PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Cette actualité bibliographique propose un panorama des travaux sur la désistance, en puisant notamment dans la sphère anglo-saxonne. Après un rappel de la généalogie de la notion et une revue des auteurs les plus centraux, l’article explore ses principales tendances théoriques pour discuter leurs transferts potentiels dans le soutien aux processus de sortie. Une présentation des pistes de recherche les plus récentes et des premières perspectives comparatives complète ce tour d’horizon. En conclusion, on énumère les précautions inhérentes à l’étude d’un tel processus de changement ainsi que les prolongements potentiels qu’elle réserve.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 46, n° 4, 2022/4, pp. 489-518.
Mots clés : Justice-Délinquance, Justice des mineurs, Délinquance, Délinquance juvénile, Travail social, Travailleur social, Enfance en danger, Enfermement, CER, Valeur, Valeur sociale, Norme, Déviance, Droit pénal, Brésil
Au Brésil, la privation de liberté des mineurs condamnés par la justice est encadrée par des normes de droit international, qui visent à mettre en œuvre des politiques respectueuses des droits humains et des pratiques éducatives. Dans ce cadre, les « petits fonctionnaires » de la justice des mineurs en milieu fermé, les travailleuses sociales et les surveillants, responsables du volet éducatif de la sanction, sont les principaux responsables de la mise en œuvre de ces principes. Une enquête de terrain, menée dans deux établissements de privation de liberté de Rio de Janeiro, au plus près des pratiques de ces deux groupes professionnels, montre l’écart entre les référentiels éducatifs inscrits dans le droit et les référentiels pratiques mobilisés par les acteurs du terrain. Pris dans un système d’opposition lié à ces ethos divergents, l’ancrage tantôt sécuritaire, tantôt bureaucratique de leurs pratiques manifeste une appropriation contrastée de la réforme de la justice des mineurs, à l’heure d’un tournant sécuritaire au Brésil.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 45, n° 4, décembre 2021, pp. 519-550.
Mots clés : Justice-Délinquance, Justice des mineurs, Justice, Délinquance juvénile, Délinquance, Droit pénal, Infraction, Inégalité, Jeune en difficulté
L’examen d’un corpus de 509 dossiers judiciaires, volet statistique d’une enquête ethnographique sur les parcours pénaux de jeunes poursuivi·e·s en France, permet de questionner l’articulation entre l’ancrage social de la pénalité et ses formes temporelles. La justice pénale des mineur·e·s présente ainsi deux niveaux de sélectivité sociale. Si elle concerne massivement des foyers populaires, seuls ceux en situation de désaffiliation sont surreprésentés au sein de la population pénale étudiée. La segmentation de l’appareil judiciaire redouble ensuite ce premier degré de sélectivité : les jeunes des ménages les plus intégrés à la société salariale font l’objet de médiations pénales plus légères, quand les plus précaires éprouvent les formes judiciaires les plus contraignantes.
Article de Laurent Mucchielli, Grégory Salle, Sylvain Barone, et al.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 43, n° 4, décembre 2019, pp. 469-623.
Mots clés : Justice-Délinquance, Environnement, Criminalité, Pollution, Sociologie, Justice, Droit pénal, Maladie professionnelle, Risque professionnel, Victime, Travail, Sanction pénale, Responsabilité, Enquête, Milieu naturel, Commerce, Illégalité, Recherche en sciences sociales, Délinquance, Délit, Culture, France, Italie, Espagne, Mexique, Afrique, Asie
Les problèmes soulevés dans ce numéro spécial font écho aux débats qui occupent la sociologie du crime et la criminologie critique anglophone depuis près d’une trentaine d’années. Ils commencent seulement à faire l’objet d’investigations en France, où l’on peine à sortir d’une phase où les « scandales » politico-médiatiques tendent probablement à polariser des attitudes opposées de dramatisation et d’euphémisation...
Dans cet article, il s’agit de s’interroger sur une nouvelle forme de cybercrime : l’humiliation sur Internet. Définie comme l’atteinte à la dignité de la personne par l’image, celle-ci tend à toucher toutes les tranches de la population. Or, si la cyberhumiliation présente les mêmes caractéristiques que l’humiliation traditionnelle, Internet semble y ajouter de nouveaux éléments et notamment l’impossibilité de répondre à l’affront. À partir d’un terrain effectué avec des jeunes adultes, il s’agit ici de cerner les visions liées à l’humiliation numérique et d’identifier les moyens employés par les individus en vue de se protéger d’une telle déviance. Nous verrons que l’émergence de ces stratégies individuelles n’est en fait que la conséquence de l’inefficacité des moyens préconisés par les autorités en vue d’éradiquer cette cyberdélinquance.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 41, n° 2, juin 2017, pp. 167-201.
Mots clés : Justice-Délinquance, Criminologie, Sociologie, Biologie, Recherche en sciences sociales, Analyse de contenu, Discours, Théorie, Courant de pensée, Justice, Criminalité, Déviance, Délinquance, Bourdieu (Pierre), Etat unis
Cet article analyse la criminologie biosociale états-unienne, domaine de recherche cristallisé dans les années 2000, à l’aune de la théorie du champ de Bourdieu. Mêlant variables biologiques et sociologiques, le mouvement biosocial propose une science du crime étendue aux comportement antisociaux. Criminologie controversée, elle est l’œuvre principale de chercheurs qui se trouvent dominés au sein d’un champ criminologique fortement marqué par la sociologie. Bien qu’hétérogène, ce courant de recherche est généralement identifié à une minorité bruyante d’universitaires issus de facultés de criminologie et de justice criminelle peu prestigieuses. Une analyse des discours et pratiques de cette minorité bruyante permet de mettre à jour toute une panoplie de stratégies plus ou moins subversives vis-à-vis de la socio-criminologie dominante et destinées à augmenter leur volume de capital scientifique et académique.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 40, n° 1, mars 2016, pp. 25-50.
Mots clés : Justice-Délinquance, Territoire-Logement, Contrôle, Vidéo, Milieu urbain, Rôle, Sociologie, Interaction, Délinquance, Sécurité, Évaluation
Le fort développement de la vidéosurveillance dans l’espace public, en France, à partir des élections présidentielles de 2007, n’a pas fait l’objet d’évaluations scientifiques. Cet article propose une étude de cas et un travail de terrain dans une petite ville dotée d’un système de vidéosurveillance considéré comme exemplaire par les pouvoirs publics locaux. L’étude montre que la vidéosurveillance n’assure ni prévention ni dissuasion des actes de délinquance et qu’elle n’a globalement aucun impact sur le niveau de la délinquance enregistrée. L’étude illustre également le phénomène de déplacement des problèmes. Elle permet ensuite de mesurer la contribution de la vidéosurveillance au travail de police judiciaire, montrant que cette contribution est réelle mais limitée. Au final, la vidéosurveillance apparaît essentiellement comme un outil municipal de gestion urbaine de proximité, qui n’a que peu de rapport avec la politique locale de sécurité et de prévention. L’auteur analyse alors les ressorts politiques du succès de cette technologie, montrant qu’elle a constitué une ressource politique tant pour le gouvernement qui a décidé d’inciter à sa généralisation que pour les élus locaux désireux d’afficher une action dans le domaine, le tout en lien avec le fort développement des industries de la sécurité.