Longtemps j'ai pensé, en tant que formateur en travail social, que ce dont avait besoin le travail social en matière d'éthique professionnelle est un pluralisme éthique. Le travailleur social doit pouvoir nourrir sa réflexion éthique dans la fréquentation des textes (chartes et déclarations de principes) ainsi que les doctrines qui inspirent ces textes. Cette position évitait l'écueil du dogmatisme mais, j'en ai conscience maintenant, n'est pas à la hauteur des enjeux. Ce dont a en réalité besoin le travail social aujourd'hui c'est d'une éthique professionnelle qui s'appuie sur une philosophie pratique, c'est-à-dire une philosophie qui embrasse tous les domaines des affaires humaines : la politique, le droit, la morale et aussi le social. [...]

Guidé par une éthique professionnelle bâtie sur un ensemble de valeurs, le travailleur social par-delà les frontières inscrit sa démarche d’aide dans un registre humaniste. Partagées par de nombreux professionnels de terrain à travers le monde, ces valeurs communes rassemblent et mettent en lumière le sens même de leurs actions. L’éthique professionnelle s’accompagne alors d’apports théoriques et de savoirs appris afin de « renforcer l’humanité de la société en développant l’humanité de ceux qui ont des difficultés à la faire valoir » (Conseil supérieur du travail social, 2009).