PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Cet article s’intéresse à la manière dont les agents de surveillance communautaire construisent leur compétence relationnelle au sein d’un système doté de contraintes. À partir d’une analyse des autorisations de sorties données dans le cadre d’une assignation à domicile au Québec, l’article cherche à comprendre comment les agents gèrent la tension entre contrôle et aide inhérente à la peine d’emprisonnement avec sursis et comment ils intègrent les contraintes du système à leur prise de décision. Les résultats montrent que les autorisations peuvent être utilisées comme outil d’intervention, de collaboration ou de réinsertion sociale. Ils soulignent également que si les pratiques des agents s’inscrivent dans le cadre d’un système fondé sur la gestion des risques, elles évoluent au fil des relations avec les contrevenants, et sont susceptibles d’être infléchies par la confiance qui se crée entre l’agent et le contrevenant.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 38, n° 3, pp. 311-337.
Mots clés : Délinquance juvénile, Police, Interaction, Relation, Sanction pénale, Territoire, Corruption, Violence, Sociologie, Entretien, Récit de vie, BRESIL
L'objectif de cet article est de rendre compte des interactions entre policiers et jeunes mineurs engagés dans des activités délinquantes dans deux grandes métropoles brésiliennes (Belo Horizonte et Rio de Janeiro), sur la base des récits que ces derniers ont produits durant des entretiens biographiques. Trois dimensions se sont révélées pertinentes pour faire sens des expériences racontées par les jeunes interviewés : le statut du jeune (âge, sexe, degré d'engagement dans la délinquance), le fonctionnement de la police brésilienne (notamment les pratiques extra-légales) et les logiques territoriales (favela versus centre-ville). Nos résultats permettent de mettre à jour la manière dont des logiques structurantes (normes légales en matière de justice juvénile, organisation du trafic de drogue, priorités de l'intervention policière) se combinent et produisent des effets complexes sur les relations entre les jeunes et la police.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 37, n° 2, pp. 181-205.
Mots clés : Éducation, Sociologie, Valeur, Modèle, Famille, Relation, École, Enseignant, Professionnel de l'enfance, EDUCATEUR
Selon de nombreux sociologues, on assiste depuis 1970 à un mouvement de transformation des moeurs familiales caractérisées par l'émergence à la fois d'un nouveau régime familial (une famille « relationnelle » basée sur une forte affectivité où chaque partenaire jouit d'une grande autonomie) mais aussi d'un nouveau modèle de savoir éduquer (fondé sur une autorité plus souple, négociée entre parents et enfants). Or, du fait de leur diffusion sociale inégale, ces transformations des moeurs alimentent des malentendus, dans la rencontre qui se noue au quotidien entre professionnels de diverses instances éducatives et certaines familles populaires à faible capital scolaire. En se basant sur divers matériaux (entretiens qualitatifs, analyse de dossiers), cet article vise à mieux comprendre ceux-ci en montrant ce qu'ils doivent à la position sociale des acteurs en question.
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 53, n° 1, janvier-mars 2012, pp. 3-33.
Mots clés : Collectivité territoriale, Enseignement supérieur, Déconcentration, Région, Recherche, Organisation, Relation, État, Territoire, Partenariat, Financement, EUROPE, Sociologie, EUROPE
En prenant le cas d'un service déconcentré du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche - les Délégués régionaux à la recherche et à la technologie (DRRT) -, l'article analyse les restructurations qui marquent, depuis le début des années 1980, la relation entre l'Etat et son territoire et leurs effets sur l'appareil bureaucratique étatique. Alors que les DRRT sont créés en 1981 pour promouvoir de nouveaux partenariats avec les acteurs locaux, ils sont progressivement marginalisés du gouvernement des politiques de recherche et d'innovation. L'implication croissante des collectivités locales et le recours de plus en plus fréquent à des appels à projets compétitifs par l'Etat aboutissent à organiser de manière directe les relations entre le centre étatique, les élus locaux et les représentants du monde académique. Seule la gestion de certains fonds européens est favorable aux DRRT. Le gouvernement des politiques de recherche et d'innovation témoigne donc de phénomènes de retrait et de réinvestissement des territoires : si l'Etat s'appuie de plus en plus sur les collectivités locales, des structures et des projets territoriaux pour piloter ces politiques publiques, c'est cependant en désinvestissant ses services déconcentrés, qui ne jouent plus un rôle de médiation entre le centre étatique, le personnel politique et la communauté académique locale.
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 53, n° 1, janvier-mars 2012, pp. 61-93.
Mots clés : Vote, Sociologie, Entretien, Groupe, Recherche en sciences sociales, Comportement politique, Influence sociale, Relation, Lien social, Environnement social
Distincts des focus groups comme des entretiens menés en face à face, les entretiens collectifs in situ n'ont pas encore trouvé leur place dans le répertoire des outils à la disposition des chercheurs en sciences sociales. A partir d'une expérience de recherche en sociologie électorale, notre objectif est ici de souligner la spécificité des données produites dans ce cadre et leur particulière adéquation à la prise en compte des déterminants contextuels des comportements individuels. Interrogés ensemble dans les espaces où ils ont l'habitude de se retrouver, les conjoints, les amis, les collègues, les voisins assument dans les entretiens collectifs des comportements politiques qu'ils taisent dans d'autres situations d'enquête. Mais ils donnent aussi et surtout à voir les relations qu'ils entretiennent entre eux et les processus d'influence, de pression, d'entraînement électoral qu'elles peuvent alimenter. On dispose donc là d'un instrument adapté à la compréhension de ce que recouvre notamment, aujourd'hui, la dimension collective de l'acte de vote.
Cet article étudie le processus de régulation sociale du marché de l'investissement dit socialement responsable (ISR). Ce marché récent et original mélange principes financiers et principes extrafinanciers liés au « développement durable ». L'analyse de son histoire et de ses structures relationnelles révèle que ses membres doivent choisir entre deux conceptions de leur activité : ce marché comme une niche d'investissement ou ce marché comme un lieu de création d'une nouvelle technique qui pourrait à terme être élargie à toute la finance classique. Plutôt porté originellement vers une vision de niche d'investissement, nous montrons comment la vision plus élargie de l'ISR a finalement réussi à s'imposer. Les ressources sociales des chantres de cet élargissement ont été déterminantes, notamment leurs relations non fonctionnelles, mesurées par les réseaux d'amitié. Celles-ci ont joué un rôle singulier dans le processus de régulation. En effet, des barrières informelles se sont peu à peu dressées à l'entrée du marché de l'ISR, qui pourtant semblait à l'origine être un milieu très ouvert. Nous montrons donc que, dans un milieu interorganisationnel ouvert, l'amitié crée une clôture permettant à un sous-ensemble de membres du milieu considéré de sélectionner les véritables participants au processus de régulation de l'action collective, et du même coup d'en exclure les autres.
Article de Emmanuel LAZEGA, Lise MOINIER, SNIJDERS, et al.
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 49, n° 3, pp. 463-637.
Mots clés : Réseau, Sociologie, Relation, Échange, Modèle, Théorie, Système, Interaction, Norme, Groupe, Hiérarchie, Régulation sociale, Influence sociale, Comportement, Étude de cas, Chercheur, Savoir, Sémantique, Concept, Recherche, Science, Création d'entreprise, Individu, COMPLEXITE, SNIJDERS (TOM A. B.)
Les articles proposent, chacun à sa manière, l'exploration de données de réseaux longitudinales pour une meilleure compréhension de cette dynamique et par une meilleure maîtrise de cette complexité. Cette approche permet de tester simultanément plusieurs hypothèses concurrentes et d'observer la coévolution des comportements, des normes et des réseaux (...) Tous les articles de ce numéro spécial accordent cette place privilégiée au temps dans l'étude des systèmes complexes d'échanges et d'interdépendances. Au travers de ces explorations, les lecteurs pourront faire le point sur les progrès actuels des méthodes appliquées d'analyse de données relationnelles longitudinales, sur leur capacité à examiner ces coévolutions et sur la lumière qu'ils jettent sur les processus sociaux.
Cette étude examine les processus de sélection et d'influence liés à l'engagement scolaire et au comportement délinquant dans les relations d'amitié chez les adolescents. Nous appliquons des modèles d'analyse de réseaux dynamiques (Snijders, Steglich et Schweinberger, 2007) examinant la coévolution des comportements et des réseaux à un échantillon longitudinal de jeunes suédois (n = 445) observé pendant cinq ans. Les résultats indiquent que les choix des jeunes sont caractérisés par un fort niveau de réciprocité, de transitivité, d'homophilie de genre et d'homophilie fondée sur des niveaux semblables d'engagement scolaire et de comportement déviant. Des effets d'influence indiquent que les jeunes adoptent les comportements déviants de leurs amis. Le niveau d'engagement scolaire permet de prédire des changements dans le comportement déviant et ce dernier permet en retour de prédire une évolution dans l'engagement scolaire.
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 49, n° 3, pp. 559-583.
Mots clés : Socialisation, Sociologie, Réseau, Sociabilité, Relation, Rôle, Jeune, Changement, Influence sociale, Identification, Jeune majeur
Les processus de socialisation et les modes de sociabilité sont étroitement liés. Les réseaux personnels et leurs dynamiques donnent une image des inscriptions sociales à l'oeuvre. L'entrée dans la vie adulte s'accompagne de mutations importantes à cet égard. Les réseaux personnels évoluent profondément et interviennent par ailleurs sur les orientations des individus par les conseils et les influences parfois dissonants qu'ils proposent. A partir d'une enquête longitudinale qui suit un panel de jeunes depuis plus de dix ans, nous explorons les rapports entre l'évolution des réseaux personnels et les cheminements vers la vie adulte. L'identification d'« autrui significatifs », des raisons de leurs influences postulées, ainsi que l'étude des évolutions de leur centralité dans le réseau personnel permettent de dégager différentes logiques de sélection, d'influence et de composition qui contribuent conjointement à la dynamique des réseaux et des processus de socialisation.
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 49, n° 3, pp. 613-637.
Mots clés : Relation professionnelle, Sociologie, Réseau, Relation, Relation interpersonnelle, Sélection, Cognition, Modèle, Théorie, Interaction, Travail, Bien-être, CAPITAL SOCIAL, CONFIANCE
Nous estimons que les explications sociologiques proposées dans le cadre du capital social pour expliquer le bien-être individuel sont incomplètes car elles ne font pas de distinction entre les mécanismes d'influence interpersonnelle et de sélection d'une part, et les processus cognitifs intrapersonnels d'autre part. Dans ce but, trois modèles théoriques de l'interaction dynamique entre la confiance interpersonnelle et la satisfaction au travail servent à élaborer et à tester empiriquement six hypothèses. (...) Les données du réseau social longitudinal intra-organisationnel d'une société d'hébergement néerlandaise (n = 57) sont utilisées pour tester simultanément ces six hypothèses. Nous constatons un effet de contamination significatif, mais rien ne vient appuyer l'effet de popularité ni aucun des effets de sélection. De plus, contrairement à nos attentes, les employés dont le degré de satisfaction au travail est faible sont nettement plus susceptibles de développer des relations de confiance envers les autres.