PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Article de Isabelle Wackenier, Philippe Binder, Laurence Bocquet-Vallette
Paru dans la revue Le Journal de l'animation, n° 235, janvier 2023, pp. 22-33.
Mots clés : Jeunesse-Adolescence, Adolescent, Santé mentale, Suicide, Souffrance psychique, Accompagnement, Animation, Psychologie du développement, Intimité, Cerveau
Des études, relayées pas de nombreux médias, témoignent d'une génération fortement impactée par la pandémie de la Covid-19 : début 2021, Santé publique France notait une augmentation des passages aux urgences pour geste suicidaire, idées suicidaires et troubles de l'humeur chez les enfants de 11-17 ans et, dans une moindre mesure, chez les 18-24 ans. Les enfants de 11-14 ans étaient les plus impactés. Si fin 2021 et début janvier 2022, les passages pour troubles de l'humeur tendent à retrouver des niveaux comparables à ceux des années antérieures, les passages pour idées et gestes suicidaires restent à des niveaux nettement supérieurs. Comment accompagner les ados ? Comment déceler les signes de leur mal-être ? Des questions auxquelles ce dossier tente de répondre, en soulignant la place centrale de l'animateur.
Les conduites suicidaires sont « inexplicables » au sens réducteur de causalité simple et univoque. Chaque histoire demeure singulière. Les réactions au suicide sont aussi multiples.
"Le harcèlement, je connais, mais il n'y en a pas dans ma structure !" Les phénomènes de harcèlement entre jeunes ont pendant très longtemps été mésestimés au sein des structures éducatives. On sait aujourd'hui qu'ils touchent 1 jeune sur 10, qu'ils sont bien souvent invisibles à l'adulte et peuvent provoquer des troubles psychologiques durables voire mener au suicide. De même, on a longtemps considéré que ces violences étaient inévitables. Qui en effet n'a pas déjà entendu : "Les enfants ne se font pas de cadeau, ils sont souvent méchants entre eux." ?
Il convenait de revenir sur ce sujet essentiel, de mieux comprendre ce qu'est le harcèlement... et d'expliquer comment prévenir et agir, comment lutter contre ces violences inacceptables.
Cet article présente un dispositif transverse genevois développé avec des membres d’institutions de la santé et du social, travaillant auprès de jeunes en situation de risque suicidaire. Notre région possédant de nombreuses ressources d’aides, il nous importait de ne pas créer « une institution de plus » mais de tisser un filet de sécurité autour de l’adolescent suicidant, de penser une aire au service du collectif et de nos liens, souvent mis à l’épreuve dans le suivi des adolescents.
Un numéro sur le thème de "Lacan et adolescence" expose donc aux lecteurs au langage idiosyncrasique de J. Lacan qui, paradoxalement, fait oeuvre de communication, au moins auprès de ceux qui peuvent l'entendre. C'est bien à ceux-là que la revue a demandé d'écrire. Le vocabulaire, les mathèmes et autre figures topologiques, outre les assertions sous le mode d'apories, pourront rebuter.
Les parents confrontés à une problématique transgenre chez un enfant ou un adolescent adoptent des modes de réactions très variés, de la culpabilité au rejet violent, de la résignation au soutien, et sont même parfois dans une acceptation déconcertante qui peut leur faire précéder et amplifier les besoins de leur enfant. Mon travail avec ces familles ne consiste pas à désigner des causalités à ce questionnement de genre, mais à créer un espace d’écoute et d’étayage pour des jeunes chez qui le risque suicidaire est particulièrement important.
Les pathologies adolescentes ont souvent été comparées aux états limites dont elles seraient annonciatrices, mais il faut aussi s’interroger sur les possibles évolutions vers la psychose. Nous reproblématisons dans ce numéro ce questionnement en nous demandant quels sont les précurseurs, lors de l’enfance, à partir du paradigme de la psychose infantile, des états limites à l’adolescence. Une série de contributions cliniques approfondies d’auteurs tant français qu’étrangers témoigne de la nécessité de faire progresser les concepts et les modalités de prise en charge clinique, dans un esprit d’ouverture aux différents courants de la psychanalyse. Nous avons voulu, à partir de la clinique avec les adolescents d’aujourd’hui, vérifier la pertinence de la méthode freudienne classique, du breakdown selon M. et M. E. Laufer, du pubertaire selon Ph. Gutton, de la subjectivation selon R. Cahn, et de certaines approches familiales, narrativistes ou intersubjectives, afin de mettre en débat ces différents points de vue. Sans oublier la nécessaire réflexion sur le contexte d’une socialité, des liens familiaux et intergénérationnels en crise.
On trouvera en introduction un article devenu introuvable de P. Aulagnier qui précise bien sa conception de la potentialité psychotique dans son rapport à un arrêt de la subjectivation temporelle, suivi d’un commentaire très travaillé de Ph. Givre.
Une fois n’est pas coutume, figurent dans ce numéro des contributions théorico-cliniques qui étudient en détail les dysharmonies d’évolution et les fonctionnements limites chez l’enfant pour fixer leur écart avec les autismes et la psychose puis leur devenir lors de la puberté : les articles de B. Golse, C. Squires et F. Richard issus d’une journée scientifique à de l’Université Paris Diderot-Paris 7.
Nous publions aussi un dossier issu d’un colloque ayant eu lieu en 2014, la 27 ème conférence annuelle de la FEP à Turin. On y lira deux belles contributions de nos collègues italiens : A. M. Nicolò et L. Accetti, à partir d’une histoire de cas, font progresser la pensée des relations entre interprétation, narrativité, et autobiographie, tandis que V. Bonaminio, discuté par F. Richard, propose une perspective originale qui compare la prise en charge d’un même patient enfant puis adolescent par une équipe multifocale. Les textes de J.-P. Matot sur l’hallucination négative, de J. Jung sur la représentation de la mort, de F. Richard sur la tendance suicidaire et de G. Monniello sur le maniement du transfert dans les régressions majeures, se situent dans le prolongement de cette réflexion sur la négativité à l’œuvre dans la psychose et les états limites.
Les deux études, respectivement de I. Pirone et de F. Houssier avec X. Vlachopoulou, apportent en conclusion des éclairages complémentaires.