Éducation spécialisée/travail social. Leurs relations sont évoquées par un éminent acteur du secteur qui, dès 1963, s’était engagé dans un projet d’irts à Rennes et défendait l’idée de regroupement sous un même toit des formations des intervenants sociaux, pour qu’ils apprennent à se connaître et à coopérer tout en conservant la spécificité des métiers. Qu’en est-il de ces rapports au Québec où les formations sont différentes ? Là-bas comme ici, l’hégémonie des gestionnaires provoque mécontentements et crises chez les professionnels.

Éducation spécialisée, travail social, deux notions qui témoignent d’évolutions historiques et sociales, de transformations dans la prise en charge par la société des enfants, adolescents et adultes en difficulté. Elles sont aussi l’objet de confrontations, d’oppositions entre des modes de pensée, d’organisation des structures, de politiques sociales, de formation. Émergeant dans les années 1970, ces questionnements se poursuivent tout au long des cinquante dernières années et restent vivaces.

La transformation progressive des organisations du travail et de la formation dans le secteur social et médicosocial, liée aux réformes des dernières décennies, révèle des enjeux nouveaux dans le domaine du travail. Nous proposons d’expliciter dans un premier temps ces transformations en portant le regard sur le rapport de plus en plus prégnant entre professionnalisation et employabilité. Les logiques d’action inscrites dans les parcours de professionnalisation des étudiants en formation dans les métiers du social se modifient également. En portant un regard sociologique sur les parcours d’étudiants en formation d’éducateur spécialisé, nous aborderons, dans un deuxième temps, quelques traits saillants exprimant ce phénomène qui, au-delà, interroge les conditions de production du sens de leur activité.
Notre propos s’appuiera sur les principaux résultats d’une étude sociologique quantitative et qualitative menée entre 2012 et 2014 sur la région Midi-Pyrénées.