PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Paru dans la revue Les Politiques sociales, n° 3-4, automne 2023, pp. 59-70.
Mots clés : Lien social-Précarité, Accompagnement de la personne et identité, Intervention sociale, Éducateur spécialisé, Travailleur social, Interaction, Peur, Émotion, Expérience, Vie quotidienne, Posture professionnelle, Compétence professionnelle, Relation d'aide
Cet article s’appuie sur un exemple empirique analysant une situation professionnelle dans laquelle des travailleurs sociaux sont confrontés au doute de ce qui peut advenir. Tout en œuvrant à la constitution de rapports de confiance, ils soutiennent une posture calme dans une temporalité en devenir. Il s’agira de comprendre ce qui se trame dans les interactions, ce qui les constitue et comment ces professionnels aguerris développent leur capacité à travailler avec l’imprévu. Pour ce faire, nous nous appuierons sur des extraits d’autoconfrontation croisée qui révèlent des savoirs d’action en miroir, comme la magnanimité d’une présence face à l’incertitude, ou la peur qui prévaut en certaines situations en regard d’une posture tranquille, malgré l’impondérable part de risque engagé dans l’intervention.
Article de Myriam Leleu, Fabienne Defert, Yann Le Bossé
Paru dans la revue Les Politiques sociales, n° 1-2, printemps 2022, pp. 15-30.
Mots clés : Accompagnement de la personne et identité, Empowerment, Émotion, Participation, Gestion, Relation travailleur social-usager, Intervention sociale, Groupe, Autodétermination
Le dernier ouvrage de Yann Le Bossé s’intéresse à la Régulation Stratégique des Emotions. « Accueillir sans recueillir » après « Soutenir sans prescrire », deux expressions qui renvoient aux fondements de l’approche centrée sur le DPA-PC. Il ne s’agit pas tant en effet de prescrire une action que d’accompagner la personne - ou un groupe de personnes - dans son cheminement vers un changement qui fait sens et s’inscrit dans l’ici et maintenant. De même, en accueillant sans recueillir, l’intervenant du champ psycho-social inclut les émotions dans l’interaction avec la personne accompagnée. Celles-ci sont considérées comme un élément de contexte, s’imposant comme frein ou incitant au développement du pouvoir d’agir. Ressentir et observer les émotions dans une forme de mise à distance permet de s’en libérer et de vivre ce difficile exercice qui consiste à ne pas être contraint par leur absence ou leur présence.
Paru dans la revue Les Politiques sociales, n° 1 & 2, juin 2021, pp. 151-159.
Mots clés : Lien social-Précarité, Quartier, Banlieue, Enquête, Représentation sociale, Vie quotidienne, Espace, Émotion, Grenoble
En s’appuyant sur un récit de terrain restituant un moment d’échange entre l’ethnographe et une habitante d’un quartier de la Villeneuve de Grenoble, cet article soulève les réactions ambivalentes que suscite cette figure d’enquêteur, potentiel indésirable. Le contexte particulier de ce quartier, entre rénovation urbaine et enquêtes à répétition, influence et prédispose la perception de cette présence qui vient perturber et dérégler le déroulement ordinaire de la vie. À travers les notions d’habituation aux ambiances, de trouble et d’évitement, l’auteure explore les affects négatifs que peuvent générer les interactions entre enquêteurs et habitants. L’article montre que la conjonction entre des épreuves du passé, l’inquiétude du présent et l’anticipation de ce qui pourrait se produire génère une hypervigilance des habitants vis-à-vis des ambiances de leur espace de vie. Pour ces habitants sur le qui-vive, il y a toujours la possibilité que l’ambiance recherchée se teinte subitement de quelque chose de désagréable, ces affects négatifs troublant alors tant l’ordre interactionnel que la conduite ordinaire des activités.
Paru dans la revue Les Politiques sociales, n° 1 & 2, juin 2021, pp. 101-111.
Mots clés : Lien social-Précarité, Prostitution, Femme, Rue, Émotion, Rejet, Empathie, Prise en charge, Bruxelles
Cet article questionne le trouble et les affects négatifs relatifs à la visibilité des situations d’interaction entre des prostituées et leurs clients dans la rue. À partir des parcours ordinaires d’un groupe d’habitantes, cette contribution montre que cette rencontre déclenche un éventail de réactions émotionnelles et de façons de se déplacer parfois ambivalentes : entre répulsion, anxiété, embarras et compassion. L’article revient sur les conduites par lesquelles ces résidentes tentent de se prémunir de ces situations embarrassantes, et sur leurs façons de contrôler l’image qu’elles-mêmes renvoient à des visiteurs extérieurs à ce quartier. L’article conclut sur la possibilité d’un renversement du geste de répulsion initial vers une forme d’assistance mutuelle et de prise en charge institutionnelle.
Cet article traite des dispositions et des techniques que les ambassadeurs d’ONG présents dans les espaces publics urbains utilisent pour déjouer, par anticipation, les réactions et affects négatifs qu’ils peuvent générer. À partir d’expériences vécues et d’une enquête ethnographique, l’auteur analyse cette figure d’« indésirable », ambivalente du fait de sa fonction bienfaitrice. À travers des formations qui préparent l’entrée sur le terrain de ces salariés, ces derniers en viennent à développer certaines dispositions socioprofessionnelles, ainsi que des règles de conduites ajustées à leur statut d’indésirable tout autant qu’à leur objectif de récolte monétaire. Grâce à elles, ils apprennent, de manière subtile, à surmonter le sentiment de constituer une « pollution urbaine » et à susciter la sympathie des passants à leur égard. Un préalable nécessaire pour tenir bon et parvenir à recruter des donateurs.
Qu’apprend-on de l’indésirabilité lorsqu’elle est envisagée non comme objet de contrôle mais dans sa dimension productive, tant au niveau interactionnel qu‘affectif ? La question sert de fil conducteur à ce court essai, où l’indésirabilité réfère à une « impropriété situationnelle » telle qu’elle se manifeste dans une librairie de Shanghai, perturbant momentanément les conditions de la coprésence. Oscillant entre interactionnisme goffmanien et analyse des variations atmosphériques, la contribution met en évidence la socialité et les affects ordinaires que fait émerger l’indésirabilité. Celle-ci désorganise l’ordre interactionnel local autant qu’elle réorganise les possibilités d’engagements entre inconnus, orientés au-delà d’une restauration des conditions sensibles à la conduite des activités individuelles. En dialogue avec la littérature sur la socialité urbaine, l’article conclut sur le caractère heuristique des affects suscités par la situation, et décrits ici comme tempérés.
Paru dans la revue Les Politiques sociales, 75ème année, n° 3 & 4, décembre 2015, pp. 65-79.
Mots clés : Jeunesse-Adolescence, Psychosociologie, Jeune, Participation, Groupe, Motivation, Perception, Identification, Émotion, Colère, Frustration, Discrimination, République tchèque
Dans ce chapitre, nous nous interrogeons sur les motivations de la participation à l’action collective parmi les membres de groupes minoritaires, en particulier les jeunes Roms et les jeunes Ukrainiens au sein de la République tchèque. Nous partons de la littérature, dans laquelle les désavantages des groupes sont vus comme une source possible de cette motivation. Dans notre étude, les jeunes des minorités identifient la discrimination comme étant le problème numéro un qu’ils rencontrent, associé à des sentiments de colère et de frustration. Il apparaît, sur base des réponses, que ces sentiments négatifs seuls n’ont cependant pas le potentiel pour rapprocher les gens vers l’action collective. C’est plutôt la conviction que le groupe en tant que tel peut améliorer les choses (conviction d’efficacité de l’action collective) qui détermine la participation. Néanmoins, lorsque les sentiments négatifs au sujet de la discrimination accompagnent un sens fort de l’efficacité collective, la participation a encore plus de chance de se produire. Ces résultats soutiennent l’idée que les émotions de colère et de frustration peuvent
servir de déclencheurs et conduire les personnes vers l’action collective.