PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
À quelques mois de la fin de l'expérimentation des haltes soins addictions (HSA), les associations, inquiètes pour leur pérennisation, attaquent l'État en justice. Elles mettent en cause son inaction, voire son "obstruction active" à la création de nouvelles salles.
Article de Marie Jauffret Roustide, Karine Bertrand
Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 1, janvier-mars 2025, pp. 93-112.
Mots clés : Toxicomanie-Addictions, Prise en charge, Soin, Réduction des risques, Genre, Femme, Savoir, Évaluation, Stéréotype, Maternité, Recherche, Empowerment, Accompagnement, Récit de vie, Stigmatisation, Psychiatrie, Relation soignant-soigné, Discrimination, Sevrage, Groupe de parole, Drogue, Vulnérabilité, Collectif Polytoux, Marseille
Notre article retrace une collaboration de recherche participative avec le groupe Polytoux, un collectif féministe de personnes consommatrices de drogues à Marseille. La méthodologie mise en œuvre s’inscrit dans une démarche narcoféministe qui place les personnes concernées au centre de la production des savoirs. La perspective narco-féministe considère que les rapports aux drogues sont liés aux systèmes politiques et sociaux et sont soumis à des rapports sociaux de genre et d’oppression. Les récits individuels collectés en entretiens mettent en évidence les vulnérabilités intimes liées à l’expérience des drogues. Les entretiens montrent que les participantes subissent des discours négatifs sur leur usage en lien avec les normes de genre qui peuvent les amener à éviter le contact avec les dispositifs de soins en psychiatrie et en addictologie. Dans les récits collectifs, à l’inverse, ces expériences sont interprétées de manière plus politique et les expériences de stigmatisation sont qualifiées de toxicophobie. Les participantes du collectif Polytoux revendiquent dans leurs discours collectifs la nécessité de bannir la toxicophobie des lieux de soins, de considérer que les médicaments psychotropes prescrits par les médecins peuvent ne pas convenir à certaines personnes qui gèrent leurs troubles avec d’autres substances psychoactives, et de prendre au sérieux les savoirs expérientiels des personnes qui consultent pour une addiction. Notre recherche montre qu’une approche narco-féministe permet d’inventer de nouvelles formes de résistance aux discriminations dans les soins. Cette démarche collective par l’écriture permet de remettre en question les classifications discriminantes et les rapports d’oppression qu’elles subissent grâce au partage de leurs expériences.
Article de Fabien Trécourt, Marc Olano, Cécile Peltier, et al.
Paru dans la revue Sciences humaines, n° 373, novembre 2024, pp. 39-68.
Mots clés : Toxicomanie-Addictions, Addiction, Illégalité, Drogue, Vulnérabilité, Groupe de parole, Famille, Consommation, Cerveau, Travail, Technologie numérique
Autrefois on parlait surtout de dépendance – au tabac, à l’alcool, à toutes les drogues… Être accro, c’était ressentir une forme de subordination physique, physiologique même, à une substance chimique ; et c’était souffrir des douloureux symptômes du sevrage lorsqu’on tentait de s’en libérer.
Avec le temps, les psychiatres ont plaidé pour prendre aussi en compte des addictions comportementales. Les accros aux jeux d’argent ont inspiré de nouvelles recherches, rapidement étendues aux jeux vidéo, aux achats compulsifs ou encore au sexe. À tel point que des spécialistes redoutent désormais que tout devienne « addiction », y compris des habitudes ou des passions sans gravité. Comment faire la part des choses ?
Article de Thomas L'Yavanc, Muriel Grégoire, Anne Batisse, et al.
Paru dans la revue Psychotropes, vol. 30, n° 2, 2024, pp. 13-149.
Mots clés : Toxicomanie-Addictions, Drogue, Addiction, Sexualité, Rapport sexuel, Psychothérapie, CSAPA, Prise en charge, Conduite à risque, IST, Réduction des risques, Statistiques, Homme, Femme, Vulnérabilité, Suivi médical, Équipe pluridisciplinaire, Sexologie, Psychopathologie
Le chemsex, contraction de « chemical sex », est une pratique sexuelle apparue depuis la fin des années 2000 dans la communauté
des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH). Le chemsex est défini comme l’utilisation de produits psychoactifs avant ou pendant une activité sexuelle planifiée dans le but d’en maintenir, améliorer, désinhiber ou faciliter l’expérience (Edmundson, 2018). L’intentionnalité est donc importante, il ne s’agit pas de consommations festives suite auxquelles des rapports sexuels pourraient survenir, mais bien de consommations prévues spécifiquement pour des rapports sexuels, organisées entre partenaires informés. Les produits utilisés, appelés « chems », sont pour la plupart des drogues de synthèse [...].
Chemsex : il est temps d’agir ! / Thomas L’Yavanc
Liens entre la prise en charge, la psychothérapie et les facteurs déterminants dans les pratiques problématiques du chemsex, selon une expérience clinique / Muriel Grégoire
Pratique du chemsex en France : actualisation des données d’addictovigilance / Anne Batisse, Leila Chaouachi, Johan Thiery, et al.
La pratique du chemsex dans les enquêtes nationales Rapport au sexe (ERAS) auprès des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes : évolutions entre 2017 et 2023 / Annie Velter et Perrine Roux
Une initiative thérapeutique innovante. L’exemple de la mise en place d’un parcours de soin dédié au chemsex dans le service des maladies infectieuses de l’hôpital Saint-Louis / Iris Bichard
Chemsex et sexualité. Caractériser les facteurs de vulnérabilité, les besoins des patients et les approches sexologiques lors d’une intervention en milieu hospitalier / Alexandre Aslan, David Lessard et Bertrand Lebouché
Évaluation de la santé sexuelle des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, suivis en consultations d’addictologie à Montpellier, pour un usage du chemsex / Hélène Donnadieu et Marion Ambrosino
Le chemsex en psychiatrie : des effets systémiques ? / Jean-Victor Blanc
Contexte : Le chemsex désigne la consommation de substances psychoactives dans le contexte sexuel, pratique concernant majoritairement les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. / Objectif : Identifier les motivations à pratiquer le chemsex, ainsi que les attentes vis-à-vis des dispositifs d’aide existants. / Méthode : Étude qualitative basée sur des entretiens semi-directifs, analysés selon l’approche thématique inductive. Huit participants recrutés dans un centre de santé sexuelle d’approche communautaire. / Résultats : L’initiation au chemsex se fait par les pairs-proches en réel ou par le biais d’applications de rencontres. Les motivations sont notamment liées à la performance sexuelle et à la place prépondérante de cette pratique au sein de la communauté gay. La demande de soins est suscitée par la prise de conscience des risques somatiques et psychiques. L’attente première est l’accompagnement par des professionnels ayant une connaissance du sujet et de la communauté gay.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 47, n° 1, 2023/1, pp. 3-34.
Mots clés : Toxicomanie-Addictions, Addiction, Drogue, Toxicomanie, Réduction des risques, Prévention sanitaire, Usager, Recherche-action, Recherche sociale, Discrimination, Contrôle social
L’usage de drogues est habituellement envisagé sous l’angle d’un double cadrage juridique et biomédical, produisant des classifications des usagers de drogues autour des figures de délinquant et de malade. La politique de réduction des risques a fait évoluer les représentations et la place des usagers dans les politiques qui leur sont destinées en favorisant leurs capacités d’agir dans le processus de limitation de l’exposition aux risques associés aux usages et en particulier à l’injection. Notre recherche socio-anthropologique à dimension participative menée avec Médecins du Monde a étudié la mise en œuvre du programme d’éducation à l’injection (ERLI) à partir d’entretiens auprès d’usagers, de professionnels et de bénévoles et d’observations ethnographiques de sessions d’injection. Notre recherche met en évidence les dimensions à la fois intimes et politiques qui traversent le programme. Elles donnent lieu à un échange et un partage de savoirs, d’affects et d’émotions ainsi qu’à des négociations et des tensions entre usagers, professionnels et bénévoles. Cette volonté de réduction des injustices épistémiques inhérente au programme ERLI met à l’épreuve les ethos professionnels des intervenants et révèle la manière dont l’exposition au risque chez les usagers est modelée par l’environnement du risque.
Paru dans la revue Actualités sociales hebdomadaires ASH, n° 3293, 3 février 2023, pp. 28-29.
Mots clés : Toxicomanie-Addictions, Enquête, Observatoire, Drogue, Mineur non accompagné, Accompagnement, Invisibilité sociale, Médicament, Alcool, Information, Travailleur social, ASE, Délinquance, Justice, Aide sociale, Accueil, Prise en charge, Pluridisciplinarité
Une enquête sur les usages de drogues et les conditions de vie de mineurs maghrébins isolés à la rue montre pourquoi il est difficile de les accompagner efficacement. Clément Gérôme, l’un des auteurs de l’étude, revient sur la singularité de ce public et la nécessité d’un soutien adapté.
Cet article porte sur un domaine peu exploré : celui des liens entre conduites addictives (avec et sans produit) et chômage, explorés ici à travers l’analyse des trajectoires croisées de travail et de santé. Pour ce faire, une recherche qualitative a été menée en partenariat avec plusieurs institutions et associations accompagnant les chercheurs d’emploi. Privilégiant dans cet article les données recueillies lors d’entretiens individuels semi-directifs (108) avec des personnes privées d’emploi, nous explorons la diversité des usages plutôt que les troubles qui leur sont liés, le poids des épreuves et des contextes du travail et du chômage. L’analyse diachronique des processus conduisant à la consommation de substances psycho-actives (SPA) au travail, puis au chômage permet de différencier les fonctions des recours aux conduites addictives, d’identifier les modes d’entrée et de dégagement de ces conduites. La reconnaissance de l’expérience des usagers et de leurs stratégies pour réguler leur consommation ouvre à la fois vers une analyse systémique du contexte de travail et des conditions d’un authentique travail de santé au travail comme au chômage.
Paru dans la revue Psychotropes, vol. 29, n° 1, 2023, pp. 89-108.
Mots clés : Toxicomanie-Addictions, Drogue, Jeune, Réduction des risques, Fête
Les adolescents et jeunes adultes participant à des événements musicaux consomment fréquemment des substances psychoactives pour améliorer la qualité des relations et des perceptions. Parmi ces substances, une association de LSD puis de MDMA, prises à une heure d’intervalle, dénommée Candy Flip, connue depuis longtemps, bénéficie d’une bonne réputation. Notre travail explore ces substances en association, déterminant les effets positifs et les risques, afin de mieux conseiller les jeunes usagers fréquentant les structures de soins. L’accent est mis sur les co-consommations (alcool, cannabis...) et les risques liés à l’utilisation de nouveaux produits moins bien documentés.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 46, n° 2, 2022/2, pp. 189-220.
Mots clés : Toxicomanie-Addictions, Drogue, Addiction, Toxicomanie, Genre, Milieu urbain, Milieu rural
Fort d’un corpus de 42 entretiens de femmes consommatrices et/ou vendeuses de drogues auprès d’une population rurale et d’une population urbaine, cet article s’intéresse à l’influence des lieux de vie sur les pratiques féminines liées aux drogues. En retraçant les trajectoires de ces deux groupes, l’intérêt est de mettre en lumière une population trop souvent étudiée sous l’angle de l’urbain, du masculin et de la précarité. En décalant la focale et par la comparaison, cet article montre des pratiques d’usage et de vente de drogues, des risques répressifs et des stratégies genrées différenciées selon le milieu de vie, en espace rural ou en espace urbain.