revue Le Coq-héron, n° 245, juillet 2021, pp. 21-110.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Psychanalyse, Enfant, Parentalité, Sexualité, Sexualité infantile, Complexe d'Œdipe, Complexe de castration, Abus sexuel, Inceste, Régression, Handicap, Amour, Procréation médicalement assistée, Séduction, Droits de l'enfant
La crise actuelle de civilisation interroge les fondements de nos rapports humains : revenons aux liens précoces entre enfants et adultes, remaniés au long de l’existence.
Les enfants nous séduisent pour l’avenir qu’ils semblent nous promettre – de plus d’une façon. Mettre en question la séduction et la sexualité des enfants nous fait revisiter les suites, avatars, et critiques de la dite « sexualité infantile » : quelles sources précoces, quelles spécificités chez les filles et les garçons confrontés à l’énigme – ou à la crudité – de la sexualité des adultes ? Quelle place dans la vie de chacun, relativement aux liens d’attachement, et à ce qui permet de se constituer, dans sa vie affective et sociale, comme Je en lien à l’Autre, et responsable ? Dans la clinique, l’éducation, et le rapport aux lois ?
Et dans l’amour-même, cette notion reste-elle bien pertinente ?
Sommaire :
- Quelques évolutions biotechnologiques, biopsychologiques et sociétales. Impact sur le sexuel, la sexualité et la psychanalyse. Bernard Golse. Page 21 à 32
- Le complexe d’Œdipe est-il en état de mort cérébrale ? Alex Raffy. Page 33 à 43
- Les lieux du corps. Le corps handicapé comme paradigme du corps du sujet contemporain. Rémi Reyre, Yi Mi-Kyung. Page 44 à 52
- Trois fillettes aux abois. Chien de transe, chien de cirque, chien de transfert. Pierre Sabourin. Page 53 à 64
- Parentalité et psychanalyse au temps des éprouvettes. Florence Guignard. Page 65 à 78
- Étude des fondements de la sexualité adulte au sein de la sexualité infantile. Cléopâtre Athanassiou-Popesco. Page 79 à 88
- Une autoreprésentation du drame originel de la psychanalyse construit sur le modèle du fétichisme. Philippe Réfabert. Page 89 à 94
- Au-delà de l’inhibition : notes sur la sexualité des veuves. Jean-Pierre Sag. Page 95 à 100
- La tendresse, vecteur de traductions des séductions vers le rêve. Laurent Tigrane Tovmassian. Page 101 à 110
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXIII, n° 1, janvier-mai 2020, pp. 49-71.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Enfant, Psychose infantile, Identification, Jeu vidéo
L’auteur s’appuie sur la psychanalyse pour témoigner d’une expérience clinique éprouvante construite avec un enfant psychotique resté longtemps dans l’« Infans ». Il développe la temporalité de son cadre dans cette rencontre avec la psychose où l’infra-verbal reste un fil conducteur de la vie psycho-affective. Tout en s’interrogeant sur l’impact de ses modalités d’intervention, d’interprétation pour une construction psychanalytique, il soulève la question de l’engagement et de la fin du traitement soumis aux affres de la relation transférentielle. Un accès à un processus analytique incite la transformation par les identifications grâce aux jeux vidéo pour devenir un sujet pensant et parlant.
Dans la pratique de la psychothérapie psychanalytique d’enfants, il n’est pas rare de recevoir des enfants qui, entravés dans leurs capacités de symbolisation, ne jouent pas en séance. Le matériel accueilli s’exprime alors dans les registres sensoriel, corporel et émotionnel. Si les jeux contiennent les fantasmes et sont une ressource pour le moi de l’enfant, développer une capacité à jouer semble dans un premier temps l’objectif de certains traitements. Une revue de la littérature psychanalytique donne un aperçu des différentes considérations, théoriques et techniques, sur le jeu de l’enfant en séance, mais également sur la question de son absence et la présence d’autres modalités expressives. L’ancrage précoce du développement des symbolisations, primaire et secondaire, est abordé afin de donner des repères de compréhension et un éclairage théorique à notre clinique. La question du passage des activités sensorielles, corporelles et motrices au déploiement de jeu en séance est illustrée par une vignette clinique reprenant de façon chronologique des séquences d’une psychothérapie psychanalytique. L’analyse clinique est centrée sur les activités expressives, du sensoriel au jeu symbolique, en prenant en compte la dynamique du transfert-contre-transfert.
Le dialogue Freud-Ferenczi a ouvert la psychanalyse à de nouvelles problématiques qui nécessitent de penser l’originaire et le réel : pathologies marquées par des conflits intra- et inter-psychiques de plus en plus précoces, influence de facteurs exogènes (traumas, désordre familial, ou social, modes de communication, etc.). L’observation-adaptation de la clinique à ces souffrances implique des modifications dans la représentation du fonctionnement psychique inconscient (« méta-psychologies en mouvement »), lesquelles engendrent des questions cruciales pour la formation des psychanalystes : finalité de leur propre analyse, travail sur les transferts, intégrations de modèles métapsychologiques de tendances diverses pour aborder la complexité des problématiques singulières, modalités et politique de transmission au sein des écoles comme en leurs marges.
À l’heure où l’école s’interroge sur son autorité face à l’indiscipline grandissante de ses élèves, la pédopsychiatrie enregistre une hausse des cas diagnostiqués hyperactifs. Entre un élève un peu turbulent et un enfant reconnu porteur du « handicap » nommé par le DSM-V « TDAH » (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité), il n’y a pas de confusion possible, mais entre ces deux extrêmes il existe des variations qui interrogent en son cœur le passage du normal au pathologique. Si un certain nombre de situations demeurent problématiques, la création d’un partenariat entre l’institution scolaire, la pédopsychiatrie et les organismes relevant du sanitaire et social encourage un tel diagnostic à l’aide de tests qui, comme le test de Conners, visent à quantifier des écarts de comportement. Ainsi l’enseignant ayant recours à ces questionnaires se fait « auxiliaire paramédical », en retour de quoi les autorités médicales, sanitaires et sociales apportent une réponse où le médecin lui-même peut être placé en position de « conseiller pédagogique ».