La création du dispositif d’intervention éducative « ADOPHÉ », en Seine-Saint-Denis, a été accompagnée depuis 2016 par une Recherche action collaborative (RAC) impliquant trois associations de protection de l’enfance. Cet article vise à en éclairer les effets formatifs pour les professionnels ayant investi la fonction de chercheur. Conformément à la philosophie émancipatrice des RAC, il a été rédigé par un collectif d’acteurs dépassant les hiérarchies professionnelles et scientifiques instituées au profit d’une co-élaboration de la réflexion et d’une transformation des pratiques.

Malgré l’essor des perspectives participatives dans les supports de cadrage en protection de l’enfance et la conviction partagée de son intérêt démocratique et émancipatoire, l’effectivité concrète de la participation de l’enfant peine à s’installer. Le point de vue des professionnels d’un service d’accueil familial a été recueilli et analysé dans une recherche menée en sciences de l’éducation. Apparaissent clairement les enjeux des pratiques participatives, mais aussi leurs paradoxes et leurs contextes de déploiement, ainsi que leur ancrage dans des représentations éducatives profondes.

Cet article présente un dispositif de recherche-action liant le Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine et le Pôle de recherche et d’étude pour la formation et l’action sociale de Bretagne (PREFAS Bretagne) d’Askoria. L’objet de cette recherche-action en Protection de l’enfance portait sur le « renforcement des stratégies de prévention socioéducative et l’encouragement des modes d’action alternatifs au placement ». Après avoir situé le contexte institutionnel et explicité le processus de la recherche, il s’agira d’en dégager les principaux enseignements et les perspectives qui en découlent.

L’une des évolutions du secteur de la Protection de l’enfance est la pénétration du concept de participation des personnes accompagnées à leur projet de vie. Pour les enfants placés, un des outils majeurs de cette participation est celui que l’on appelle album de vie.
Ce support est destiné au récit que veut faire l’enfant de son parcours, propice à l’ajout de photos, de dessins, voire de petits objets, est un médium entre le référent éducatif et l’enfant placé : ils le co-construisent ensemble, comme dans toute démarche de production d’Histoire de vie mais, au final, il appartient à l’enfant.

Pendant dix mois, deux groupes de parents et de professionnels à Lille et à Nîmes se sont rencontrés via une recherche-action pour produire ensemble de la connaissance aux journées d’études de Ressources et Familles à Nîmes 2017. Entre confrontation trop frontale des points de vue et consensus trop mou, l’équilibre de cette aventure humaine s’est négocié chemin faisant. Au cœur des échanges, une protection de l’enfant concertée au sein de dispositifs de protection de l’Enfance à questionner. Ainsi croiser les regards les savoirs et les pratiques a demandé à chacun de faire de nombreux pas de coté.