Au cours de son développement, l’enfant puis l’adolescent est amené à s’opposer à un parent, un cadre, un système, une idéologie, une part de soi ou de l’autre qu’il ne comprend pas. Cette opposition peut être structurante et nécessaire à la subjectivation. Mais elle peut se durcir et devenir un symptôme bruyant qui alerte parents et professionnels. Il apparaît alors primordial de comprendre ce qui la sous-tend. Que vient-elle signifier ? Quelle est sa valeur dans l’économie psychique du sujet ou au sein de la dynamique familiale ? Comment comprendre ses enjeux ? Quand doit-on faire de l’opposition un signal ? Quand constitue-t-elle le signe d’une pathologie en cours ? Et comment l’aborder dans le soin ?

Nous questionnons dans ce travail la violence au sein des organisations du secteur sanitaire et social en prenant l’exemple des Centres éducatifs fermés, établissements accueillant des mineurs condamnés ou placés par la justice pénale. Nous souhaitons, dans un premier temps, appréhender la nature de ces violences. Comment se caractérisent-elles ? Pourquoi sont-elles si présentes ? Comment émergent-elles ? Et plus que leur nature, il est important de comprendre la manière dont ces violences sont gérées. Comment les professionnels les contiennent, les apaisent, les régulent ? Quels outils peuvent-ils mobiliser pour les canaliser ? Dans l’optique de répondre à ces questions, nous proposons de partir d’une étude de cas, d’une scène vécue lors d’une immersion dans un Centre éducatif fermé.

""Je crois que je vais finir par tuer quelqu'un" C'est dans ces termes que A... débute l'une des lettres qu'il envoie à ses parents."