Les Etats généraux du travail social ont peu impliqué les travailleurs sociaux. Suite à un projet de fusion des diplômes contesté, le rapport de la députée Brigitte Bourguignon a débouché sur un plan d'action gouvernemental encore imprécis. Le risque d'une réflexion axée exclusivement sur le travail social, dans un contexte de poussée du néolibéralisme, est de négliger la question essentielle qu'est l'action sociale, c'est-à-dire, pour partie, l'articulation entre politiques sociales et travail social.

L’enjeu de cet article revient à montrer que la profession d’assistant social est menacée dans ses fondements philosophiques par la naissance d’un éventuel travailleur social unique et déréglementé. Ce projet représente en effet un affaiblissement de l’idée de profession, c’est-à-dire du rôle politique et démocratique joué par l’assistant social. C’est au contraire dans la réaffirmation d’une posture professionnaliste que repose un renouvellement possible de la profession d’assistant social.

Les Etats généraux du travail social étaient l'occasion d'une refondation de sa fonction et de ses missions dans la perspective de son adaptation aux grands enjeux sociaux qui vont constituer une partie de notre XXIe siècle. Ils n'ont pas été à la hauteur de ce que l'on pouvait en attendre. A cela, plusieurs raisons : l'absence d'un portage politique plus affirmé, la difficulté de se distancier des anciens modèles de l'action sociale publique, l'enfermement du secteur social et médico-social sur lui-même. L'absence de la parole des travailleurs sociaux de terrain aura manqué. Les Etats généraux se sont déroulés sans eux et ont privilégié les postures souvent inconciliables des acteurs institutionnels, qu'ils soient des grandes associations du secteur social ou des collectivités publiques locales. Et pourtant, le travail social est une affaire qui concerne toute la nation. La page d'un travail social adapté aux enjeux du XXIe siècle reste à écrire.