Mon regard de femme sur cette question m’a orientée vers le choix d’une mise en perspective de cette thématique avec la notion de « genre dans le travail social », déclinée autour des nuances entre une relation d’amour et une relation de pouvoir, dans le champ professionnel. Faut-il « aimer » l’Autre pour s’orienter vers le travail social ? Quelle recherche narcissique de reconnaissance ou d’amour sous-tend aussi en partie ce choix d’orientation ? L’amour est une question circulaire. Qu’en est-il du poids des stéréotypes de genre sur le travail des femmes dans l’engagement massif des jeunes filles dans les filières du social ?
La difficulté pour la majorité des travailleurs sociaux à manipuler confortablement ces concepts me paraît prégnante, mais ces diverses thématiques restent pourtant quasi absentes de la formation initiale.

À l’heure de la « jubilation », comme on dit en Espagne, terme beaucoup plus sympathique, pour qualifier la retraite, il semblerait généreux d’oser le récit d’une carrière d’éducatrice spécialisée, afin de transmettre. Au tournant des années 1980, plusieurs facteurs, du désir d’engagement politique et citoyen à des explications plus intimes, permettent de mieux appréhender les motivations premières de l’envie d’exercer ce métier. Engagement humain, savoirs, attitude professionnelle, la pratique éducative semblerait s’accorder avec une démarche artisanale.
Si des contraintes pèsent sur le secteur de l’action sociale et de l’éducation spécialisée, elles ne peuvent en aucune façon remettre en cause la part d’humanité indispensable qui nourrit ce métier d’éducateurtrice.