Lorsque les parents très en difficulté sont soutenus, informés, respectés par les parents d’accueil et par le service, ils acceptent de confier leur(s) enfant(s). Il s’agit de concevoir une pluriparentalité et donc de reconnaître la parentalité des parents sociaux en protection de l’enfance. L’objectif est que les différents parents s’entendent dans l’intérêt de l’enfant. Cela suppose de remettre en cause le principe d’exclusivité du lien de filiation : un enfant en doit avoir qu’un père et qu’une mère.

Cet article est extrait d’un travail de recherche, avec des éducatrices et éducateurs de jeunes enfants en multi-accueil. A partir de l’analyse collective d’un récit clinique, il traite de la construction d’un savoir d’accueil de parents séparés, qui comprend une attention soutenue et différenciée à chacun des deux parents. Cette attention permet d’éviter un risque de centration institutionnelle sur la figure maternelle, et de mieux percevoir les sentiments et les besoins de pères en souffrance, qui ne sollicitent pas toujours spontanément les équipes professionnelles.

Aujourd’hui les parents choisissent le moment où réaliser leur projet parental. La grande majorité des enfants sont programmés et les parents restreignent leur nombre pour mieux s’en occuper. Ce fait concentre sur chacun un investisssement affectif et matériel considérable. Le rôle des deux parents est plus exigeant. L’éducation, comme la parentalité, sont devenues des problèmes, d’autant que leurs modalités traditionnelles ont été discréditées. Le rôle du père surtout a évolué et les conditions de l’exercer peuvent être très différentes, alors que de plus en plus de couples se séparent.

Clarifier le rôle professionnel vis-à-vis des parents, c’est aussi le clarifier vis-à-vis de l’enfant. C’est reconnaître son importance et sa valeur, valoriser et reconnaître le travail de celle qui exerce et la soutenir dans son travail. C’est aussi clarifier les exigences de ce rôle « contre-nature » tant ces exigences demandent de connaissances, aussi bien sur les enfants que sur la construction de la parentalité, l’environnement social et les difficultés.

L’autorité parentale ne serait plus ce qu’elle était avec la fleuraison des « enfants-rois », des « enfants-tyrans », ou des « enfants chefs de famille », soit les diverses figures des conséquences de l’absence de limites. Fixer des limites suppose que l’autorité parentale ne soit pas trop pervertie par une dimension d’incertitude, et plusieurs pistes de réflexion sont alors possibles, en lien avec la disparition effective de l’autorité paternelle en tant que telle, malgré la persistance de son inscription symbolique au sein de notre législation familiale issue du Code napoléonien.