Article de Christophe Trombert
Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 2, avril-juin 2020, pp. 175-200.
Mots clés : Travail social : Métiers, Travail social, Aide financière, Insertion professionnelle, Insertion sociale, Projet professionnel, Intervention sociale, Vulnérabilité, Dossier administratif, Jeune en difficulté, Décision
L’article aborde les caractéristiques de demandes d’aide financière à l’insertion jeunesse que produisent des professionnels de l’intervention sociale lorsqu’ils ont recours et participent aux fonds départementaux d’aide aux jeunes. Alors que le budget annuel d’aide financière est limité et que le nombre de demandeurs ne peut être estimé à l’avance, quels sont les repères cognitifs et normatifs des acteurs pour sélectionner les dossiers ? Dans cette recherche des conceptions pratiques des normes d’insertion, nous laisserons en partie de côté l’étape de l’instruction de l’aide pour nous concentrer sur la prise de décision en commission d’attribution. Nous verrons qu’une vulnérabilité initiale n’est pas suffisante pour comprendre les décisions d’accord et de refus. Des garanties du bon usage de l’aide pour améliorer une insertion socioprofessionnelle, un projet professionnel « réaliste », une cause légitime aux difficultés rencontrées, un rapport méritoire aux aléas de la vie, apparaissent comme des paramètres centraux de l’appréciation des situations, c’est-à-dire conditionnent l’accès à une instruction de la demande d’aide puis à une décision d’accord.
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Article de Hélène Leroy
Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 2, avril-juin 2020, pp. 157-173.
Mots clés : Travail social : Métiers, Travail social, Action humanitaire, Hôtel social, Accueil d'urgence, Aide alimentaire, Enquête, Alimentation, Cuisine, Vulnérabilité, Vie quotidienne, Budget, Empowerment
Mme P. vit avec son mari dans un hôtel de Seine-Saint-Denis. Ensemble, ils ont deux petites filles. Je rencontre madame et ses enfants un après-midi ensoleillé des vacances scolaires, à l’hôtel.
La famille vit ici depuis sept mois, dans une chambre de 25 m2 dotée d’un coin cuisine et d’une salle de bains, d’un grand lit où elle dort avec son mari et son bébé, et d’un petit matelas pour leur fille aînée. Madame P. dit y être bien, mieux que les trois précédentes années qu’elle a passées dans différents hôtels, avec des chambres plus petites et sans cuisine. Mme P. est camerounaise, arrivée en France à 15 ans avec ses parents, elle est réfugiée politique et son mari vient d’obtenir son premier titre de séjour. C’est lors de sa première grossesse qu’elle s’est retrouvée sans logement : « Chez moi, une fille enceinte ne peut pas rester chez ses parents, c’est comme ça ». Le 115 lui a rapidement trouvé une place d’hébergement en urgence, elle se dit chanceuse, n’a pas trop attendu, c’était il y a bientôt 4 ans. Mme P. et sa famille sont considérées comme étant sans logement personnel, et sont hébergées dans le dispositif hôtelier du 115 comme plus de 45 000 personnes en Île-de-France.
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Article de Evelyne Baillergeau, Hans Grymonprez
Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 2, avril-juin 2020, pp. 117-136.
Mots clés : Travail social : Métiers, Travail social, Intervention sociale, Marginalité, Milieu urbain, Éducateur de rue, Prévention de la délinquance, Vulnérabilité, Terrain, Amérique du Nord, Europe
En tant que démarche d’approche et d’immersion auprès des populations restées à l’écart des politiques sociales et de santé publique, l’« aller-vers » a irrigué divers pans de l’intervention sociale tout au long du XXe siècle, tant en Amérique du Nord qu’en Europe. Il constitue même, dans divers pays, le cœur d’un champ de pratiques : le travail de rue. Cet article s’interroge sur les effets sociaux de ce champ de pratiques et sur sa capacité à remettre en cause des frontières symboliques qui affectent les relations entre la société et sa marge. Les auteurs prennent pour cela appui sur des recherches qualitatives menées en Belgique flamande, au Canada et aux Pays-Bas.
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Article de Nicolas Chambon, Elodie Gilliot, Mathilde Sorba
Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 2, avril-juin 2020, pp. 97-116.
Mots clés : Travail social : Métiers, Travail social, Intervention sociale, Santé mentale, Accompagnement social, Logement, Empowerment, Rétablissement, Souffrance psychique, Prise en charge, Accès aux soins, Care, Expérimentation, Vulnérabilité, Posture professionnelle
Cet article problématise les effets d’une perspective de « rétablissement » sur les pratiques d’accompagnement social, notamment dans le cadre de la politique de « logement d’abord ». La préoccupation pour la santé mentale (négative comme positive) des personnes bénéficiaires de l’accompagnement est alors centrale. L’approche du rétablissement induit de s’intéresser aux capacités, savoirs, choix, désirs, volontés, droits et environnement des personnes confrontées à des difficultés. Elle nécessite un décloisonnement entre les champs du sanitaire, du médico-social et du social et conduit les intervenants de ce dernier champ à devoir être en mesure d’évaluer les effets de leurs interventions sur les personnes. Sur notre terrain d’enquête, l’accompagnement en multiréférence, l’attention aux forces et aux compétences et l’adoption de dispositions professionnelles particulières sont alors autant de principes qui visent à redonner du pouvoir d’agir aux personnes, qu’elles soient intervenantes ou bénéficiaires.
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