Article de Frédérique Giuliani
Paru dans la revue Sociétés et jeunesses en difficulté, n° 22, printemps 2019.
Mots clés : Enfance-Famille, Enfant maltraité, École, Enseignant, Protection de l'enfance, Éducation familiale, Signalement d'enfant, Suisse
Depuis le milieu des années 2000, la « lutte contre les maltraitances infantiles » constitue l’une des priorités du département de l’Instruction publique d’un canton de Suisse romande. En l’espace d’une dizaine d’années, des transformations juridiques et institutionnelles ont accompagné d’importants changements dans les représentations des professionnels de l’éducation à l’égard de la maltraitance infantile et les pratiques sociales à son encontre. La présomption de maltraitance ou de négligence familiales constitue désormais une catégorie de pensée régulièrement mobilisée par les enseignants et non-enseignants lorsqu’ils ont à interpréter les problèmes d’apprentissage ou de comportement de certains élèves. L’étude de ce contexte de soupçon est au cœur de cet article, lequel se donne pour tâche d’éclairer la façon dont le mandat de « lutte contre la maltraitance » confié aux acteurs scolaires oriente leur perception des familles et colore les relations qu’ils établissent avec elles. Dans un premier temps, en mobilisant certains apports de la théorie de la valuation formulée par Dewey d’une part, et le concept d’« Umwelt » forgé par Goffman d’autre part, l’analyse met en évidence la façon dont la procédure officielle de prévention des risques de négligence/maltraitance a pour effet de modifier le « système d’alarme » des professionnels et leur évaluation des situations familiales. Dans un second temps, elle montre que, dans ce contexte de soupçon, l’identification dont font l’objet les familles dépend beaucoup de leurs compétences interactionnelles, et notamment du contrôle qu’elles exercent (ou pas) sur les informations sociales communiquées aux professionnels.
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Article de David Lafortune, Sophie Gilbert, Geneviève Lavallée, et al.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LX, n° 1, juin 2017, pp. 115-144.
Mots clés : Enfance-Famille, Généalogie, Recherche-action, Maltraitance, Adulte en difficulté, Enfant maltraité, Soutien à la parentalité, Génogramme, Canada
Les cliniciens confrontés aux parents en difficultés psychosociales témoignent régulièrement d’un sentiment d’impuissance à modifier les cycles (souvent générationnels) de la maltraitance infantile, soulevant ainsi leur besoin d’être davantage outillés. Spécifiquement, certaines caractéristiques de la clientèle posent des entraves singulières au processus de changement, telles qu’une demande d’aide lacunaire, un accès limité au monde intrapsychique (préférant l’agir ou le déni), ou l’aspect figé et hermétique du discours porté sur les difficultés personnelles et familiales. Une recherche-action permit l’utilisation – supervisée – du génogramme libre dans l’intervention menée auprès de huit jeunes mères en difficultés. L’analyse qualitative conceptualisante des données illustre le potentiel projectif et thérapeutique de ce dispositif, révélant au parent les attentes affectives et les conflits non-résolus agissant à son insu dans les liens générationnels, tout en amorçant en lui une dialectisation du discours figé et fataliste auparavant porté sur la filiation.
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