PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
C’est autour de la souffrance psychotique d’un enfant traité pendant plusieurs années par le psychodrame psychanalytique individuel qu’une équipe, composée d’un meneur de jeu et de plusieurs acteurs cothérapeutes, s’est réunie pour penser l’intérêt majeur que constitue ce dispositif thérapeutique pour ce type de patients. En effet, ce dispositif paraît des plus approprié face à la massivité et la nature de l’angoisse, la destructivité et l’intensité de l’ensemble des mécanismes de défense propres au fonctionnement psychotique. Le psychodrame, en mobilisant plusieurs psychothérapeutes autour du même patient à des places différentes et avec des temps successifs au cours d’une même séance, permet une fragmentation des transferts massifs dans la séance et assure une possibilité unique d’élaboration commune d’un même patient par l’ensemble de l’équipe. Ce travail commun, à partir des réflexions et de l’élaboration des mouvements de contre-attitude et contre-transférentiels de chacun, permet que se tisse un véritable appareil à penser les pensées que le patient puisse introjecter et, ainsi, d’optimiser le processus thérapeutique. Cet article, par la voix donnée à chacun des intervenants de l’équipe, illustre cette hypothèse.
Article de Mathilde Laroche Joubert, Marion Feldman, Marie Rose Moro
Paru dans la revue Dialogue, n° 219, mars 2018, pp. 125-138.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Contre-transfert, Traumatisme, Relation enfant-mère, Périnatalité, Groupe
Le travail d’analyse et d’élaboration du contretransfert des soignants est au cœur de la relation de soin. Dans le cadre de la prise en charge des patients traumatisés, le thérapeute est confronté à des vécus internalisés spécifiques résultant d’expériences traumatiques subies dont la réalité doit être reconnue par les soignants afin de ne pas risquer une sidération de leur pensée. De plus en plus de dispositifs de groupe sont proposés, groupes de patients mais également groupes de soignants. Cette recherche s’intéresse aux manifestations contretransférentielles émergeant en groupe chez des thérapeutes face à une dyade mère-bébé ayant vécu des événements de vie traumatiques. Ces manifestations sont étudiées à partir de la mise place d’un dispositif de recherche dans différents lieux de soin : le focus group. Une illustration de celui-ci est proposée, il met en valeur la créativité d’un cadre groupal pour une clinique du traumatisme psychique et de la périnatalité.
Après l’évocation d’un cas clinique illustrant le découplage entre la naissance physique et la naissance psychique chez un enfant autiste, l’auteur rappelle ce qu’il en est des mécanismes d’accès à l’intersubjectivité qui permettent de vivre l’objet comme extérieur à soi-même. Ces mécanismes d’accès à l’intersubjectivité se trouvent aujourd’hui centrés par le concept de synchronisation polysensorielle. La dernière partie de ce travail est consacrée à l’hypothèse selon laquelle certains bébés ayant vécu une dépression précoce et donc la douleur de la perte, seraient amenés à effacer l’objet par le biais d’une désynchronisation sensorielle pour éviter le risque d’avoir à le perdre à nouveau (mécanismes post-dépressifs pseudo-autistiques).
Cet article tente d’approcher l’échec et le sentiment d’échec qui peuvent étreindre un praticien lorsqu’un processus thérapeutique bien engagé vient à s’interrompre brutalement et définitivement. À partir d’une métaphore permettant de souligner divers enjeux métapsychologiques à l’œuvre, l’auteur centre sa réflexion théorico-clinique sur la notion psychanalytique de tache aveugle illustrée à travers deux situations familiales. Elle conclut au risque réel d’échec et de sentiment avéré de ratage, à travers la motion organisatrice de la tache aveugle d’un cadre préformé, mais non contenant.
L’objet de la recherche présentée dans cet article est l’analyse des situations d’échec ou d’impasse en institution de soins éducatifs et de soins psychiques avec les enfants de la Protection de l’enfance présentant des troubles sévères de l’attachement. La méthode utilisée repose sur l’analyse qualitative d’observations cliniques, réalisées en contexte de soins psychiques individuels et institutionnels. Fondé sur une approche psychodynamique référée à la métapsychologie psychanalytique, cet article présente quelques-unes des sources intersubjectives de ces échecs, en mettant en exergue les logiques propres à la relation transféro-contretransférentielle qui s’engage entre ces enfants, les professionnels et le groupe-institution. Il présente comment l’élaboration individuelle et groupale des éléments fantasmatiques des enfants et des professionnels peut permettre la relance du soin.
L’article propose une réflexion clinique à partir de l’expérience de la consultation thérapeutique auprès de parents adoptifs et de leur enfant. Se fondant sur deux récits de ces rencontres, l’auteur remet en question le sens de la rupture de chacun de ces suivis en s’interrogeant sur ce qui a pu dans son positionnement participer à leur échec. L’analyse du contretransfert montre ici que plusieurs enjeux fantasmatiques liés non seulement à l’adoption mais aussi à la stérilité des parents ont pu contribuer à provoquer ces effets et à fragiliser l’alliance thérapeutique : il apparaît dès lors que le clinicien doit se méfier des projections et fantasmes qui peuvent le traverser, ces derniers pouvant avoir trait à sa propre curiosité sexuelle vis-à-vis de la sexualité de ces parents, à la tentation d’évaluer de façon toute-puissante leurs compétences en termes de parentalité, voire de leur prêter des intentions latentes malveillantes au cœur de la procédure d’adoption...
Cette réflexion vise à ouvrir une possible réponse à l’interrogation : « Limite ou échec thérapeutique ? ». À travers la vignette clinique d’un patient reçu deux fois en consultation, cet article se propose d’interroger les éprouvés contretransférentiels d’effroi et de sidération en regard avec son histoire. Des traces internes traumatiques de son histoire familiale entraveraient la subjectivation, amoindriraient son insight. Comment, dans de telles conditions psychiques, un travail d’élaboration serait-il envisageable si le sujet n’a pas une reconnaissance, une acceptation, même partielle, de sa propre souffrance ?
Paru dans la revue Dialogue, n° 218, décembre 2017, pp. 125-140.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Violence, Adolescent, Fonction contenante, Thérapie de groupe, Subjectivité, Pluridisciplinarité, Approche clinique, Contre-transfert
Cet article présente les effets d’un dispositif de rencontre transdisciplinaire dans l’accompagnement des adolescents commettant des agirs violents. Ces adolescents ont subi une double faillite de la fonction contenante dans les liens primaires et souffrent d’une faillite de la fonction de la groupalité psychique. À travers l’agir violent, produit et producteur de leur errance subjective, ces adolescents expulsent des fragments de subjectivité brute. La méthodologie transdisciplinaire, adossée à la pensée complexe du sociologue Edgar Morin, permet de constituer un maillage contenant pour et surtout avec ces adolescents. La situation de Dorothée illustre l’effet subjectivant des rencontres transdisciplinaires en tout petit groupe. L’article montre comment l’approche clinique reposant sur une telle posture instaure un portage psychique groupal pour ces sujets et relance le processus de subjectivation.