PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Article de Tristan Renard, Mathilde Coulanges, Jean Marc Joussellin
Paru dans la revue Empan, n° 123, septembre 2021, pp. 13-20.
Mots clés : Justice-Délinquance, Radicalisation, Implication personnelle, Violence, Passage à l'acte, Psychopathologie, Religion, Terrorisme, Récit de vie
Peut-on penser la problématique des radicalités sans tomber dans des jugements normatifs (« la radicalité, c’est mal ») ? Comment penser le lien potentiel entre radicalité et violence ? L’objet de cet article est de présenter la trajectoire de construction du champ d’intervention de l’équipe du CRESAM-Occitanie qui a consisté à questionner la problématique de la radicalisation autour des notions de radicalités, violences extrêmes et configurations.
Lara attend un bébé alors qu’elle est hospitalisée en psychiatrie et radicalisée. Il existe un risque de fugue à la maternité. Comment préparer cette naissance tout en gardant une approche clinique et mesurée, malgré la pression et les angoisses ? S’il était certain dans cette histoire que nous devions réfléchir à un dispositif permettant de protéger la mère et l’enfant, nous nous questionnons sur la place qu’ont pris les différents enjeux sociétaux et sécuritaires, nous éloignant de notre rôle de soin. Nous partageons ici nos questionnements et nos doutes.
À l’heure où dominent, dans une grande partie du monde, les libéralismes économiques et politiques, à une époque marquée par la pandémie mondiale, Rocco Femia s’interroge sur le concept de radicalité en remontant à sa racine : le choix de la profondeur dans l’appréhension des choses, de l’engagement sans faille dans les idées. En parcourant l’histoire économique du monde occidental depuis le second après-guerre, en faisant appel à certains philosophes et penseurs des XXe et XXIe tels que Karl Marx, Hannah Arendt ou encore le pape François, tout en mobilisant des écrits aussi anciens que les Évangiles, Rocco Femia, dans ce texte, donne de la radicalité une définition presque programmatique.
La radicalité, conçue comme une forme d’engagement exclusif, agonistique et parfois violent en faveur d’une cause valorisée, est saisie dans la diversité des domaines où elle apparaît : religion, politique mais aussi idéal artistique, souci de pureté corporelle incluant le véganisme et la confiance aveugle dans les médecines parallèles. Ce large spectre conduit à la considérer comme un phénomène somme toute banal. Elle est ici examinée dans la perspective d’une épistémologie critique (quels sont les types de croyances et de rapports à la vérité qui la rendent probable ?), une sociologie de sa capacité mobilisatrice à travers les figures du héros, du saint, du martyr et leur reconnaissance au sein d’un groupe d’élus. Un dernier point est consacré à des « radicalités émergentes » et à leur place dans la construction des personnes sur le plan identitaire et axiologique.
Cet article traite du phénomène dit de « radicalisation », dans un environnement spécifique : la France. À l’expression « radicalisé », mot enfermant, les auteurs préfèrent celle de « mal converti », s’inspirant de Freud qui parle des « mal baptisés », diagnostic d’un enfermement. Avec les progrès du néolibéralisme, qui engendre une désaffection du sens, nous nous trouvons, semble-t-il, devant une impasse : le choix entre une religion de la laïcité ou un appel au religieux sous une forme radicale. Ainsi, à partir de quelques aspects : la déculturation, la laïcité, la marginalisation, le lien social, l’article vise à saisir la raison de cette conversion.
La « radicalisation djihadiste » reste un sujet d’actualité brûlant, en ce milieu d’année 2016. Ce phénomène interpelle de nombreux spécialistes, parmi lesquels les sociologues, qui ont mis en évidence une diversification des méthodes de recrutement terroriste ces dernières années. Un nouveau profil de jeunes « radicalisés » émerge : celui de jeunes de classe moyenne, sans origine musulmane, qui se convertissent à l’islam avant de s’engager radicalement pour certains d’entre eux, venant ainsi rompre avec leur filiation.