PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Cet article étudie les trajectoires de pauvreté dans la France des deux premières décennies du XXIe siècle, afin d’élargir l’analyse de la pauvreté au-delà de la disqualification sociale et de l’assistance. En exploitant le volet longitudinal à neuf années de l’enquête Insee « Statistique sur les ressources et les conditions de vie » (« SRCV », 2004-2019), il montre la pertinence d’une appréhension de la pauvreté sous l’angle des trajectoires, soit un prisme d’analyse jusqu’ici peu utilisé, en particulier pour le cas français. Or, cette perspective permet d’abord de relever que de l’ordre de 30 % de la population connait au moins un épisode de pauvreté monétaire au cours des neuf années de suivi. Elle conduit ensuite à identifier deux grands types de trajectoire : d’une part, une pauvreté transitoire marquée par un bref passage dans une situation en dessous du seuil de pauvreté monétaire et, d’autre part, une pauvreté chronique qui prend un caractère plus durable et profond. Ces deux formes de pauvreté recouvrent des déterminants différents, que l’article précise : la pauvreté chronique renvoie à des facteurs structurels, tandis que celle transitoire est liée à des évolutions conjoncturelles, en particulier à la situation sur le marché de l’emploi. L’approche dynamique est donc indispensable pour montrer comment la pauvreté recouvre des trajectoires et des profils très différents, pour en donner des ordres de grandeur quantifiés et pour mieux en comprendre la pluralité des expériences.
Paru dans la revue Sociétés et jeunesses en difficulté, n° 27, printemps 2022.
Mots clés : Jeunesse-Adolescence, Jeune, Quartier, Récit de vie, Inégalité, Scolarité, Entretien, Recherche, Ile de France
Issu d’une recherche participative collective récente (ANR Pop-Part 2017-21), ce texte porte sur les trajectoires de jeunes de quartiers populaires franciliens. À rebours de la polarisation des regards médiatiques, voire sociologiques, sur deux figures complémentaires des parcours scolaires des jeunes de quartiers populaires, la rareté des trajectoires exceptionnelles redoublant les échecs et difficultés, il s’agit ici de mettre en évidence l’hétérogénéité des trajectoires sociales et scolaires dans les quartiers populaires. Dans un contexte de complexification des parcours de transition vers l’âge adulte, qui concerne aussi les jeunes de quartiers populaires, nous interrogeons les manières, socialement situées, dont les jeunes racontent leur parcours. Comprendre l’hétérogénéité des trajectoires implique une approche fine des positions sociales, croisant l’origine sociale, les configurations familiales, le genre, comme les trajectoires migratoires intergénérationnelles ou les pratiques religieuses. La première partie présente quatre manières idéal-typiques de raconter son parcours en entretien, illustrées par plusieurs portraits, qui permettent de faire émerger des contradictions dans le récit, des proximités ou porosités entre les manières de raconter sa trajectoire. La deuxième partie montre les fines différences de position dans l’espace social entre ces jeunes, pour en saisir les effets dans le rapport au monde.
L’objectif de notre recherche est l’analyse prospective des modifications du mythe familial et de la structure de la famille durant la période de la crise du post-partum conduisant à une hospitalisation mère-enfant. Dans la perspective de faire une esquisse du mythe familial, nous optons pour l’utilisation des blasons de famille. Les résultats indiquent que la crise du post-partum nécessitant une hospitalisation conjointe est caractérisée par l’absence de représentations du bébé, du père, des grands-parents, du rôle parental et de la différenciation familiale. L’hospitalisation et le processus thérapeutique périnatal permettent à ces mères d’intégrer des éléments dyadiques dans leur réseau de signifiants familiaux, alors que l’intégration triadique est moins présente dans notre population. Nous avons constaté une amélioration significative des scores de fonctionnement familial dans tous les groupes de diagnostic à la sortie de l’hôpital et six mois plus tard. Les scores relatifs aux relations mère-bébé et aux symptômes se sont également améliorés de manière significative.
L'objectif de notre article est d'enrichir la compréhension de l'évolution de la coparentalité postrupture conjugale. En essayant de comprendre "le rôle de l'enfant dans la qualité de la relation coparentale après la séparation parentale", nous avons analysé le témoignage de huit professionnels habitués à intervenir auprès des familles en situation de coparentalité hautement conflictuelle (HC). L'analyse thématique théorique (Braun et Clarke, 2006) nous a permis d'approfondir nos précédents résultats (Stolnicu et Hendrick, 2019) au regard des connaissances théorico-cliniques mais aussi du savoir d'expérience des experts. Nos résultats visent à promouvoir la conceptualisation des processus familiaux impliqués dans l'évolution de la coparentalité à travers une meilleure compréhension du caractère bidirectionnel des relations parents-enfants.
L'accueil constitue l'amorce de tout processus thérapeutique. Cet instant fugace convoque les espoirs et les craintes des protagonistes de la relation de soin, mobilise les préjugés, amorce la dynamique transférentielle, provoque - ou pas - les résonances, et ouvre ou ferme les portes d'une possible rencontre. Malgré toute l'importance de ce premier instant qui balisera la rencontre, l'accueil fait relativement peu l'objet d'études approfondies. Notre recherche part de la question suivante : "Qu'est-ce qu'accueillir dans le champ de la santé mentale ?". Elle vise à proposer une conceptualisation en explorant le sens donné par des professionnels au sein de services d'urgences psychiatriques. L'analyse par théorisation enracinée (Glaser et Strauss, 1967) a permis de dégager quatre catégories conceptuelles : (1) processus singulier ; (2) intentionnalité ; (3) entre je(u) ; (4) ritualisation de l'accueil.
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 42, n° 3, septembre 2021, pp. 203-223.
Mots clés : Enfance-Famille, Divorce, Séparation, Recherche, Approche historique, Famille recomposée, Idéologie, Déviance, Littérature, Beau-parent, Relation enfant-parents, Approche clinique
"De la déviance à la variance", nous empruntons cette formule à Neyrand (2001) parce qu'elle résume en quelques mots l'évolution de la recherche à propos des foyers post-divorce. Elle-même, sans aucun doute, tributaire de l'évolution sociale. Nous proposons ici de discuter les grandes tendances qui ont fait la recherche sur les foyers post-divorce depuis la seconde moitié du XXe siècle jusqu'à nos jours. Après avoir connu une mise en avant des déviances de ces foyers, il est aujourd'hui essentiel d'en comprendre les variances. Au passage, nous questionnons ici la perte de sens de l'approche par comparaison déficitaire et le danger des recherches issues de la clinique.
Notre équipe a mis en place il y a quelques années une recherche visant à évaluer l’effet thérapeutique de pratiques de réflexivité, standardisées sous forme d’une interview réflexive semi-structurée (cf. Auberjonois et al., 2011). Dans ce texte, nous souhaitons rendre compte de la manière dont la pratique de cette interview a été vécue par les thérapeutes impliqués dans la recherche. Pour ce faire, nous nous appuierons sur les données d’une séance de focus group réalisée avec ceux-ci. Nous souhaitons également suggérer, au travers d’un bref rappel historique, que le questionnement sur la réflexivité en thérapie, bien que promu et souvent associé au courant dit « postmoderne », est présent dès les origines des thérapies familiales systémiques.
Article de Olivier Vallerand, Amélie Charbonneau, Kévin Lavoie, et al.
Paru dans la revue Les Politiques sociales, n° 1 & 2, juin 2020, pp. 117-127.
Mots clés : Action sociale : histoire et perspectives, Intervention sociale, Genre, Atelier, Recherche, École, Évaluation, Qualité, Montréal
Depuis 1994, le Groupe de recherche et d’intervention sociale de Montréal (GRISMontréal) réalise des ateliers de démystification de la diversité sexuelle et de genre dans les écoles primaires et secondaires. L’expérience acquise avec le temps et les recherches menées par l’organisme ont permis d’améliorer sa méthode d’intervention, entre autres en outillant ses bénévoles afin que leur intervention mette davantage l’accent sur la déconstruction des stéréotypes de genre. En utilisant l’exemple de l’évaluation qualitative d’un projet de semaine d’activités pour les écoles primaires, cet article présente comment l’organisme utilise la recherche communautaire afin d’adapter son travail aux besoins des populations rencontrées.
Paru dans la revue Les Politiques sociales, n° 1 & 2, juin 2020, pp. 77-89.
Mots clés : Action sociale : histoire et perspectives, Dynamique de groupe, Coopération, Chercheur, Recherche, Profession médicale
Cet article rend compte d’une démarche de recherche collaborative et de ses effets transformateurs, engagée depuis huit ans de manière participative et continue avec plusieurs groupes composés de professionnels de la santé répartis sur le territoire français. Notre étude montre que les interactions entre les membres des équipes de recherche et avec leur objet constituent une source d’apprentissage combinant de manière transformatrice la dialectique engagement et distanciation (Elias, 1983). La dynamique des groupes de recherche s’apparente à celle des communautés de pratique (Wenger, 2005), où l’interaction entre pairs est une source d’apprentissage. Nous pouvons dès lors comprendre la manière dont le collectif, qui réinvente sans cesse sa propre organisation, développe une activité transformatrice de ses membres et de lui-même.
A la recherche des interactions qui pourraient être décisives pour le développement ou non de psychopathologie et à la recherche de comment modifier ce sort, des concepts fondamentaux de la systémique sont soumis à la démarche de déconstruction et sont confrontés aux concepts de philosophes récents tels que Lacan et Žižek. Le désaveu-exclusion est mis en avant comme concept clé. Il passe facilement inaperçu, il perturbe le moment structurant de l’Œdipe et a un effet destructeur pour le développement psychique et les interactions futures. Il ouvre aussi des possibilités psychothérapeutiques en confrontant le thérapeute à un choix éthique.