Article de Blandine PONET, Martine PAGES, Philippe GABERAN
Paru dans la revue Empan (prendre la mesure de l'humain), n° 88, décembre 2012, 152 p..
Mots clés : Travail social, Soin, Accompagnement, Relation d'aide, Prise en charge, Éducation spécialisée, Langage, Vocabulaire, Pouvoir, Création, Créativité, Valeur, Capitalisme, Libéralisme, PRATIQUE DE TRAVAIL SOCIAL
Un langage nouveau étend son emprise sur le champ du soin, du travail social, de l'éducation spécialisée... bref, sur la clinique en général. Un vocabulaire au carrefour de la cybernétique et du néolibéralisme : système à zéro défaut, boucle de rétroaction, procédure, labellisation, certification, etc. La grammaire des nouvelles technologies et la syntaxe du powerpoint. Ce langage culbute les repères des professionnels de l'action sanitaire et sociale, balaie sur son passage les savoir-faire et savoir-être acquis par l'expérience et sape parfois même les valeurs fondatrices de tout un secteur. Ce dernier a longtemps résisté à des changements qui lui paraissent dictés par un capitalisme triomphant. Mais la pression s'accentue et plonge dans le malaise et le mal-être les acteurs de la relation d'aide éducative et de soins. A travers ces bouleversements de la langue qui viennent ravager l'espace du prendre soin, de soi et des autres, c'est bien à la question De quelle humanité voulons-nous ? que nous sommes sommés de répondre.
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Article de Catherine TOURETTE TURGIS, Joris THIEVENAZ
Paru dans la revue Empan (prendre la mesure de l'humain), n° 86, juin 2012, pp. 18-23.
Mots clés : Intervention sociale, Travail social, Exclusion sociale, Dépendance, Soin, Accompagnement, Prise en charge, Relation d'aide, Valeur, Éthique
Notre contribution propose d'interroger la thématique du « bonheur » ou du « souci de soi » du point de vue du patient, de l'usager ou du bénéficiaire des dispositifs d'accompagnement et de soin. Les activités relevant du maintien de soi en vie constituent selon nous un ensemble de pratiques humaines particulièrement riches et fécondes du point de vue des processus expérientiels qu'elles mettent en ouvre. Notre démarche de recherche en intelligibilité propose en ce sens de considérer le « travail de souci de soi du patient » comme une occasion d'apprentissage et de construction de nouvelles connaissances opératoires, susceptibles d'être mobilisées par le sujet et intégrant l'univers des acquis de son expérience.
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Article de Noëlle PORTETS
Paru dans la revue Empan (prendre la mesure de l'humain), n° 84, décembre 2011, pp. 84-89.
Mots clés : Urgence sociale, Souffrance, Souffrance psychique, Valeur, Travail social
Alors que nous vivons un temps où l'urgence est la forme requise pour nos pas et nos corps, l'urgence sociale se dérobe à nos yeux. Malaise des travailleurs sociaux, l'urgence ne se donne pas. Malaise car il s'agit rien de moins que d'évaluer une situation de souffrance dans laquelle une personne peut se trouver : quel taux de crédit nécessite une souffrance pour être jugée recevable ? Malaise car la découverte d'autrui et celle de la mort vont de pair, décousant nos peaux au bord du nu de la vie, charriant avec elle l'ambivalence de nos émotions et de nos sentiments, au risque d'en faire l'épreuve. L'imagination peut alors faire distance entre soi et autrui, procédant par représentation et construction. Elle maintient les sentiments esthétiques (à visée possible de clôture - d'un enjeu de toi à moi) mais les étire vers des sentiments moraux (à visée d'universalité - du rapport de chacun à un nous, collectif). L'imagination ouvre ainsi la visibilité, autrement tempérée, de l'urgence et peut questionner des positionnements professionnels. Plus largement, des médiations sont toujours à penser au quotidien présent des rencontres, pour que des existences puissent conjuguer leur propre futur.
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