PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Comment définissez-vous le modèle thérapeutique auquel vous êtes arrivée à ce stade de votre parcours ?
Pour rappel, la thérapie contextuelle a été fondée par Iván Boszormenyi-Nagy , dont je suis la veuve. La thérapie contextuelle se présente comme un modèle intégratif qui tient compte de cinq types de déterminants qui influencent notre comportement et nos relations : il s’agit des déterminants factuels biologiques et sociohistoriques, des déterminants psychologiques individuels conscients ou inconscients, des déterminants systémiques et de deux types de déterminants spécifiques à la thérapie contextuelle, soit l’éthique relationnelle qui rend compte de notre attente de justice, de réciprocité et de loyauté, ainsi que la définition relationnelle du Soi qu’on pourrait résumer par « pas de Soi sans un Autre » qui amènent à une définition relationnelle de l’autonomie.
L’espace Claude-Chassagny est un centre médico-psycho-pédagogique (CMPP) spécialisé qui propose une approche thérapeutique pluridisciplinaire du décrochage scolaire chez les adolescents (de 12 à 20 ans). D’un point de vue systémique, le décrochage scolaire est envisagé comme le symptôme qui témoigne d’une situation de mal-être d’un adolescent et d’un niveau d’alerte du fonctionnement du système familial. Au sein du CMPP, la mise en articulation du travail individuel avec un travail familial permet à l’adolescent d’accéder à l’autonomie en se libérant de loyautés aliénantes. Cette prise en charge psychothérapeutique s’inscrit également dans un travail de réseau qui implique la mise en articulation de l’ensemble des intervenants dans la situation de l’adolescent : école, famille, intervenants sociaux et institutions soignantes.
Le CHU de Montpellier développe depuis quelques années des prises en charge familiales, notamment avec l'équipe du centre ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles ( CRIAVS) qui interviennent également au sein de l'unité sanitaire. Après 10 d'expérience dans le milieu carcéral, nous sommes arrivés au constat qu'au delà des mouvements intrapsychiques, le travail psychothérapeutique amène très souvent des questionnements dans les liens construits et la place occupée par le personnes détenue au sein de la famille. A partir d'une situation clinique, nous questionnons la pertinence d'une prise en charge de la famille en complément d'une psychothérapie individuelle. Cela, afin de favoriser une résilience, une nouvelle homéostasie familiale et ainsi faciliter une réinsertion une fois la peine carcérale accomplie. Cette proposition thérapeutique est innovante en France et fera l'objet d'une recherche plus approfondie.
Cet article s’intéresse aux méthodes psychothérapeutiques utilisées dans la déparentification : la reconnaissance de l’empreinte de la parentification à l’âge adulte, l’évaluation et son élaboration lors des psychothérapies individuelles ou familiales. La déparentification consiste à mettre au travail la position paradoxale du sujet parentifié, celle de prendre totalement en charge l’autre, une position salvatrice au départ qui se révèle trop lourde dans un deuxième temps, car en contradiction avec les propres intérêts du sujet. Un des objectifs de la déparentification est d’élaborer la position de sollicitude extrême, celle du « sauveur » qu’on aperçoit dans les relations lorsque l’adulte perçoit un infantile traumatique chez l’autre comme il l’avait perçu chez son parent en souffrance. La déparentification met en évidence une parentalité précoce construite sur du vide ou à partir du négatif de la parentalité, nous faisant penser à une parentalité défensive d’emprunt, réparatrice, compulsive et agissante.
Article de Maurizio Andolfi, Sébastien Dupont, Dominique Bardou
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 41, n° 1, mars 2020, pp. 11-17.
Mots clés : Enfance-Famille, Thérapie familiale, Évolution, Modèle, Psychothérapie, Psychiatrie infantile, Formation, Université, Société, Idéologie, Pouvoir
Dès mon ouvrage Temps et mythe en psychothérapie familiale, publié en 1987, j’ai essayé de réunir le concept d’individu et celui de famille, d’intégrer les théories du développement individuel et l’approche systémique. Dans mon parcours, l’évolution principale s’est faite lorsque je suis passé des familles de deux générations aux familles de trois générations. La problématique de l’enfant, de l’adolescent et des parents, ce n’est pas suffisant pour comprendre les difficultés essentielles. J’ai ajouté une autre génération pour faire la connexion entre les enfants et les parents à travers la transmission des valeurs, des problématiques et des mythologies qui viennent des générations anciennes. Par exemple, je peux demander à un enfant de parler de la façon dont ses grands-parents se sont comportés avec son parent lorsqu’il avait le même âge...
Michel Delage est psychiatre, thérapeute familial, ancien professeur du service de santé des armées et ancien chef de service à l’hôpital d’instruction des armées Sainte-Anne à Toulon. Il est l’auteur de nombreux articles et de plusieurs ouvrages, dont : La Résilience familiale (Odile Jacob, 2008), La Vie des émotions et l’attachement dans la famille (Odile Jacob, 2013), La Mémoire sans souvenir (avec Antoine Lejeune, Odile Jacob, 2017), Pratiques du soin et maladies chroniques graves (avec Antoine Lejeune et Aline Delahaye, De Boeck, 2017) et Prendre soin et spiritualité : une contribution au processus de résilience (avec Antoine Lejeune, Chronique sociale, 2018).
La réflexion de notre groupe s’appuie sur un modèle de psychothérapie individuelle d’orientation systémique dite PIOS et propose d’ouvrir ponctuellement le setting « en individuel » à des membres significatifs de l’entourage du patient. Plutôt que de travailler uniquement avec les représentations du patient, nous intégrons la possibilité de travailler avec les forces vives de l’interaction auxquelles les grands courants de la thérapie familiale nous ont sensibilisés.
Les points à aborder dans le dispositif élargi sont soigneusement élaborés auparavant entre thérapeute et patient. Cette rencontre enrichit considérablement la relation thérapeutique. À plusieurs niveaux, de nouvelles perspectives se déploient : une danse différente se met en place entre thérapeute et patient, comme entre ce dernier et ses proches.
En présence de ses patients, le thérapeute pense, éprouve des émotions, des sensations ; il est traversé de souvenirs personnels, d’associations, de métaphores... De ce riche matériel, il ne leur restitue généralement que peu d’éléments relevant de la sphère affective – émotions, sensations, images – car très souvent, il privilégie plutôt les idées, les représentations, les hypothèses, à savoir du matériel issu de la sphère cognitive. De plus, ce qu’il leur communique provient plutôt de son soi professionnel que de son soi privé. Cette double censure a de bonnes raisons d’être car le thérapeute a un rôle professionnel à tenir à l’égard de ses patients. Mais n’est-ce pas là du gaspillage, voire de l’automutilation ? Bien élaborées et moyennant certaines mesures de précaution, les interventions comportant une utilisation plus large du soi du thérapeute sont parmi les plus mobilisatrices. Cet article propose des illustrations cliniques ainsi que des repères méthodologiques pour les construire.
J’ai été influencé à la fois par la psychanalyse et par les théories et approches systémiques. Je me suis souvent défini comme un « bâtard » issu de ces deux courants. Je me suis aussi beaucoup intéressé à l’éthologie, à l’anthropologie, aux modèles mathématiques de la morphogenèse et aux théories du changement liées à ces disciplines...
Muriel Meynckens-Fourez est pédopsychiatre et thérapeute familiale systémique au Service de Santé Mentale de Louvain-la-Neuve. Elle est responsable du Centre de Formation et de Recherche en Systémique et thérapie familiale (CEFORES) et du groupe « Institutions » (supervisions d’équipes), au Centre Chapelle-aux-Champs (Bruxelles) de l’Université Catholique de Louvain. Elle est l’auteur de nombreux articles et a coécrit et codirigé plusieurs ouvrages, parmi lesquels : Les Ressources de la fratrie (Érès, 1999), Dans le dédale des thérapies familiales (Érès, 2005), Éduquer et soigner en équipe (De Boeck, 2011)...