La problématique de cet article réside dans la tension entre la commande passée aux cadres hiérarchiques de garantir la performance de l’organisation et la nécessité de pérenniser le sens des actions. Encadrer, c’est gérer des paradoxes. Il revient aux cadres d’ouvrir des voies qui se nomment citoyenneté, art du bricolage, pensée complexe, et qui supposent d’accepter les contradictions inhérentes au travail social, d’assumer l’aléa et de refuser les simplifications. Encadrer reposerait finalement sur la possibilité de prendre position dans ce champ de tensions, de cultiver la conflictualité, de travailler à partir des désaccords pour libérer les initiatives des acteurs de terrain.

Quelles sont les raisons de la "libéralisation" du travail social, ainsi que les raisons qui éventuellement peuvent légitimer son refus, total ou partiel, et quels sont les avantages et inconvénients, en premier lieu pour les usagers, mais pas iniquement, des interventions en libéral ?

Un récent rapport de l’Igas diagnostique une inquiétante crise de sens pour l’accompagnement social. La question de son efficacité se pose d’autant plus fortement dans un contexte de saturation des dispositifs et de massification des besoins. Selon l’Igas, « l’État social du XXIe siècle » doit passer à l’animation de réseaux pour soutenir des interventions sociales à visée d’émancipation individuelle et collective. Plutôt que d’évoquer une crise du travail social, les professionnels préfèrent parler de malaise alors qu’ils font face à des problématiques structurelles dont la résolution ne peut reposer sur le seul individu, et à l’absence de solutions de la part des pouvoirs publics.