PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
L’adoption internationale connaît de profondes mutations ces vingt dernières années qui entraînent une évolution des enfants en attente d’une famille. Ces enfants, désormais en majorité à « besoins spécifiques » présentent un parcours avant adoption plus à risque de présenter des expériences douloureuses. L’objectif de cette étude est d’explorer l’influence des représentations parentales de l’histoire pré-adoptive d’adolescents adoptés à l’internationale sur la parentalité et la construction familiale. 6 entretiens semi-structurés ont été menés auprès de parents d’adolescents âgés entre 12 et 20 ans. La méthode utilisée est une analyse qualitative phénoménologique des entretiens (Interpretative Phenomenological Analysis). Trois thèmes principaux en lien avec la question de l’histoire pré-adoptive ont été dégagés : les empreintes de l’histoire pré-adoptive, la réactualisation du rapport aux origines avec l’adolescence, la transformation du parent avec l’histoire pré-adoptive. La parentalité n’est pas innée, elle se construit depuis la rencontre des histoires parentales et infantiles. Les récits de ces parents nous permettent d’observer l’enjeu filiatif pour un parent adoptif de devoir composer avec l’histoire des origines. Si ce passé avant adoption est perçu comme menaçant voire traumatique, cela renvoie au parent un sentiment d’étrangeté et rend difficile l’identification à son enfant rescapé. Ce vécu est exacerbé à l’adolescence où les fantômes du passé sont invoqués et figent le parent tandis que le jeune souffre de ses blessures précoces dans son processus d’individuation. Avec l’adoption, c’est une troisième histoire qui s’écrit, celle de la famille adoptive avec une mise en récit commune. Le parent en tant que porteur d’histoire compose avec les premières lignes de la vie de son enfant pour leur donner un sens singulier qui soit représentable pour toute la famille.
Article de John Rideau, Laelia Benoit, Alexandre Michel, et al.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXV, n° 1, janvier-juin 2022, pp. 127-146.
Mots clés : Enfance-Famille, Enfant placé, Famille d'accueil, Jeune enfant, Attachement, Affectivité, Image de soi, Étude de cas, Reproduction sociale, Témoignage, Abandon, Filiation
Cette étude qualitative explore les représentations de liens familiaux d’adultes qui ont été placés avant trois ans et jusqu’à leur majorité, et qui ont été accueillis en famille d’accueil au moins une partie de leur parcours de placement. Les récits biographiques de treize personnes ont été analysés par recours à la théorisation ancrée, afin de mieux comprendre l’expérience qui consiste à vivre entre deux familles. Les résultats indiquent que lorsqu’ils étaient enfants, leurs liens avec leurs parents étaient marqués par des vécus d’abandon et d’intrusion, du fait de la présence discontinue et des pathologies de leurs parents. Les participants ont longtemps douté de leur place auprès de chacune de leurs familles de référence, et souffrent d’une connaissance lacunaire de leur propre biographie et de leur filiation. Une discussion met en perspective les récits des participants avec la théorie de l’attachement et le concept de filiation, et propose de repenser la double appartenance familiale des enfants placés précocement.
Le refus scolaire anxieux à l’adolescence, défini comme l’impossibilité d’aller à l’école à cause de manifestations anxieuses, est devenu un véritable enjeu de santé publique par son ampleur et par les questions cliniques et sociétales qu’il soulève. L’implication des familles dans les dispositifs de soins est fondamentale. Parmi les dispositifs mettant au cœur de la prise en charge les familles, la thérapie multifamiliale a montré son efficacité pour de nombreux troubles psychiques, comme les troubles du comportement alimentaire, les troubles psychotiques, les troubles du comportement, les addictions, etc.
Après s’être penché sur l’entité clinique que représente le refus scolaire anxieux à l’adolescence et sur les objectifs et postulats de la thérapie multifamiliale, cet article se propose de décrire un nouveau dispositif de soins proposé à la Maison de Solenn-Maison des Adolescents de l’hôpital Cochin : le groupe Multi FAST, dispositif de thérapie multifamiliale centré sur la problématique du refus scolaire anxieux à l’adolescence.
Dans le cadre de cet article les auteurs exposent le fil de leurs études respectives, et parfois communes, qu’ils ont réalisées durant ces quinze dernières années, portant sur différentes configurations d’homoparentalité (parentalité lesbienne, coparentalité, gestation pour autrui pour des pères gays). Plus précisément, les auteurs démontrent, en s’appuyant sur la présentation de vignettes cliniques, comment ils ont abordé l’expérience de la parentalité chez des sujets homosexuels à travers le prisme de réactualisation des conflits intrapsychiques préœdipiens et œdipiens et en recourant aux concepts psychanalytiques de la fonction de tiers, de bisexualité psychique, du fantasme de scène primitive. Cette perspective d’analyse intrapsychique s’inscrit par ailleurs aussi bien dans le lien aux générations antérieures que dans le lien de couple, le lien au tiers de procréation, le lien aux enfants.
L’équipe de consultation d’adoption internationale de la Maison des Adolescents de l’Hôpital Cochin revient dans cet article sur sa pratique de séances par visioconférence avec les familles durant la période de confinement. Les observations cliniques révèlent pour certaines familles une période de régression, vécue comme harmonieuse et nécessaire, permettant le renforcement des liens filiatifs et les identifications réciproques. Les séances en visioconférence représentaient alors un espace intermédiaire entre l’espace familial à proprement parler et l’espace thérapeutique classique. Les situations cliniques marquées par une clinique traumatique importante se sont en revanche avérées problématiques, tant dans le vécu contre-transférentiel de l’équipe thérapeutique que dans leur intérêt clinique. La déstabilisation du métacadre a alors fragilisé la contenance ainsi que la fonction transitionnelle du cadre thérapeutique.
Cette étude avait pour objectif d’explorer les caractéristiques personnelles du parent qui impactent le sentiment de compétence parentale (SCP). Des questionnaires en ligne évaluant le SCP (QAECEP) et le style d’attachement du parent (RSQ), ainsi qu’un questionnaire sociodémographique, ont été proposés à 139 participants issus de la population générale (dont 60 pères). Les parents ayant un style d’attachement insécure rapportent un SCP plus faible que les parents sécures. L’âge des parents et le nombre d’enfants vivant au domicile sont corrélés positivement au SCP. Les parents ayant un style d’attachement insécure sont donc susceptibles de rencontrer plus de difficultés dans la perception de leur rôle parental. Cette étude révèle que, au-delà des caractéristiques personnelles du parent, d’autres variables influencent le SCP. Dans le cadre d’une prise en charge pour difficultés à assumer le rôle parental, il est nécessaire de considérer le style d’attachement du parent et les caractéristiques de l’enfant.
Cet article propose d’explorer le travail psychique mobilisé lors de la grossesse chez les couples de femmes qui ont eu recours à une insémination avec donneur. Si l’assistance médicale à la procréation ne leur est pas autorisée en France, de plus en plus de ces couples ont recours à ces techniques médicales avec un donneur anonyme ou semi-anonyme. À partir d’entretiens de recherche menés auprès de douze couples de femmes, rencontrées à 7 mois de grossesse, en couple et individuellement, nous avons dégagé les représentations de leurs places parentales, ainsi que les processus d’identification à leurs figures parentales, selon qu’elles portent ou non l’enfant. Nous nous sommes également intéressées aux fonctions des mouvements défensifs déployés à l’égard du tiers donneur durant la grossesse, au regard de la construction du lien à l’enfant et de celle du couple parental.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXII, n° 2, juin-décembre 2019, pp. 257-271.
Mots clés : Enfance-Famille, Lien social-Précarité, Précarité, Relation enfant-mère, Pauvreté
Cet article interroge l’influence d’un contexte social spécifique et ses conséquences psychiques chez les parents, sur le déploiement des relations précoces mère-enfants, sur la construction psychique individuelle des enfants en question, et plus largement sur la construction familiale. S’inscrivant dans une approche compréhensive, aucune hypothèse n’a été pré-établie, le but étant, au contraire, de faire émerger des hypothèses de fonctionnement à l’issue de l’analyse des données cliniques. Les données en question ayant été recueillies par une méthode d’observation participante au sein de l’hôpital de jour mère-enfant où sont pris en charge Mme B et son fils Ezra.
Nous nous proposons de décrire le suivi thérapeutique d’une enfant de 15 mois prise en charge dans notre service hospitalier à la suite du meurtre de sa mère par son père. L’accompagnement thérapeutique dans un contexte aussi dramatique (perte brutale des deux figures d’attachement, placement en urgence) soulève des problèmes spécifiques, notamment du fait de l’intensité de la charge émotionnelle et des effets de sidération induits par l’événement traumatique, aussi bien pour l’entourage de l’enfant que pour les thérapeutes eux-mêmes. Le cadre thérapeutique que nous présentons ici, tenant compte de ces spécificités, a permis un travail en direction de l’enfant, portant sur l’intégration de son vécu catastrophique de perte et de rupture. Mais il a également favorisé un travail plus indirect autour des interactions avec le caregiver, en l’occurrence la grand-mère paternelle, elle-même aux prises avec des processus traumatiques. Le processus thérapeutique qui s’est engagé avec la dyade a ainsi ouvert la voie à une possible narrativité.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXII, n° 1, janvier-juin 2019, pp. 207-223.
Mots clés : Enfance-Famille, Parentalité, Maternité, Psychose, Risque, Éthique, Représentation sociale, Résilience, Famille
La parentalité des mères présentant un trouble psychotique demeure peu étudiée et majoritairement considérée dans la littérature francophone du point de vue des facteurs de risque pour l’enfant. À travers une revue de la littérature, cet article propose un nouveau regard face à cette problématique en interrogeant également les facteurs de protection. L’objectif est d’exposer d’une part, les effets délétères de la maladie et les difficultés que les femmes psychotiques rencontrent dans leur parentalité et d’autre part, les facteurs individuels et environnementaux qui peuvent contribuer à les protéger dans leur rôle maternel. Une approche écosystémique, prenant en compte les facteurs personnels et environnementaux, semble la plus adaptée pour comprendre la problématique des mères présentant un trouble psychotique et contribuer à un processus de résilience individuelle ou familiale.