PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Dans cet article, nous interrogeons les représentations des différences entre les rôles paternels et maternels. Sur quoi se fondent-elles ? La biologie suffit-elle à les expliquer ? Dans notre introduction, nous évoquons quelques éléments de l’évolution de nos sociétés, de la puissance paternelle à la coparentalité, et abordons ensuite les notions d’équité, d’égalité et de justice, notions traitées dans le champ de la philosophie, et dans le champ systémique, tout particulièrement par Iván Boszormenyi-Nagy. Ensuite, à l’aide de nombreux exemples cliniques ainsi que de quelques exemples tirés de la littérature, nous étudions la façon dont la répartition des tâches parentales peut affecter, souvent lourdement, les différents membres du système familial. Comment aider les familles à développer leurs propres modèles sans leur imposer les nôtres, comment soutenir le dialogue entre les parents ? Penser avec eux la symétrie ET la complémentarité des tâches parentales pourrait bien être un levier thérapeutique.
Dans l’histoire de la thérapie familiale, nous pouvons distinguer la première, la deuxième et la troisième génération. Les nouvelles approches thérapeutiques sont-elles apparues dans la continuité ou dans la rupture avec les précédentes ? En étudiant les fondements épistémologiques de ces tournants paradigmatiques, nous observons que la corporéité, à travers la recherche sur l’activité neuronale, a toujours été au cœur de la réflexion des systémiciens qui ont pris en considération le corps agissant, le corps connaissant et aujourd’hui le corps régulant ses affects. En explorant les interactions familiales du point de vue du comportement, des cognitions et de la régulation émotionnelle, le thérapeute est amené à se positionner avec la famille selon une éthique de la coopération pour faire face à cette complexité.
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 43, n° 3, septembre 2022, pp. 163-183.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Temps, Thérapie familiale, Famille, Stade de développement, Jeune enfant, Identité, Attachement, Approche systémique, Histoire familiale, Adolescent, Rythme, Société, Thérapeute, Travailleur social, Environnement
Le temps, avec l’espace, structure l’environnement dans lequel se déploie notre existence. Dans sa dimension psychique, le temps relève d’une construction qui ne peut se faire que dans la rencontre avec le temps des autres. Ainsi sont examinées les caractéristiques de cette construction individuelle et ses variations tributaires de la dimension sociale du temps, et plus encore de l’expérience du temps vécu en famille ainsi que de l’histoire familiale et du cycle de vie de la famille. Les professionnels doivent pouvoir tenir compte de ces différents aspects et réfléchir à la temporalité spécifique de leurs actions, qu’elles se situent dans l’exercice de leurs techniques ou dans l’organisation gestionnaire de leur travail. Au bout du compte, il s’agit toujours de prendre le temps de réfléchir au temps quand on a le souci d’un travail adapté au repérage de dysfonctionnalités relationnelles incluant de possibles dérégulations temporelles.
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 43, n° 3, septembre 2022, pp. 227-244.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Supervision, Approche systémique, Thérapeute, Équipe pluridisciplinaire, Psychothérapie, Groupe, Atelier
En supervision systémique, une posture autoréférentielle implique la prise en compte, chez chacun·e, de ses propres cartes du monde. Nos génogrammes de thérapeutes évoquent notre histoire de vie de même que ceux des patient·e·s. Le présent article raconte une supervision systémique expérientielle au sein d’un atelier. Celui-ci rassemble un thérapeute, une équipe réfléchissante et un groupe de supervision. Le thérapeute présente une situation clinique, l’équipe réfléchissante évoque ses métaphores en un processus décalé de créativité pure, de nature irrationnelle, qui contraste avec la mission rationnelle du groupe de supervision. Le thérapeute, qui a évoqué son propre génogramme avant la situation clinique de supervision, se retrouve surpris et ému là où il a été transporté. La conclusion questionne un parallèle possible entre cette pratique réfléchissante et certains traits du chamanisme traditionnel.
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 43, n° 3, septembre 2022, pp. 205-226.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Outil, Pair aidant, Rupture, CMPP, Adolescent, Lien social, Groupe, Jeune en difficulté, Animation, Approche systémique, Estime de soi, Émotion
Nous rencontrons dans notre pratique en centre médico-psycho-pédagogique des adolescents en situation de rupture scolaire et sociale. Il nous a semblé que la pratique de groupes, appuyée sur des outils de l’approche centrée solutions, pouvait contribuer à la reprise de liens sociaux soutenants. Les groupes supports entre personnes rencontrant des expériences similaires existent depuis longtemps dans le domaine des addictions par exemple. Ils permettent de sortir de l’isolement et ont une vocation de réhabilitation psychosociale. Ils donnent aussi l’occasion aux personnes en difficulté de sortir du statut de « patient » pour devenir acteurs de leur rétablissement. Fort de son expérience et de ses compétences acquises, chaque membre du groupe pourra transmettre aux autres ce qui lui est utile pour affronter ses difficultés, les outils qu’il a lui-même expérimentés. L’utilisation des techniques d’intervention de l’ACS favorise les dialogues sur les exceptions au problème, sur les forces et les ressources des personnes ainsi que sur leurs préoccupations existentielles, et peut permettre la construction partagée de solutions. Elle participe à mettre l’accent sur les éléments de stabilité présents dans la vie de chacun et contribue également à l’établissement de relations stables dans le groupe.
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 43, n° 3, septembre 2022, pp. 185-203.
Mots clés : Enfance-Famille, Enfant, Famille, Attachement, Approche systémique, Thérapie familiale, Perte, Psychologie du développement, Identité
La théorie de l’"attachement" nous amène parfois à faire l’impasse sur la notion de perte qui lui est cependant inévitablement liée. C’est à la lumière de la "boucle de l’ambiance", développée dans le modèle du "Milieu humain" (Dessoy, 1988), que cet article propose de revisiter ces notions. Comment concevoir leur articulation dans un contexte sociétal qui laisse la part belle à l’horizontalité ? Après un rapide détour historique sur la genèse de la construction de la boucle de l’ambiance, nous insisterons sur les mutations sociétales de nos communautés familiales contemporaines. Nous proposerons une forme de modélisation sur les manières de vivre l’attachement et la perte, l’appartenance et la différenciation au sein de celles-ci. Nous mettrons en évidence différentes manières de nous positionner dans l’accompagnement des familles, et nous insisterons sur les balises qui soutiennent le travail thérapeutique dans la construction de nos interventions afin d’éviter, autant que possible, de renforcer un attachement sans perte.
Dans cet article, une intersection entre thérapie systémique individuelle et approche systémique interculturelle sera illustrée par l’étude de cas d’une patiente franco-vietnamienne. Au départ, nous constatons peu de demandes d’aide psychologique émanant de la population asiatique présente en France et par conséquent le peu d’écrits ou de matériels théoriques disponibles. Cette observation nous amènera à concentrer notre intérêt sur la population d’Asie du Sud-Est et leur place particulière en France. Nous présenterons le suivi de Kim, d’origine vietnamienne, pour lequel les questions des violences intrafamiliales, du secret et de l’impact de la migration sur les relations se nouent.
Le recadrage constitue une démarche centrale dans la thérapie systémique et notamment dans les thérapies narratives et orientées solution. Dans cet article, nous présentons une technique particulière dénommée mise au carré. Nous en envisageons le déploiement au service du recadrage dans un contexte d’intervention systémique. Fondée sur le repérage des « liaisons », la mise au carré permet de visualiser les associations existantes dans un discours et d’explorer celles qui sont en germe mais non exprimées par la personne. Elle vise le déploiement de nouvelles associations potentielles au service de l’évolution du client. L’article présente une étude de cas qui vient illustrer la démarche. Les implications pour la pratique thérapeutique sont discutées en fin d’article.
Article de Alessandra Duc Marwood, Véronique Regamey
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 42, n° 3, septembre 2021, pp. 247-263.
Mots clés : Enfance-Famille, Emprise, Famille, Couple, Approche systémique, Victime, Contrôle, Violence conjugale, Enfant, Relation enfant-mère, Estime de soi
Dans notre expérience, ce qui permet, en tant que professionnel.le, d'aider les victimes à se libérer de l'emprise conjugale et familiale est la bonne connaissance des étapes et des mécanismes de l'emprise. Nous les exposons dans cet article en présentant d'une part comment ce type de relation s'installe dans un couple et d'autre part comment il a un impact sur l'estime de soi et l'autonomisation de jeunes ayant grandi auprès d'un parent auteur.e d'emprise. Nos propos sont illustrés par une vignette clinique.
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 42, n° 2, juin 2021, pp. 89-111.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Abus sexuel, Inceste, Pédophilie, Répétition, Thérapie, Approche systémique, Prise en charge, Honte, Culpabilité, Victime, Identité sexuelle, Enfant maltraité, Thérapie familiale, Traumatisme, Image de soi
La pratique clinique avec les auteurs d’abus sexuels se révèle riche d’enseignements utiles à l’accompagnement thérapeutique des victimes. Je voudrais ici nuancer certaines idées reçues et m’affranchir d’une vision manichéenne auteurs-victimes qui s’avère contre-productive sur le plan clinique. Diaboliser l’agresseur, présenté comme entièrement mauvais, n’aide pas la victime à élaborer ses pénibles sentiments de honte et de culpabilité, aussi infondés soient-ils, en partie liés à la relation complexe et ambivalente qui a pu se nouer entre eux. Des pistes cliniques intégrant cette complexité seront suggérées.