Lorsque nous interrogeons les pratiques d'accueil et d'éducation des jeunes enfants mises en œuvre dans les crèches ou chez une assistante maternelle, cela revient toujours à se demander pourquoi les choses sont faites ainsi. Et force est de constater que souvent, nous avons perdu le sens de certaines de ces pratiques qui, malgré tout, continuent d'exister. C'est le cas pour les transmissions, celles que nous faisons chaque soir aux parents et celle que nous attendons d'eux chaque matin. Devenue routinière, obligatoire et ritualisée, cette façon de procéder semble rassurer certains professionnels, et sans doute aussi quelques parents. Mais qu'apporte-t-elle réellement, quelle est sa valeur ajoutée au bien-être de l'enfant ? C'est le sens de ce dossier, qui propose de réinterroger la pratique en la mettant en rapport avec la réalité vécue par le tout-petit.

Durant les premiers temps de vie, les pleurs constituent un moyen de s’exprimer pour les bébés. Leurs origines sont multiples, et il est possible de les observer dans tous les lieux d’accueil du jeune enfant. Pour y répondre, certaines pratiques professionnelles favorisant l’accompagnement du tout-petit et de ses parents demeurent indispensables.

La colère est une émotion commune à tous les êtres humains, quel que soit leur âge ou leur genre. Pour qu'elle ne se transforme pas en une lave bouillonnante détruisant tout sur son passage, il est important de ne pas chercher à la nier, à la refouler ou à l'occulter. Au contraire, il est nécessaire de tenter de la comprendre pour la maîtriser. Cela, seuls les adultes peuvent l'apprendre aux enfants, par leurs comportements en tant qu'exemples, et en faisant preuve de compassion et de patience.

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Accompagner le jeune enfant dans la gestion d'une émotion aussi forte que la colère demande avant tout à l'adulte de comprendre sa propre colère. Or, nombreux sont ceux qui ont du mal à appréhender cette émotion avec bienveillance, et ce, qu'elle soit exprimée par un enfant, par un autre adulte ou par eux-mêmes. Tout un travail est donc à mener par l'adulte pour accepter la colère émotionnelle, sa colère, afin d'être par la suite en mesure d'apprendre aux tout-petits à faire de la leur une alliée et non une ennemie.

Dans une société où tout va vite et dans laquelle chacun repousse toujours ses limites dans le but de se démarquer, sortant ainsi de sa zone de confort, il est compréhensible de vouloir que son enfant s'inscrive au plus tôt dans ce que l'on perçoit comme état la norme : parler, être propre, compter, jouer à des jeux de logique et apprenants. Pas de temps pour l'ennui car celui-ci n'est pas considéré comme productif alors qu'il peut être réellement bénéfique aux enfants.

Les colères du jeune enfant, souvent perçues de manière exclusivement négative par les parents comme par les professionnels de la petite enfance, jouent un rôle important dans son développement. Elles vont lui permettre de s’affirmer en indiquant que ses besoins physiologiques comme psychologiques ne sont pas satisfaits. Elles vont également lui donner la possibilité de prendre sa place dans le monde. Aux adultes, ensuite, de l’accompagner dans la régulation de ces colères.

Les colères des tout-petits demeurent un sujet particulièrement sensible pour les parents comme pour les professionnels de la petite enfance. De fait, nombreux sont celles et ceux qui éprouvent une réelle difficulté à se positionner face au différentes expression émotionnelles qu'elles recouvrent. Chacun souhaiterait savoir quelle est la bonne attitude à adopter, comment les gérer sans recourir systématiquement à des réponses sanctions, tout en trouvant la juste limite. Mais jusqu'où accueillir ces colères et quand ne plus les accepter ?

Au cœur des nombreuses préoccupations des parents ayant une place en établissement d’accueil de jeunes enfants figure celle de la conformité de leur bébé aux normes validées par les spécialistes en termes de développement, et de sensibilité plus particulièrement. La notion d’atypie peut alors s’inviter dans leurs échanges avec les professionnels. L’appréhender et soutenir les familles et les éducateurs demandent d’en envisager les spécificités en se libérant des archétypes réducteurs afférents.

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