Cet article traite des liens entre le soutien organisationnel perçu, la dissonance émotionnelle et l'épuisement professionnel au sein du champ encore trop peu étudié de la protection de l'enfance. La recherche a deux objectifs. Le premier consiste à vérifier l'exposition aux risques psychosociaux d'une population singulière de salariés. Le second objectif est de vérifier que la perception des salariés quant au soutien de l'organisation va être significative face à l'épuisement professionnel et la dissonance émotionnelle...

Il s'agit de dégager ce qui dans l'activité du secteur ressort d'une logique du don. Avant tout pour jeter les bases d'une autre manière d'analyser le travail social et le rôle des Essms dans la société, et pour présenter une autre sociologie qui, démontrant ce que le tout-quantitatif et la dictature de l'échange marchand ont de délétère (et de trompeur), indique les voies à suivre pour redécouvrir l'humain et (ré)inventer des pratiques qui respectent pleinement son essence sociale...

Dans l'introduction, l'auteur rend hommage à sa tante Jeanne Couplan, résistante, déportée et brûlée en 1945 : un sujet qui sait au risque de sa vie, se dresser contre une autorité illégitime lorsque l'éthique, le respect des valeurs et de la vie humaine sont aux commandes. (...) La clinique à l'ère de la performance renvoie à une forme de subversion, dont un certain nombre de nos prédécesseurs ont payé le prix fort...

Dans un contexte où l'accent porte sur une performance instrumentalisée par des critères de normalisation à visée budgétaire, la réflexion sur la clinique de l'action sociale prend rang de précaution éthique et de veille philosophique. Le postulat de la présente réflexion prend le contre-pied de la tendance actuelle : il est vain de considérer que la clinique coûte cher, bien au contraire elle réduit les coûts cachés de l'action sociale...

Le pilotage par la performance, érigé en dogme depuis quelques années dans le champ de l'action sociale et médico-sociale, n'a cessé de tisser sa toile pour promouvoir de manière décomplexée une "culture du résultat" doublé d'un cortège sémantique aux accents "performatifs" qui ont envahi tous les pans des organisations. (...) Cette lame de fond interpelle les professionnels de l'accompagnement sur le sens de leurs pratiques, et questionne en particulier ce qui en fait le terreau, à savoir la démarche "clinique" prise dans ses différentes acceptions théorico-pratiques...

Le discours selon lequel une relation d'aide appropriée impliquerait nécessairement pour le professionnel d'opérer une distanciation vis-à-vis de l'usager, tend à s'ériger comme une sorte de dogme du travail social. Loin de valider ce postulat de base, certains auteurs estiment que cette prise de recul, lorsqu'elle est systématique, constitue avant tout un mécanisme de défense mis en place par les travailleurs sociaux. Pour d'autres encore, il n'est point d'accompagnement sans implication et engagement relationnel du professionnel, ce qui met immanquablement en jeu des mécanismes touchant à l'affect, aux sentiments, aux émotions, au subjectif, aux représentations culturelles? Pour autant, cet engagement relationnel n'implique pas de renoncer à une éventuelle distanciation, dès lors que cette dernière, se fonde sur une éthique de la proximité en travail social privilégiant la singularité du sujet. L'objet de ce dossier est d'analyser les processus à l'oeuvre dans la relation d'aide, tout en interrogeant le sens « politique » qu'il est possible d'attribuer à l'action des professionnels au regard d'une commande sociale toujours plus prescriptive et normative.

L'engagement relationnel est une nécessité clinique et une posture sociopolitique (...) il importe donc pour le professionnel du secteur social et médico-social, de former une conception du sens clinique et sociopolitique de son action. C'est ce qui lui permet d'agir avec conviction et de se situer éthiquement au regard des prescriptions de pratiques que comporte l'exercice de la mission.

La notion de "juste proximité" semble mieux adaptée que celle de "bonne distance" qui marque plus une réticence à l'implication de l'intervenant. Après avoir situé quatre écueils de la "bonne distance" (le risque de la fusion-absorption, le paradigme de la protection, l'imitation du modèle analytique et la tentation de rationaliser le lien), cet article propose quatre ouvertures de la "juste proximité"...

Inquiétante translation sémantique actuelle en Institution, où on se met à gérer l'humain comme ses ressources. On se soigne plus, on administre du soin. On n'éduque plus, on met en place des protocoles, des plannings. On "gère" les conflits, on "gère" les groupes, "on optimise", comme pour en finir, croit-on, avec l'imprévu, pari déjà perdu, avec le temps, avec l'argent qui n'en finit pas de déserter...

On entend classiquement par usager toute personne faisant l'objet d'une intervention d'acteurs de l'action sociale. Soit, mais comment une équipe peut-elle mettre en oeuvre une volonté d'accorder à cet usager, non une place d'objet d'une action dont l'acteur est le professionnel, mais bien une place de sujet, et notamment porteur d'un savoir sur lui-même ?...